Crise au Niger : Les partisans du CNSP appellent au départ de la France

12/08/2023 mis à jour: 04:28
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La population nigérienne est remontée contre la France

Des milliers de partisans des militaires au pouvoir au Niger, regroupés au sein du Conseil national pour sauvegarde de la patrie (CNSP), se sont rassemblés hier  dans le calme près de la base militaire française à Niamey, en scandant des slogans hostiles à la France. 

«A bas la France, à bas la Cédéao», scandaient les manifestants lors de ce rassemblement qui s’est tenu au lendemain d’un sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ayant donné son feu vert à une possible intervention militaire pour rétablir le président renversé le 26 juillet, Mohamed Bazoum. 
 

Ils ont également brandi des drapeaux russes et nigériens et crié leur soutien aux militaires qui ont pris le pouvoir, en particulier leur chef, le général Abdourahamane Tiani. «Nous allons faire partir les Français ! La Cédéao n’est pas indépendante, c’est une manipulation de la France, il y a une influence extérieure», a déclaré Aziz Rabeh Ali, membre d’un syndicat étudiant soutenant le régime militaire. Depuis leur prise de pouvoir, les militaires nigériens ont pris la France pour cible privilégiée, l’accusant d’être en sous-main à l’origine de la décision de la Cédéao d’activer et de déployer au Niger sa «force d’attente» pour rétablir l’ordre constitutionnel.   
 

Des chefs d’état-major ouest-africains vont se réunir aujourd’hui au Ghana. Les chefs d’état-major de la Cédéao discuteront à Accra, et feront part aux dirigeants de la Cédéao «des meilleures options» quant à leur décision d’activer et de déployer la «force en attente», selon des sources militaires régionales citées par la presse occidentale. Réunis en sommet jeudi en sommet à Abuja, les dirigeants de la Cédéao ont en effet décidé de déployer une «force en attente» pour rétablir M. Bazoum, mais aucun calendrier ni modalités n’ont été dévoilés quant à l’usage possible de la force armée.

 Le président ivoirien Alassane Ouattara a promis jeudi d’envoyer entre 850 et 1100 soldats comme contribution à la force qui, selon lui, devrait pouvoir intervenir «dans les plus brefs délais». Des troupes nigérianes et béninoises doivent également la composer, a-t-il dit.  Hier, les membres du CNSP à Niamey n’avaient pas encore réagi à cette décision. 
 

La Cédéao a toutefois réaffirmé jeudi son espoir d’une résolution par la voie diplomatique.  A l’issue du sommet d’Abuja, le président du Nigeria, Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, a dit espérer «parvenir à une résolution pacifique», ajoutant qu’un recours à la force en «dernier ressort» n’était pas exclu. 

Pour le Norwegian Refugee Council (NRC), «l’escalade militaire ne doit pas pousser le Niger et la région dans une crise humanitaire plus profonde» et «il est encore temps d’éviter une confrontation militaire et de trouver une solution pacifique».
 

La menace d’un recours à la force avait été brandie une première fois le 30 juillet lors d’un précédent sommet de la Cédéao : un ultimatum de sept jours avait été lancé aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum, sous peine d’intervention armée, non suivi d’effet. 

Depuis, les nouveaux maîtres du Niger se sont montrés intransigeants en ayant refusé mardi d’accueillir une délégation conjointe de la Cédéao, de l’Union africaine (UA) et de l’ONU.  Les généraux au pouvoir à Niamey considèrent la Cédéao comme une organisation «à la solde» de la France, ancienne puissance coloniale et alliée indéfectible du président Bazoum. Ils en ont fait leur cible principale depuis qu’ils ont pris le pouvoir.

Juste avant le sommet d’Abuja, les auteurs du coup d’Etat ont également annoncé la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, dans lequel les militaires occupent les postes clés, en particulier ceux de la Défense et de l’Intérieur. 

A signaler que tous les pays d’Afrique de l’Ouest ne sont pas hostiles au nouveau pouvoir nigérien : le Mali et le Burkina Faso voisins ont affiché leur solidarité avec Niamey.  Ils ont même affirmé que si le pays était attaqué par la Cédéao, ce serait «une déclaration de guerre» pour eux. La Russie s’est une nouvelle fois prononcée hier contre toute intervention armée au Niger, estimant que l’usage de la force provoquera une «forte déstabilisation» de ce pays sahélien, où s’est produit un coup d’Etat il y a plus de deux semaines. 

«Nous pensons qu’une voie militaire de résolution de la crise au Niger pourrait conduire à une confrontation prolongée dans ce pays africain ainsi qu’à une forte déstabilisation de la situation dans l’ensemble de la région du Sahara et du Sahel», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.  
 

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