A première vue, il n’y a aucun indice qui permette de supposer qu’Octavio Paz , Prix Nobel de Littérature 1990-dont nous célébrons, aujourd’hui, le 25 éme anniversaire de sa mort-, ait eu un quelconque lien avec l’Algérie.
Cependant, celui-ci existe et il est très étroit. Marie José Tramini, sa deuxième épouse, avec qui il se maria à New Delhi, en janvier 1966, naquit le 14 août 1934 à Mac-Mahon, localité algérienne actuellement appelée Aïn-Touta à Batna.
L’Algérie était à l’époque sous domination française et rien encore ne laissait pressentir son indépendance. Le père de Marie José, Joseph François Flavien Tramini (1892–1943), était d’origine corse. Il rejoignit l’armée française, obtint son diplôme en tant que médecin militaire et fut promu médecin aide-major de première classe. A un moment donné, il fut transféré en Algérie. En septembre 1924, il fut nommé « médecin de colonisation », de quatrième classe, à Mac-Mahon.
Les« médecins de colonisation »étaient nommés par l’administration pour s’occuper de la population des territoires livrés à la colonisation, de la gestion des dispensaires, de l’organisation de campagnes d’hygiène et de la collecte d’information statistique relative à la santé publique. Mac-Mahon, au Nord-ouest du territoire, fut fondée en 1872, par des immigrants alsaciens et lorrains et comptait moins de mille habitants.
Tramini y resta au moins jusqu’en 1942. L’excellent travail accompli, notamment ses succès pour combattre le typhus et le paludisme, lui valut la reconnaissance des autorités qui le distinguèrent, entre autres, de la Médaille d’Argent de l’Hygiène, en 1938 et de la Médaille d’Or des Epidémies, en 1942.2Il lui valut également d’intégrer en 1941le conseil supérieur de l’Ordre des Médecins d’Algérie.3
En octobre 1924, nouvellement installé à Mac-Mahon, Tramini se maria avec Pierrette Poli, un pied-noir, originaire de la ville de Batna.4Le couple eut quatre enfants.
Les deux premiers, Francine Marie (1926) et Jean Jérôme (1928),tombèrent malades et moururent en février 1931, en l’espace d’une semaine.5Après cette tragédie, naquirent Marie José et Madeleine.6
Dans son édition du 5 septembre 1934, le journal L’Écho du Sahara, publié àl’époque à Batna, rapporta la naissance de Marie José en ces termes :
«La rédaction de L’Échoest heureuse de souhaiter longue vie et prospérité aux mignons bébés qui ont vu le jour au cours de la deuxième quinzaine d’août : Tramini Marie-Josée [sic], chez Madame etM. le Docteur Tramini, médecin de colonisation, à Mac-Mahon.7”
Marie José vécut à Mac-Mahon jusqu’à bien après l’éclatement de la deuxième guerre mondiale quand elle partit au Maroc, en compagnie de sa mère et de sa sœur, d’où elle rejoignit la France.
Elle ne revint plus jamais en Algérie. Elle décéda à Mexico le 26 juillet 2018. L’Algérie a-t-elle laissée des traces dans ses écrits ? Quels ont été ses souvenirs algériens ? Etait-elle arrivée à les partager ? Ce sont là des questions auxquelles on pourrait probablement répondre un jour ou peut-être resteront-elles à jamais sans réponse.
Par ailleurs, Octavio Paz (1914 -1998) est un poète, essayiste et diplomate mexicain, lauréat du Prix Nobel de littérature 1990.ll est connu pour ses poèmes et ses essais d’inspiration très diverse et son engagement anti-fasciste, sa collaboration et sa création de plusieurs revues littéraires. Il est considéré comme l’un des plus grands poètes de langue espagnole du XX siècle. Couronné de plusieurs distinctions littéraires récompensant sa vaste œuvre, dont le Prix Cervantes en 1981, le Prix Neustadt en 1982 et le prix Nobel de littérature en 1990. Gabriel Rosenzweig
Notes :
Bulletin du Syndicat Professionnel des Médecins de Colonisation, année 6, nº21, Alger, octobre 1924. p. 9.
2 L’Écho du Sahara. Journal de l’arrondissement de Batna, année 58, nº3108, Batna, 28 mai 1938 et Journal Officiel de la République française, année 74, nº168, 15 juillet 1942.
3L’Echo d’Alger, année 30, nº11280, Alger, 25 juin 1941. p. 1.
4L’Écho du Sahara. Journal de l’arrondissement de Batna, année 44, nº2794, Batna, 1ernovembre 1924.
5L’Écho du Sahara. Journal de l’arrondissement de Batna, année 51, nº 2934, Batna, 15 février 1931 et Bulletin du Syndicat Professionnel des Médecins de Colonisation d’Algérie, année 13, nº 46, Constantine, avril 1931. p.38.
6Madeleine Tramini mourra,avec son époux Georges Marguier (1930-1968) et son fils Frédéric, le 11 septembre 1968, dans un accident d’avion d’Air France qui reliait Ajaccio à Nice.
7L’Écho du Sahara. Journal de l’arrondissement de Batna, année 54, nº 3018, Batna, 5 septembre. 1934.