Le premier secrétaire national du FFS a annoncé des «changements significatifs» au sein «des équipes de la direction» et «des instances locales». Il prévoit de procéder prochainement à la mise en place d’une commission électorale.
Le Front des forces socialistes (FFS) compte mettre de l’ordre dans sa maison avant la tenue des élections législatives et locales et le prochain congrès national du parti. Le premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, a appelé hier les cadres et militants de sa formation à tirer les leçons de l’échéance précédente et à se tenir prêts pour la réussite de ces deux événements.
«Pour réussir, nous devons procéder à une réorganisation efficace de notre parti», a insisté Aouchiche à l'ouverture des travaux du conseil national consacrés, entre autres, au bilan de la campagne présidentielle du 7 septembre et à l’analyse de la situation politique qui prévaut dans le pays. Dans cette optique, le leader du plus vieux parti de l’opposition a annoncé des «changements significatifs» au sein «des équipes de la direction» et «des instances locales». Pour lui, ces ajustements sont nécessaires pour «renforcer leur efficacité», «améliorer leur réactivité» et «garantir que leurs objectifs soient atteints».
C’est d’ailleurs dans ce sillage, qu’il procédera, dit-il, prochainement à la mise en place d’une commission électorale au niveau national, accompagnée de démembrements à l’échelle locale. «Celle-ci aura pour mission la préparation des futures élections législations et locales et sera responsable de l’élaboration de notre stratégie électorale, avec une évaluation rigoureuse de nos capacités d’action et de la mobilisation des énergies autour de cet objectif», explique Aouchiche.
Cette instance sera composée de militants et d’experts, chargés de coordonner tous leurs efforts afin d’assurer, selon lui, la réussite des futures campagnes et le renforcement de la cohésion au sein du parti. Aussi, les démembrements locaux joueront, ajoute-t-il, un rôle clé en adaptant leurs projections aux réalités de chaque région.
«C’est le moment de redoubler d’efforts et de rassembler nos forces. Chaque militant doit se sentir concerné et prêt à jouer un rôle actif. Ensemble, nous avons le potentiel de réaliser des choses extraordinaires, et il est temps d’agir», lance-t-il non sans revenir sur l’évaluation des résultats de leur participation au dernier scrutin présidentiel.
L’appel du FFS
Un bilan qui doit impérativement, de son avis, inclure la «problématique de la désaffection électorale», un phénomène «préoccupant» qui interpelle, dit-il, tout le monde : pouvoir, sociétés politique civile. «Ce phénomène, bien que mondial, est la conséquence d’un malaise profond et d’une crise de confiance qui menace les fondements mêmes de notre Etat-nation.
Ce climat de méfiance, alimenté par l’incapacité des pouvoirs publics à répondre aux aspirations de nos concitoyens, fragilise le lien sacré entre le peuple et les institutions de l’Etat», avertit Aouchiche, qui rappellera au passage le mécontentement et les interrogations «légitimes» suscités par le «flou et les incohérences» observés lors de la proclamation des résultats par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
«Ces incohérences ont non seulement entaché la crédibilité du scrutin, mais porté atteinte au pays tout entier», déplore-t-il. Pour lui, ces événements ont créé un sentiment «de désillusion et d’impuissance», incitant encore plus les citoyens à se détourner des urnes et de la politique. Le conférencier estime que «lorsque une large frange de la population se détourne de la politique, la désinformation et les manipulations prennent le relais, favorisant l’émergence du populisme et de l’extrémisme.
Les faits sont souvent oblitérés et la polarisation s’installe et s’intensifie». Aouchiche lance, à cet effet, un appel au pouvoir et à l’ensemble de la société politique afin d’«agir» pour restaurer la confiance et redonner au politique «ses lettres de noblesse». Cela nécessite, de son avis, des réformes «audacieuses» visant à garantir une participation «effective et une véritable représentativité, rendant la démocratie irréversible».
Pour le FFS, il est temps, notamment à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution «de procéder à la libération des détenus d’opinion» et «d’abroger toutes les lois restrictives aux libertés individuelles et collectives», Il est urgent, assène-t-il, d’assainir la scène politique à travers une «réforme approfondie» de la loi électorale et de la loi sur les partis politiques.
Néanmoins, le premier responsable du Front estime que malgré les «obstacles et le climat d’hostilité» vis-à-vis de l’acte électoral, son parti a su imposer les termes du débat et un rythme de campagne dynamique, sérieux et responsable : «Nous avons mis en lumière des enjeux fondamentaux, attirant l’attention sur des questions souvent négligées.
Nous avons démontré qu’ensemble, nous pouvons redéfinir les priorités et ouvrir la voie à un avenir qui nous ressemble et qui nous rassemble. Nous avons laissé notre empreinte, et cela est une victoire en soi.» Les travaux du conseil national se sont déroulés à huis clos.