Credit Suisse a jusqu'à lundi matin pour rassurer

18/03/2023 mis à jour: 04:50
AFP
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Credit Suisse doit trouver les moyens de rassurer coûte que coûte les marchés avant leur ouverture lundi matin, même si la deuxième banque de Suisse est l'une des 30 banques au niveau mondial considérée comme trop grosse pour faire faillite. Le silence règne samedi tant du côté de Credit Suisse que d'UBS, le numéro un de la banque helvétique que l'on présente comme le repreneur de choix de tout ou partie de sa rivale, aux yeux de la banque centrale et du gendarme des marchés financiers, tout aussi discrets. Le marché suisse ouvre à 08H00 GMT lundi et si rien ne vient convaincre les investisseurs qu'une bonne solution est trouvée pour un établissement qui est considéré comme un maillon faible, il risque de connaître une journée encore plus noire que le mercredi 15 mars. L'action avait touché un plancher historique de 1,55 franc suisse (1,56 euro) et à la clôture la valorisation boursière de Credit Suisse était à peine de 7 milliards CHF. Alors comment rassurer ? Vendredi soir, le Financial Times a ouvert le bal affirmant qu'UBS était en pourparlers pour le rachat total ou partiel de son rival. La banque centrale suisse (BNS) "souhaite une solution simple avant que les marchés n'ouvrent lundi", assure le quotidien des affaires, ajoutant qu'il n'est pas certain qu'un accord puisse être trouvé. Samedi, le FT est revenu à la charge affirmant que le géant américain de la gestion d'actifs BlackRock avait aussi des vues sur la banque et organisait un tour de table. Mais un porte-parole l'a fermement démenti auprès de l'AFP: "BlackRock ne participe à aucun projet d'acquisition de tout ou partie du Credit Suisse et ne voit aucun intérêt à le faire." La défiance des investisseurs et partenaires a forcé la banque centrale à prêter 50 milliards de francs suisses (50,4 milliards d'euros) pour redonner de l'oxygène à l'établissement zurichois et rassurer les marchés. Mais le répit a été de courte durée et acheter la banque ne serait donc pas chère mais une acquisition de cette taille est d'une complexité redoutable, qui plus est quand elle se fait dans l'urgence.

Rachat mais de quoi ? 

Credit Suisse vient de connaître deux années marquées par plusieurs scandales, qui ont révélé de l'aveu même de la direction "des faiblesses substantielles" dans son "contrôle interne". La Finma lui avait reproché d'avoir "gravement manqué à ses obligations prudentielles" dans la faillite de la société financière Greensill, qui a marqué le début de ses déboires. En 2022, la banque a essuyé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses, sur fond de retraits massifs d'argent de la part de ses clients. Elle s'attend encore à une perte avant impôts "substantielle" cette année. "C'est une banque qui semble ne jamais pouvoir remettre sa maison en ordre", avait commenté Chris Beauchamp, analyste chez IG, dans une note de marché cette semaine. Et il n'est pas sûr qu'UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008, veuille se lancer dans une nouvelle restructuration maintenant qu'elle commence à récolter les fruits de ses efforts. Mercredi encore, son directeur général Ralph Hamers a clairement indiqué qu'il voulait se concentrer sur la stratégie de la banque et a refusé de répondre à une question hypothétique. La Commission de la concurrence pourrait également sourciller. Une des options, selon certains analystes, serait d'introduire en bourse la branche helvétique de Credit Suisse, qui regroupe la banque de détail et les crédits aux PME. Cela permettrait aussi d'éviter des licenciements massifs en Suisse à cause des doublons inévitables. Seules la gestion de fonds et celle de fortune pourraient être cédées à UBS ou à un autre prétendant, indique le FT.

Plus vite, plus fort

Fin octobre, Credit Suisse avait dévoilé un vaste plan de restructuration comprenant la suppression de 9.000 postes d'ici 2025, soit plus de 17% de ses effectifs. La banque, qui employait 52.000 personnes fin octobre, entend se recentrer sur ses activités les plus stables et transformer radicalement sa banque d'affaires. Une grande partie des activités de la banque d'investissement, qui a essuyé de lourdes pertes, doivent être regroupées sous la marque First Boston puis progressivement externalisées. Mais les analystes de Morningstar, jugent la restructuration à la fois "trop complexe" et pas assez poussée. Ils suggèrent notamment que Credit Suisse vende son activité de courtage. Les analystes de la banque américaine J.P. Morgan envisagent une option plus radicale: que Credit Suisse ferme "complétement" son activité de banque d'investissement. 

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