Culture : Des journées internationales en vue de revaloriser le théâtre de marionnettes

08/07/2024 mis à jour: 14:47
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Garagouz, la marionnette du musée Ghanja de Sidi Bel Abbès - Photo : D. R.

Dans le but d’élever le théâtre marionnettique au rang qui lui est dû et le sortir, in fine, de son statut de «semi-professionnel», l’Association nationale des marionnettes, basée à Aïn Témouchent, annonce l’organisation, pour le mois de décembre prochain, des Journées théâtrales internationales dédiées à cet art.

Garagouz, le facétieux personnage de théâtre d’ombre qui, au XIXe siècle, a eu maille à partir avec le pouvoir colonial et qui, de ce fait, l’a interdit, va-t-il retrouver sa place en notre pays ?

Certainement, croit fermement Yacine Tounsi, le président de l’Association nationale de marionnettistes, rencontré à la faveur du festival de théâtre de marionnettes de Témouchent. Il vient d’obtenir le feu vert du ministère de la Culture pour organiser en décembre prochain des journées théâtrales internationales dédiées à l’art de la marionnette.

Ce praticien est l’auteur de spectacles parmi les plus primés en Algérie et celui auquel les théâtres publics font essentiellement appel pour monter leur production dans ce genre théâtral.

Il estime indispensable que la pratique de cet art se mette au diapason de celle qui a cours ailleurs, dans l’excellence : «C’est l’unique genre qui ne tolère pas l’improvisation et exclut à fortiori l’à peu près. En effet, un spectacle de théâtre de marionnettes doit être indispensablement réglé comme un mécanisme d’horlogerie pour produire ses effets».

Très juste, sauf qu’il convient que ce genre théâtral ne continue plus d’exister dans le cadre d’un claudicant statut semi-professionnel, sinon, il persistera à produire d’affligeants spectacles d’animation plutôt que de théâtre, en somme d’avérées insultes à l’intelligence des enfants. 
En outre, si l’art marionnettique végète en notre pays, c’est également parce qu’il est exercé par des praticiens formés exclusivement sur le tas par d’autres praticiens formés eux-mêmes sur le tas.

Le noter, ce n’est pas leur jeter la pierre. Leur pratique verse néanmoins dans l’infantilisation du public juvénile, éclipsée de temps à autre miraculeusement par quelques pépites, indices d’un potentiel à valoriser. En ce sens, Tounsi regrette l’inexistence en notre pays d’une institution de formation en cet art, à l’exemple de ce qu’il en est en Tunisie voisine qui, de plus, lui consacre un couru festival international.

En conséquence, souligne-t-il, ses pairs et lui ont fondé leur association en vue de pallier en partie cet état : «Il faut réaliser une vivifiante jonction avec la pratique marionnettique à l’étranger, elle, si qualitative et si variée». Répondant à ce vœu, le ministère de la Culture vient d’octroyer une subvention à son association, au montant bien chiche, faut-il le noter.

Cela n’a pas découragé notre interlocuteur. Il table obtenir davantage après avoir gagné auprès de lui en crédibilité comme auprès des sponsors, dont les pouvoirs-publics locaux, à Constantine où sera domicilié l’évènement. A cet égard, il indique que les premiers contacts sont prometteurs, s’agissant de contributions en nature pour ce qui est de l’hébergement et de la restauration.

Pour leur part, les adhérents de l’association, au nombre de cinquante répartis en 43 wilayas, mettront gracieusement leurs spectacles à la disposition de l’association qui les placera auprès des institutions théâtrales acquises au projet.

Ces dernières verseront les recettes réalisées au compte bancaire de l’association : «Evidemment, avec les moyens dont nous disposons, nous n’allons pas nous aventurer dans la folie des grandeurs. L’utilité et l’efficacité de chaque action primeront. Le nombre de troupes et de pays invités répondront à ces critères. Ainsi, la première édition va être axée sur la marionnette en général et le théâtre d’objet en particulier». 

Judicieux choix que celui de cette variante marionnettique qui ne recourt pas à des marionnettes traditionnelles, de quelques genres qu’elles soient. En effet, elle utilise des objets de la vie quotidienne en les détournant de leur usage, leur donnant existence en personnages marionnettiques par l’appel l’imagination du spectateur. Transformées alors en effigies rappelant un personnage ou un animal, l’acteur-manipulateur aura à dialoguer et interagir avec durant le spectacle.

De cette manière, la difficulté de fabriquer des marionnettes ne sera pas un écueil, la confection n’étant pas à la portée du premier venu. Elle relève d’une vraie spécialité, ce qui explique le recours en notre pays davantage à d’informes poupées de chiffons ou en éponge, qui n’expriment rien et qu’on agite plutôt qu’on ne manipule : «La première édition ne va pas être dédiée principalement aux représentations. Nous tablons sur deux spectacles pour adultes et trois à quatre pour enfants, des spectacles provenant de l’étranger.

Nous allons renforcer leur nombre par quelques-uns, les meilleurs parmi ceux montés localement. De même, notre action va être centrée sur une formation théorique et pratique dispensée par des spécialistes venant de l’étranger. Elle va porter sur les divers aspects de l’art de la marionnette relativement à la conception, la fabrication et la manipulation».

Fait notable, précise Tounsi, «cette formation ne sera pas gratuite. Elle doit constituer un investissement qui implique le stagiaire et/ou l’institution qui l’emploie s’il s’agit d’un théâtre ou d’une maison de la culture qui veut former des talents dans la perspective de fonder une troupe».

Et Garagouz dans tout cela ? Sa réapparition, et à travers lui celle du théâtre d’ombre qui a existé en premier en notre pays en tant que forme théâtrale, dépendra de la diplomatie culturelle, répond Yacine Tounsi.

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