Conflit russo-Ukranien : Le barrage de Kakhovka détruit

07/06/2023 mis à jour: 07:17
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Le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka

Le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le sud de l’Ukraine, a été partiellement détruit hier, rapporte l’AFP citant des sources locales.

Sur Telegram, le maire de la ville de Nova Kakhovka, Vladimir Leontiev, a affirmé que des explosions ont détruit, dans la nuit de lundi à mardi, les robinets-vannes du barrage et provoqué un «rejet d’eau incontrôlable».

Dans l’après-midi, le patron de l’opérateur ukrainien Ukrhydroenergo a annoncé à la télévision ukrainienne que «la centrale ne peut pas être restaurée» et «qu’elle est complètement détruite». «La structure hydraulique est en train d’être emportée», a-t-il ajouté. Le barrage de Kakhovka, pris par l’armée russe dès le début de son intervention en Ukraine en février 2022, permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou. 

Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique. Il s’agit de l’une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine. «Environ 16 000 personnes se trouvent en zone critique», a déclaré sur les réseaux sociaux Oleksandre Prokoudine, chef de l’administration militaire de la région de Kherson. «Selon les services de secours, l’eau est montée (...) à un niveau d’entre 2 et 4 mètres, ce qui ne menace pas les grandes localités» situées plus bas que le barrage, le long du fleuve, a de son côté déclaré sur Telegram Andreï Alekseïenko, chef du gouvernement de la région de Kherson, installé par la Russie. 

Au total, les «territoires côtiers» de 14 localités où résident «plus de 22 000 personnes» sont menacés d’inondation, a-t-il précisé. «S’il le faut, nous sommes prêts à évacuer les habitants», a-t-il assuré, observant toutefois que leur vie n’est pas menacée et que «la situation est entièrement sous contrôle». 

En début d’après-midi, 24 localités étaient inondées, a affirmé le ministre ukrainien de l’Intérieur, Igor Klymenko, selon qui «environ un millier» de civils ont été évacués de la zone. Par ailleurs, «150 tonnes d’huile moteur» se sont déversées dans le fleuve Dniepr, ont indiqué les responsables ukrainiens, mettant en garde contre un risque environnemental. La destruction partielle du barrage pourrait potentiellement avoir des conséquences sur la centrale nucléaire de Zaporijia occupée par les forces russes depuis mars 2022.

Échanges d’accusations

Le danger de «catastrophe nucléaire» à la centrale située à 150 km de là «augmente rapidement», a ainsi averti un conseiller à la présidence ukrainienne. «Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement. Et ce danger augmente désormais rapidement», a indiqué Mykhaïlo Podoliak dans un message adressé à la presse. 

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a aussi estimé qu’il n’y a «pas de danger nucléaire immédiat». «Les experts de l’AIEA» présents sur le site «surveillent de près la situation», a ajouté l’instance onusienne dans un tweet, alors que la centrale utilise l’eau du fleuve pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs. «Le monde doit réagir», a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «La Russie est en guerre contre la vie, contre la nature, contre la civilisation», a-t-il indiqué sur Telegram, accusant les Russes d’avoir «miné» le barrage avant de le faire «exploser». «La Russie a fait exploser une bombe, causant des dommages environnementaux massifs», a affirmé Volodymyr Zelensky, dans un discours en visioconférence aux «Neuf de Bucarest», une organisation réunissant neuf pays d’Europe centrale et orientale membres de l’Otan, selon une vidéo partagée par ses services. «Il s’agit de la plus grande catastrophe environnementale causée par l’homme en Europe depuis des décennies», a-t-il poursuivi.

L’attaque a «provoqué d’importantes évacuations civiles et de graves dommages écologiques», a ajouté le représentant ukrainien Anton Korynevych devant la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l’ONU. «Les actions de la Russie sont les actions d’un Etat terroriste, un agresseur», a-t-il ajouté.

De son côté, le Kremlin a dénoncé un acte de «sabotage délibéré» de Kiev. «Il s’agit sans équivoque d’un acte de sabotage délibéré de la partie ukrainienne qui a été planifié et réalisé sur ordre de Kiev», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, rejetant «fermement» les accusations des autorités ukrainiennes qui en imputent la responsabilité à Moscou. 

Il affirmé que l’un des objectifs d’une telle action est de «priver d’eau la Crimée», péninsule intégrée par la Russie en 2014. Le barrage de Nova-Kakhovka, pris dès le début de l’offensive russe en Ukraine en 2022, est crucial pour alimenter en eau la péninsule annexée de Crimée. Aussi, «cet acte de sabotage pourrait potentiellement entraîner des conséquences très graves pour des dizaines de milliers d’habitants de la  région» de Kherson, ainsi que des «conséquences écologiques», a-t-il observé.

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