Cosmétiques et produits d’hygiène : Attention aux produits contrefaits !

05/03/2024 mis à jour: 23:17
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Le marché des cosmétiques et d’hygiène corporelle en Algérie est en constante évolution - Photo : D. R.

Certains shampoings ne sont pas chers parce qu’ils sont fabriqués à partir d'intrants bon marché qui viennent de pays asiatiques dont on ne connaît pas grand-chose. Il n’y a aucune traçabilité.

Profitant de la décision prise en 2021, concernant la limitation des importations, l’industrie algérienne des produits cosmétiques, dans ses différents créneaux, s’est beaucoup développée. Des marques nouvelles, aussi bien dans la cosmétique industrielle que celle naturelle ou bio, ont émergé, et d’autres, déjà existantes, se sont renforcées à tel point qu’elles parviennent à s’imposer à l’étranger.

Le marché des cosmétiques et d’hygiène corporelle en Algérie est en constante évolution, avec des consommateurs de plus en plus exigeants à la recherche de produits innovants et de bonne qualité. L’augmentation de la demande répond à une tendance : la population soigne de plus en plus son apparence et se soucie de son bien-être.

Les entreprises qui parviennent à répondre à ces attentes auront un avantage concurrentiel. Mais ce marché doit être régulé car les produits cosmétiques comme les produits alimentaires et les détergents sont sensibles, dans la mesure où ils ont un lien avec la santé publique.

C’est là l’avis de Hacène Menouar, président de l’Association nationale pour la protection des consommateurs (AMAN), qui évoque l’existence d’un «marché parallèle, un marché anarchique illicite, souterrain, non déclaré, que ce soit pour la production, la distribution et comme c’est le cas des produits qu’on utilise directement sur le corps ou sur les cheveux». Pour lui, «ces produits peuvent présenter un danger pour leurs utilisateurs».

«La majorité des Algériens veulent acheter pas cher et bon marché. Il y en a d’autres aussi qui aiment même acheter en dehors des circuits officiels parce que pour eux, ils font de meilleures affaires quand ils achètent sur les bords de route, autour des marchés hebdomadaires ou s'approvisionnant des marchés à la sauvette», fait-il remarquer.

Un business lucratif

Ces dernières années, la livraison à domicile (à travers le téléachat) qui permet le paiement au seuil de la porte bas des records. C’est un commerce pratiqué dans la grande majorité à travers des sites non déclarés. C’est un business très lucratif. Des vendeurs achètent des produits généralement fabriqués ou confectionnés dans des garages.

Ils échappent ainsi aux contrôles. Il pourrait s’agir là également de compositions chimiques qui peuvent être très dangereuses pour la santé des personnes. C’est d’ailleurs l’inquiétude de l’association El Aman qui a formulé des recommandations.

Il s’agit d’abord, pour cette association, de commencer à contenir ce marché informel et d’accompagner les acteurs de ce marché et de les aider à s’installer d’une manière officielle afin qu’ils subissent des contrôles d’usage et de bénéficier des homologations nécessaires pour la vente de tels produits.

La fermeture des frontières à l’importation des produits cosmétiques a fait naître également des réseaux d’importation informels. Il s’agit de produits dits «cabas» dont on ne connaît pas l’origine et qui ne sont soumis à aucun contrôle : c’est un marché qui prend visiblement de l’ampleur.

Le président d'El Aman cite également «les produits qui sont formels, passent par les contrôles, sortent des usines, qui sont déclarés, ont leur agrément mais dont les fabricants ne font pas beaucoup d’efforts dans l’étiquetage et la composition parce que les normes ne sont pas respectées en Algérie».

Il s’agit, ajoute-t-il, «de produits qui peuvent se vendre en Algérie mais qui ne peuvent pas l’être en Europe parce qu’ils ne respectent pas certaines règles». Il semble que l’on ne soit pas très exigeant sur la qualité de certains intrants. L’Ianor a beaucoup à faire dans ce domaine.

Certains shampoings, par exemple, ne sont pas chers parce qu’ils sont fabriqués à partir d'intrants bon marché qui viennent de pays asiatiques dont on ne connaît pas grand- chose. Il n’y a aucune traçabilité.

Les producteurs font leurs calculs selon la bourse des Algériens. Une remarque s’impose : les producteurs de produits cosmétiques ne sont pas organisés en association professionnelle à ce jour. Or, une telle organisation s’impose pour échanger ou lancer des alertes.

Pour Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea), «il reste du chemin à faire, les restrictions d’importations ont permis la création de beaucoup d’entreprises spécialisées dans le produit cosmétique.

De jeunes start-up se sont muées en entreprises qui emploient une trentaine ou une quarantaine de salariés, ce qui renseigne sur le potentiel du marché du cosmétique en Algérie, lequel est appelé à se développer encore davantage». Et un tel développement requiert nécessairement une surveillance accrue car il y va en fin de compte de la santé de la population. 

 

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