Crise ukrainienne : Poutine met les Occidentaux en alerte

23/02/2022 mis à jour: 08:41
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Le président russe Vladimir Poutine avec son homologue américain Joe Biden

La tension monte entre la Russie et les pays occidentaux sur l’Ukraine : outre les condamnations, ces derniers ont annoncé hier les premières sanctions contre Moscou suite à la reconnaissance, la veille, par le Kremlin des deux provinces indépendantistes de l’est de l’Ukraine.
 

Ainsi, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a annoncé suspendre l’autorisation du gazoduc Nord Stream II reliant la Russie à son pays. «J’ai demandé au ministère de l’Economie et à l’agence fédérale de certification du projet de suspendre leurs travaux de certification», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin avec le Premier ministre irlandais, Michael Martin. Et d’ajouter : «Nous ne pourrons pas accepter la reconnaissance (des provinces pro-russes), c’est pourquoi il est si important de réagir maintenant et rapidement.» 

Aussi, il a prévenu que «d’autres sanctions» contre la Russie pourraient suivre, en cas d’aggravation de la situation en Ukraine, et a d’ores et déjà averti que l’Union européenne allait adopter des sanctions «massives et robustes». 

En revanche, il a appelé à des efforts diplomatiques entre Occidentaux et la Russie «pour éviter une catastrophe». «C’est l’objectif de tous nos efforts diplomatiques», a-t-il affirmé, relevant que «80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une guerre menace l’Europe de l’Est». La porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a salué sur Twitter la décision de l’Allemagne et assuré que son pays annoncerait ses «propres mesures».

 Quelques heures après le discours de Vladimir Poutine, lundi, annonçant la reconnaissance des deux républiques autoproclamées, Washington a dévoilé les premières sanctions, visant spécifiquement les territoires séparatistes de Donetsk et Lougansk. A travers un décret, le président américain, Joe Biden, a interdit tout nouvel investissement, échange, ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou à l’intérieur de ces régions prorusses. 
 

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions visant trois oligarques réputés proches du Kremlin et cinq banques russes. Les milliardaires visés sont Guennadi Timtchenko, Boris Rotenberg et son neveu Igor Rotenberg, a précisé le Premier ministre, Boris Johnson, au Parlement, avertissant tenir d’autres sanctions prêtes à être introduites avec les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), si l’escalade se poursuit.
 

Pour sa part, l’UE a proposé d’interdire aux autorités russes d’accéder aux marchés et services financiers européens et de cibler les banques finançant les opérations militaires russes dans les régions séparatistes ukrainiennes dont Moscou a reconnu l’indépendance, selon un communiqué de la Commission et du Conseil européens. Ces propositions de sanctions sont soumises à la réunion des ministres européens des Affaires étrangères prévue à Paris.
 

«Situation différente»
En parallèle, le président russe a affirmé ne pas avoir l’intention de reconstituer un empire. «Nous avions prévu qu’il y aurait des spéculations comme quoi la Russie s’apprête à reconstituer un empire», a-t-il déclaré lors d’une rencontre au Kremlin avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et «ce n’est absolument pas la réalité». Il a observé qu’après la chute de l’URSS, la Russie a «reconnu les nouvelles réalités et travaillait activement à renforcer» la coopération avec les autres pays ex-soviétiques, citant en exemple ses voisins, l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan. Selon lui, l’Ukraine est dans une «situation différente», car «le territoire de ce pays est utilisé par des pays tiers pour créer des menaces à l’égard de la Russie».
 

Pour sa part, le Parlement russe a approuvé l’accord signé par Vladimir Poutine prévoyant que la Russie défende les territoires séparatistes d’Ukraine. «La reconnaissance de l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk et la ratification des accords d’amitié, de coopération et d’entraide doivent mettre fin au conflit, à la mort de nos concitoyens vivant là-bas», a déclaré, dans un communiqué, le président de la Chambre basse (Douma), Viatcheslav Volodine. 

Puis, les élus de la Chambre haute, le Conseil de la Fédération, leur ont emboîté le pas. 
Le président russe a ordonné lundi à son armée d’entrer dans les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine après avoir reconnu leur indépendance. Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les «républiques populaires» de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que «les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix». 

Dans une allocution télévisée, le président Poutine a exhorté l’Ukraine de cesser immédiatement «ses opérations militaires» contre les séparatistes, au risque d’assumer «la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang». Il a réitéré ses accusations de «génocide» des Russes et russophones d’Ukraine. 

Aussi, il a présenté cette ex-république soviétique comme un pays artificiel et indissociable de la Russie. Comme il a reproché aux Occidentaux d’«utiliser l’Ukraine», ce qui «représente une menace sérieuse, très grande pour nous». 
 

Les Russes se sont défendus de tout projet d’invasion de l’Ukraine, réclamant l’assurance que Kiev ne rejoindra jamais l’Otan et le retrait de l’Alliance d’Europe de l’Est. Ces décisions signent la fin d’un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, a permis d’atténuer la tension de ce conflit déclenché en 2014 dans le sillage de l’annexion de la Crimée par Moscou.

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