Contribution / Avancer ensemble : Mes priorités pour la reprise de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies

15/01/2025 mis à jour: 16:59
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Alors que nous entamons 2025, le monde se trouve à un tournant décisif : nous pouvons soit accepter la fatalité des crises – qu’il s’agisse des conflits, de la pauvreté, de la faim ou de l’urgence climatique –, soit prendre des mesures audacieuses pour nous éloigner du précipice et tracer, ensemble, un avenir plus prometteur. 

En tant que Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, je m’engage à adopter une approche proactive et déterminée. En effet, la communauté internationale se tourne continuellement vers les Nations unies, et plus particulièrement vers l’Assemblée générale – qui représente les aspirations des 193 Etats membres et des 8 milliards d’êtres humains qui peuplent notre planète – afin d’identifier des solutions à nos défis communs. Il est crucial de renforcer les efforts pour revitaliser l’Assemblée générale et assurer sa capacité à relever les défis complexes du XXIe siècle. 

Cette conviction est au cœur du Pacte pour l’avenir, une feuille de route ambitieuse qui vise à promouvoir la paix, le développement durable et les droits de l’homme pour toutes et tous. Fort de cet élan et guidé par la vision que j’ai définie pour cette 79e session – «L’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous» – je suis déterminé à transformer les engagements en actions concrètes. 

Dans cet esprit, permettez-moi de vous exposer les priorités que je porterai au cours de cette session, chacune s’inscrivant dans ma conviction profonde du rôle indispensable et pérenne de cette grande institution.

Tout d’abord, la paix reste une priorité absolue. Les violences et les conflits qui ravagent actuellement des régions telles que la Palestine, le Soudan et l’Ukraine risquent de précipiter le monde dans un chaos insoutenable. Si nous ne réagissons pas, nous pourrions revivre, au cours de ce siècle, les horreurs qui ont marqué la première moitié du XXe siècle. 

Dans ce contexte, l’Assemblée générale joue un rôle crucial. Face à un Conseil de sécurité de plus en plus paralysé, elle doit être prête à prendre l’initiative. L’Assemblée générale doit demeurer une force active et complémentaire dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes. 

L’une de mes priorités majeures sera d’organiser un débat thématique de haut niveau sur les multiples dimensions de la paix et de la sécurité en Afrique, ainsi que sur l’avenir des opérations de maintien de la paix. Ce débat mettra l’accent sur le rôle déterminant que peuvent jouer les opérations de paix dirigées par l’Union africaine et financées par les contributions obligatoires. 

Pour lutter contre l’impact déstabilisant des armes légères et de petit calibre, je convoquerai également une réunion conjointe de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social des Nations unies. La circulation incontrôlée de ces armes requiert une réponse collective, solidaire et mondiale, afin de réduire efficacement leurs effets dévastateurs.

Deuxièmement, le développement durable nécessite un nouvel élan. A seulement cinq ans de l’échéance de l’Agenda 2030 pour le développement durable, et malgré le rythme décevant des progrès, il reste encore beaucoup à accomplir. En effet, nous devons agir avec urgence et détermination, tout en ayant une vision claire des défis à surmonter. Les Objectifs de développement durable (ODD) ne sont pas de simples ambitions ; ils constituent un cadre mondial visant à assurer un avenir plus juste, équitable et durable pour les générations actuelles et futures. La mobilisation des ressources et le financement sont des éléments essentiels pour réussir, et sont tout à fait réalisables.

 La Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet, ainsi que le Deuxième Sommet mondial pour le développement social, prévu plus tard cette année, représentent des opportunités cruciales pour débloquer des financements, renforcer la gouvernance financière et accélérer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. 

Troisièmement, la promotion des droits de l’homme et de la dignité humaine doit être au cœur de tous nos efforts. L’Assemblée générale doit accorder une priorité absolue aux droits de l’homme dans l’ensemble de son programme. Ces droits – tous les droits de l’homme – sont inaliénables et doivent être protégés pour tous, partout, y compris en période de conflit. En janvier 2025, je lancerai une initiative spécifique pour souligner l’urgence de défendre le droit international humanitaire. Car même en temps de guerre, il existe des règles — et l’impunité face aux violations doit prendre fin. A l’approche du 30e anniversaire de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, ainsi que de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, il est évident que les progrès en matière d’égalité entre les sexes restent insuffisants. Pour y remédier, je rétablirai le Conseil consultatif pour l’égalité entre les hommes et les femmes, afin de garantir que toutes les initiatives et priorités soient examinées sous l’angle de l’égalité des sexes.  

Les Nations unies fêteront cette année leur 80e anniversaire, un jalon qui invite à une réflexion approfondie sur leur rôle durable de l’Organisation. Nées des cendres de deux Guerres mondiales, les Nations unies ont été conçues comme l’initiative la plus audacieuse de l’humanité en matière d’action collective et de coopération mondiale. Cependant, aujourd’hui, face à des défis omniprésents et souvent perçus comme insurmontables, nous devons reconnaître que la confiance envers notre institution est en déclin. Il nous revient de contrer ce scepticisme par des actions résolues et concrètes. Les Nations unies demeurent particulièrement bien placées pour favoriser le dialogue et offrir des solutions durables. 

Pour ce faire, nous devons non seulement utiliser les mécanismes formels de l’Organisation, mais aussi renforcer ses liens avec les populations qu’elle sert, en amplifiant la diversité des voix et des perspectives. C’est dans cet esprit que j’ai fait du multilinguisme une priorité pour cette session. En veillant à ce que chaque voix, quelle que soit sa langue, soit entendue, nous réaffirmons l’universalité de cette institution et son engagement à trouver des solutions inclusives qui ne laissent personne de côté. 

Le chemin à venir ne sera pas facile. Il exige une unité de but et un engagement sans faille. Pourtant, avec le Pacte pour l’avenir comme guide, la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale nous offre l’opportunité de transcender les divisions et le cynisme— une chance de construire un avenir plus radieux pour tous, en choisissant d’avancer ensemble.

   
Par M. Philemon Yang 

 Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, 

 

 

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