Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Pékin et Washington discutent à Rome

15/03/2022 mis à jour: 19:06
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La Chine fera face à des conséquences, si elle aide la Russie à échapper aux sanctions contre l'Ukraine, a averti le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, alors que le conflit sur Kiev se poursuit

Le conseiller à la Sécurité nationale du président américain, Jake Sullivan, a rencontré, hier à Rome, en Italie, le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, rapporte l’AFP. 

La rencontre ne sera suivie d’aucune déclaration à la presse, selon l’ambassade des Etats-Unis en Italie. Les deux responsables et leurs équipes «discuteront des efforts en cours visant à gérer la compétition entre nos deux pays ainsi que de l’impact de la guerre de la Russie contre l’Ukraine sur la sécurité régionale et mondiale», a indiqué la porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche, Emily Horne. 

Selon le New York Times, qui a cité dimanche des responsables anonymes, la Russie a demandé à la Chine de lui fournir des équipements militaires pour la guerre et une aide économique pour surmonter les sanctions internationales. Ces responsables n’ont pas précisé la nature exacte de l’aide demandée, ni si la Chine a répondu. 

Ces propos ont provoqué l’ire de Pékin. «Ces derniers temps, les Etats-Unis propagent constamment de fausses nouvelles à l’encontre de la Chine», a déclaré, hier devant la presse, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian. «Nous surveillons étroitement la mesure de laquelle la Chine fournit, d’une manière ou d’une autre, qu’elle soit matérielle ou économique, une assistance à la Russie», a déclaré, dimanche sur CNN, Jake Sullivan, ajoutant que «c’est un sujet de préoccupation pour nous». «Et nous avons fait savoir à Pékin que nous ne resterons pas passifs et ne laisserons aucun pays compenser les pertes de la Russie dues aux sanctions économiques», imposées depuis le début de l’intervention russe en Ukraine le 24 février, a-t-il soutenu. 

Et de prévenir : «Il y aura absolument des conséquences en cas d’importantes actions visant à contourner les sanctions.» La Chine a adopté une attitude prudente à l’égard de l’Ukraine. Au début de février, Pékin et Moscou ont signé une déclaration commune dans laquelle les deux pays ont dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices.

 Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington, ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan». Comme ils ont appelé «l’Alliance Atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide». 
 

Par ailleurs, la quatrième session de pourparlers entre l’Ukraine et la Russie reprendra aujourd’hui après une «pause technique» lundi, selon Kiev. «Nous faisons une pause technique dans les négociations jusqu’à demain» pour permettre «des travaux supplémentaires des sous-groupes de travail et la clarification» de certains termes, a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, un négociateur et conseiller du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. L’Ukraine a affirmé plus tôt qu’elle exigerait une nouvelle fois une trêve immédiate dans les combats et le retrait des forces russes. 
 

Zelensky tient à la zone d’exclusion
 

De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’adressera virtuellement à l’ensemble du Congrès américain aujourd’hui, ont annoncé hier les responsables démocrates de la Chambre et du Sénat, Nancy Pelosi et Chuck Schumer. 
 

Dans la nuit de dimanche à lundi, il a exhorté l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de son pays. «Si vous ne verrouillez pas notre ciel, ce n'est qu'une question de temps, les roquettes russes vont tomber sur votre territoire, sur le territoire de l’Otan, sur les maisons des citoyens de l’Otan», a-t-il déclaré dans une allocution vidéo. Cette option a été catégoriquement exclue récemment par les Etats-Unis comme l’Otan. Mercredi, il a appelé les Occidentaux à lui envoyer «au plus vite» des avions de chasse, à commencer par les Mig-29 proposés par Varsovie, malgré une mise en garde du Kremlin. «Prenez une décision au plus vite, envoyez-nous des avions !» a-t-il déclaré aux Occidentaux dans une nouvelle vidéo sur sa chaîne Telegram. 

Washington, qui craint un élargissement du conflit, car la Russie a prévenu qu’elle considérerait l’envoi de tels avions par un pays tierce comme une implication directe dans la guerre en Ukraine, a rejeté la proposition. «Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable», a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby. «C’est un scénario très indésirable et potentiellement dangereux», selon Moscou. Pour sa part, le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a demandé hier au Conseil de l’Europe «l’expulsion immédiate» de la Russie de cette organisation paneuropéenne de défense des droits humains. 
 

Sur le plan militaire, le Kremlin a prévenu hier que l’armée russe n’exclut pas de lancer des assauts pour prendre le contrôle total des grandes villes ukrainiennes. «Le ministère de la Défense, en assurant la sécurité maximale des populations civiles, n’exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dimitri Peskov. Il a assuré que le cas échéant, des couloirs humanitaires seraient préservés. 

Comme il a rejeté les propos de responsables occidentaux affirmant que le président russe, Vladimir Poutine, est «déçu que ses soldats n’avancent pas assez». Selon lui, le président russe a ordonné jusqu’ici «au ministère de la Défense de ne pas lancer un assaut rapide sur les grands centres urbains, y compris Kiev» afin d’éviter de lourdes pertes civiles.

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