Covid-19 : Le coût exorbitant des tests de dépistage

15/01/2022 mis à jour: 01:32
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Photo : D. R.

C’est une double peine pour bon nombre d’Algériens présentant des symptômes d’une infection à la Covid-19. Grandement éprouvée par une inflation grimpante touchant les produits de première nécessité, une grande partie de la population est également confrontée aux tarifs élevés des tests de dépistage du coronavirus en pleine envolée de la quatrième vague de la pandémie. Les coûts des tests de dépistage de Covid-19 étant jugés exorbitants, certains préfèrent y renoncer.

Il faut savoir que dans les laboratoires privés, les prix du scanner thoracique tournent autour de 8000 DA, ceux des tests PCR flirtent avec les 9000 DA et les tests antigéniques peuvent atteindre les 3800 DA. Les tarifs des tests sérologiques de détection du virus appliqués par les laboratoires du secteur privé varient entre 1500 et 4000 DA.

Ils restent très élevés par rapport au revenu moyen du simple citoyen, et, selon les connaisseurs, au regard des prix oscillant entre 600 et 900 DA des réactifs utilisés et qui sont produits localement. Des professionnels de la santé avaient appelé à plafonner les prix de ces tests afin qu’ils soient accessibles à tous.

En décembre 2020, le gouvernement avait pourtant décidé l’octroi d’aides financières aux citoyens dans les frais engagés pour les examens de scanner et autres tests PCR et antigéniques pour diagnostiquer les contaminations à la Covid-19, selon un communiqué des services du Premier ministre, publié le 5 décembre 2020. Une décision qui est aussitôt  tombée aux oubliettes.

La question est d’autant plus préoccupante que le dépistage joue un rôle essentiel pour endiguer la transmission du virus et contrôler la pandémie. C’est d’ailleurs l’une des recommandations de l’Oms. «Le test restera un outil essentiel pour contrôler la pandémie. Or, si on ne sait pas où se trouve le virus, on ne peut pas l’arrêter.

Si vous ne savez pas qui est porteur du virus, vous ne pouvez pas l’isoler, le soigner ou retracer ses contacts», avait déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans l’une de ses conférences de presse virtuelles depuis Genève. Pour l’OMS, il est important d’avoir des «tests plus nombreux et de meilleure qualité, faciles à utiliser, bon marché, fiables et rapides», afin de pouvoir soigner les patients atteints de la Covid-19 et de retrouver les contacts.

Taux de remboursement «obsolètes»

La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s’est élevée dans l’une de ses interventions médiatiques contre les coûts exorbitants des tests inaccessibles à de vastes franges de la population algérienne.

«Au lieu de mettre les tests de dépistage anti-Covid à la disposition des citoyens de façon gratuite – comme cela a été fait même dans les pays capitalistes –, l’Etat choisit de recourir à des mesures aléatoires portant atteinte aux droits et aux libertés individuelles», s’est-elle exclamée. Pour les spécialistes, la question est intimement liée aux taux de remboursement jugés «obsolètes».

Dans une analyse sur «le système algérien face à la crise sanitaire de la Covid-19» publiée dans Les cahiers du Cread en juillet 2020, Zoulikha Snoussi, chercheure en économie de la santé, rappelle que les tarifs de remboursements des consultations médicales et des actes médicaux (analyses sanguines, radios, soins dentaires, etc.) datent de 1987 et n’ont pas été révisés depuis.

«Devant une batterie d’examens indispensables demandés au patient, et avec des tarifs de plus en plus élevés, ce dernier, obligé de s’acquitter d’une charge financière élevée par rapport à son revenu, est souvent contraint de s’endetter ou d’abandonner les soins. La question ne date pas d’aujourd’hui, toutefois la présente crise de santé a accentué le problème. Dès lors, l’actualisation de la liste des actes médicaux devant être pris en charge et la révision de leurs taux de remboursement est une urgence», écrit-elle.

Par ailleurs, les malades atteints de Covid se voit systématiquement prescrire une ordonnance «type», comportant essentiellement deux antibiotiques le Zithromax (entre 800 et 900 DA), de l’Amoxicilline (1600 DA les deux boîtes nécessaires au traitement), de la vitamine C en complément alimentaire associée au zinc (autour de 600-800 DA pour 4 boîtes et jusqu’à 2 prises par jour, non remboursable), du paracétamol (65 DA) et du Lovenox (entre 900 et 1000 DA/boîte, au minimum 5 boîtes à raison d’une injection par jour, le médicament est souvent introuvable).

A cela s’ajoutent les concentrateurs d’oxygène hors de prix (entre 150 000 et 260 000 DA), nécessaires pour les patients non hospitalisés ou pour ceux ayant quitté l’hôpital, mais qui ont encore besoin d’une assistance respiratoire (appelée oxygénothérapie de confort dans le jargon médical).

Autant dire que la facture des soins pour les non bénéficiaires de la sécurité sociale, comme pour ceux qui en bénéficient (les tarifs de certaines prestations et appareils ne figurant pas dans la nomenclature de la Cnas), est des plus salées. 

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