Congrès international de l’ASPHP à Constantine : Regards croisés sur le cancer du foie en Algérie

03/11/2024 mis à jour: 10:00
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Depuis sa fondation en 2022, l’Association scientifique des pathologies hépatobiliaires et pancréatiques (ASPHP) poursuit sa mission de sensibilisation et d’avancée thérapeutique en organisant, le 31 octobre, un congrès international à l’hôtel Marriott de Constantine. 

Ce rendez-vous médical a réuni des spécialistes algériens et étrangers autour du thème du carcinome hépatocellulaire (CHC), des tumeurs neuroendocrines et des métastases hépatiques. Le Professeur Youcef Khenchoul, chirurgien général et président de l’association, a souligné à El Watan que cette initiative vise à mettre en lumière le processus du traitement des pathologies sévères affectant le foie et le pancréas, en intégrant une démarche pluridisciplinaire qui rassemble chirurgiens, radiologues, épidémiologistes, oncologues et spécialistes des pathologies. Lors de cette troisième édition, le cancer du foie a fait l’objet d’un intérêt particulier, car il exige une approche thérapeutique diversifiée et coordonnée. 
 

Le parcours de soin du cancer du foie repose sur un enchaînement de stratégies qui débute par la prévention, le dépistage des facteurs de risque, le diagnostic par imagerie et l’analyse des pathologies, pour aboutir à une prise en charge chirurgicale et aux traitements oncologiques, incluant la chimiothérapie et la radiothérapie. Notre interlocuteur a insisté sur le fait que chaque étape est assurée par un spécialiste, soulignant la nécessité d’une synergie entre disciplines pour optimiser les résultats cliniques des patients. Toutefois, le cancer du foie en Algérie demeure une pathologie encore contenue. 

Dans son intervention, le Professeur Abdelhak Lakehal, épidémiologiste à l’hôpital Didouche Mourad, dans la wilaya de Constantine, a révélé que la prévalence du cancer du foie demeure relativement basse en Algérie par rapport à d’autres régions, notamment l’Asie. A l’échelle mondiale, le cancer hépatique occupe la sixième position parmi les cancers les plus fréquents et représente la troisième cause de mortalité par cancer, totalisant 8% des décès liés à cette maladie. En Algérie, cette pathologie se situe entre les 14e et 15e positions chez les hommes, et entre les 18e et 19e positions chez les femmes. 

Ce taux pourrait cependant augmenter en raison de l’évolution des habitudes alimentaires vers un modèle plus occidental. «Nous devons viser des taux de prévention plus élevés. Vous avez sûrement noté que dans la présentation des facteurs de risque figurent des hépatopathies indépendantes des virus, comme celles des hépatites B et C. 

Ces maladies causées principalement par l’obésité constituent une donnée intéressante. En Algérie, nous constatons un changement visible des habitudes alimentaires, influencé par un régime de plus en plus occidental. Cette évolution nous rapproche inexorablement d’un taux de prévalence semblable à celui observé en France», a expliqué Pr Khenchoul.

 Il précise que l’objectif est de prévenir ces maladies en agissant sur les facteurs de risque afin de stopper leur progression avant qu’elles n’atteignent un stade avancé nécessitant des traitements complexes et coûteux.
 

Intensifier le dépistage

La question cruciale de la pénurie d’organes a aussi été abordée. Comme l’a expliqué Pr Marc Antoine Allard du Centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, Paris, la transplantation hépatique demeure un recours exceptionnel en raison du manque d’organes disponibles. La transplantation ne permet de répondre qu’à un tiers des besoins mondiaux.

Ce constat a mené les praticiens à privilégier la chirurgie pour les cas les plus critiques et à réserver la greffe en cas de récidive. Le Pr Boumendjel, du gastro-hépato-entérologie au CHU de Constantine, a souligné l’importance d’un dépistage précoce des CHC pour optimiser les chances de traitement.

 Il recommande de diagnostiquer les pathologies hépatiques chroniques à l’aide de tests simples, d’étendre le dépistage au-delà des patients atteints de cirrhose, de maintenir un intervalle régulier entre les échographies et de se référer à des radiologues spécialisés. Par ailleurs, il encourage l’usage de scores d’évaluation du risque pour ajuster la fréquence des examens, notamment chez les patients à haut risque, afin d’utiliser les techniques d’imagerie les plus performantes. 

Le Pr Khenchoul a profité de cet événement pour plaider en faveur d’une sensibilisation accrue des pouvoirs publics à l’égard de la transplantation d’organes, notamment dans le traitement des cancers du foie et du pancréas. 

Qualifiant la greffe de «cerise sur la gâteau», il a rappelé que, malgré la disponibilité de plateaux techniques adaptés, le soutien des autorités et la sensibilisation au don d’organes, en particulier les dons post-mortem, sont essentiels. «La société algérienne reste réticente face au don d’organes en raison des craintes liées au trafic d’organes et des barrières culturelles.

 Il est donc primordial d’engager une action collective pour surmonter ces réticences, impliquant non seulement les professionnels de santé, mais aussi les médias et les pouvoirs publics», a-t-il déclaré. Bien que des efforts aient été déployés par l’Etat pour améliorer l’accès aux équipements médicaux, notamment pour la cœlioscopie, l’immunothérapie et les traitements anticancéreux, des disparités persistent, ce qui freine l’égalité d’accès aux soins dans tout le pays. 

En conclusion, le Pr Khenchoul a insisté sur l’importance d’établir un centre hépatobiliaire pleinement équipé, capable de centraliser l’ensemble des soins et d’assurer une prise en charge optimale de ces pathologies lourdes.
 

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