Contrairement à la surpêche dans les zones côtières : La ressource halieutique en haute mer sous-exploitée

23/05/2024 mis à jour: 18:02
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La stratégie des pouvoirs publics pour répondre à la demande des consommateurs repose sur deux axes majeurs que sont la promotion de l’activité de l’aquaculture et l’autorisation de la pêche en haute mer.

Le secteur de la pêche et de l’aquaculture fait face au double défi d’augmenter la production sans pour autant menacer la ressource halieutique d’extinction et encore moins pénaliser les différents acteurs impliqués dans la chaîne de valeur.

C’est dans ce contexte que se sont déroulés hier les travaux du 7e Forum international de l’aquaculture et des productions halieutiques, organisé par le programme de partenariat Economie Bleue sous le haut patronage du ministère de la Pêche et de la Production halieutique. Les côtes algériennes, que de nouvelles données évaluent à 2148 km, comptent pas moins de 46 ports de pêche et une soixantaine de sites d’échouage répartis sur les 14 wilayas côtières.

Avec une production annuelle évaluée en moyenne à 100 000 tonnes par an, le secteur peine à répondre toutefois à la demande de plus en plus croissante des consommateurs algériens. Les prix des différentes variétés de poisson demeurent très élevés même pour les produits qui jadis étaient à la portée de tous, à l’instar de la sardine.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le secteur connaît une surexploitation de la ressource notamment sur les côtes. De 1990 à 2019, l’Algérie est passée d’un niveau de surexploitation des stocks de 19% à 35%. «On est passé d’une pêche artisanale à l’exploitation commerciale avec ce que cela implique comme enjeux environnementaux», explique Mohamed Haouchine, expert référent pêche et aquaculture pour le programme Economie Bleue.

Les spécialistes, qui se sont relayés au pupitre, s’accordent à dire que la diminution des ressources est une tendance mondiale et notamment méditerranéenne en raison de l’impact du changement climatique.

Les côtes algériennes, du fait de ce phénomène, connaissent à la fois des diminutions d’espèces, mais également l’invasion de nouvelles autres ou encore des modifications dans la taille des espèces ou des périodes de reproduction. Autant de facteurs qui nécessitent un accompagnement scientifique plus poussée des opérations de pêche. Ces dernières s’effectuent beaucoup plus dans les zones côtières ce qui met la pression sur la ressource existante en bord de mer alors que les ressources en haute mer ne sont que faiblement exploitées.

Le stock est exploité à 60 ou 70% du total de la biomasse. «Le plateau continental algérien est abrupt et rend difficile l’opération de pêche… Il y a nécessité de faire un travail sur la manière d’exploiter la ressource halieutique en Algérie en permettant à certains pêcheurs d’aller au large et exploiter cette ressource et augmenter la production nationale, ce qui fera baisser la pression sur les côtes», indique Azzedine Bennoui, chercheur au CRNDPA, centre de recherche pour le développement de la pêche.

Stratégie

A noter que la stratégie des pouvoirs publics pour répondre à la demande des consommateurs repose sur deux axes majeurs que sont la promotion de l’activité de l’aquaculture et l’autorisation de la pêche en haute mer. Cette dernière est conditionnée par la permission d’acquisition de navires de dimensions importantes (plus d’une quarantaine de mètres) et adaptés à la pêche en haute mer.

Ces navires, et outre l’exploitation de la ressource dans les eaux algériennes, devraient également permettre aux armateurs algériens d’aller pêcher dans les eaux internationales dans le cadre d’accord avec des pays voisins, à l’instar de celui signé avec la Mauritanie. La loi de finances 2024 a accordé l’autorisation d’importation de navires de moins de cinq ans d’âge pour renforcer la flottille de pêche.

«On constate des bateaux pêcher en bord de mer, il y a des jours où des chalutiers reviennent avec deux caisses pleines seulement, parce qu’on leur interdit de pêcher dans certaines zones. Nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions» estime M. Zeggart, conchyliculteur et travaillant dans la transformation des produits halieutiques à Béjaïa.

Mme Hamadouche, capitaine de pêche, considère pour sa part que l’acquisition des grands navires, doit d’abord passer par le préalable du règlement du problème des postes d’accostage au niveau des ports ainsi de l’actualisation de la carte définissant les zones de pêche. «La formation des pêcheurs à la pêche en haute mer est aussi à prévoir et une certification est nécessaire… Des navires exploitent déjà le thon en haute mer, mais il reste d’autres espèces que ces nouveaux navires permettront d’exploiter», indique Azzedine Bennoui.

L’autre volet sur lequel devrait reposer la stratégie de développement du secteur est dans la préservation de la ressource humaine impliquée dans le secteur de la pêche et de son savoir faire. Le nombre d’emplois directs dans le secteur s’élève à un peu plus de 61 000 individus, dont 40 141 immatriculés et seulement 12 377, soit 19% cotisants à la CNAS ou la Casnos. Ce faible taux de couverture sociale appelle à prendre en charge le volet socio-professionnel «et encourager la sortie de l’informel», estime Bertrand Casalet, chef adjoint du programme Economie Bleue. 

 

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