Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Moscou dément tout appel entre Trump et Poutine

12/11/2024 mis à jour: 00:45
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Le président Vladimir Poutine en compagnie de Donald Trump

Le Kremlin, qui a démenti hier que le président russe, Vladimir Poutine, et le président américain élu, Donald Trump, se soient parlé, estime n'avoir reçu «aucun signal» de l'Occident pour des discussions sur le conflit avec l'Ukraine, rapporte l’AFP.

 Citant des sources anonymes, le Washington Post a affirmé que les deux hommes avaient eu un premier entretien depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, lors duquel le républicain, qui entrera en fonction le 20 janvier, aurait notamment appelé le président russe à ne pas provoquer d'escalade en Ukraine.

 «Cela ne correspond absolument pas à la réalité, c'est une pure invention», «une information fausse», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a ajouté qu'il n'y a «pas de plan concret» pour une telle discussion que les deux hommes se sont, la semaine dernière, dit prêts à avoir. Un porte-parole de l'équipe de transition du président américain élu a indiqué dans un communiqué ne pas «commenter les appels privés entre le président Trump et d'autres dirigeants». 

Un haut responsable à la présidence ukrainienne a relevé également l'absence de confirmation de cet appel ou du fait qu'il aurait eu pour objet le conflit en Ukraine. «De notre côté, nous poursuivons l'opération militaire spéciale», a prévenu Dmitri Peskov, utilisant le terme officiel russe pour ce conflit. Plus de deux ans et demi après le déclenchement par la Russie de son attaque de grande ampleur, Moscou, dont les troupes avancent, réclame que l'Ukraine dépose les armes, qu'elle lui cède une large part de son territoire et qu'elle renonce à son ambition de rejoindre l'Otan. 

Des conditions inacceptables pour Kiev. Handicapés par leur infériorité en nombre de soldats et en quantité d'armement, et par le refus des Occidentaux de les laisser utiliser les armes qu'ils leur livrent pour frapper la Russie en profondeur, les Ukrainiens reculent depuis plusieurs mois sur de multiples tronçons du front, une tendance qui s'est accélérée ces dernières semaines.

 Et de surcroît, Vladimir Poutine a signé dimanche un traité de défense mutuelle avec Pyongyang, qui entre donc en vigueur au moment même où les Occidentaux mettent en garde contre l'escalade majeure que représenterait l'engagement dans les combats de milliers de soldats nord-coréens. Selon Kiev et les chancelleries occidentales, ils sont positionnés dans la région russe de Koursk, où Kiev contrôle depuis août quelques centaines de kilomètres carrés de territoire. L'élection de Donald Trump, qui durant sa campagne a régulièrement affirmé pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine «en 24 heures», laisse en outre craindre à l'Ukraine et aux Européens un désengagement américain dans les mois à venir.
 

Pas question d’attendre pour Berlin

Les Etats-Unis dépenseront les six milliards de dollars restants dédiés à l'Ukraine avant l'arrivée de D. Trump au pouvoir, a affirmé dimanche le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, mettant en garde contre les risques liés à l'arrêt du soutien américain à Kiev. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s'est entretenu dimanche avec Donald Trump, et tous deux se sont dit «prêts à travailler ensemble pour le retour de la paix en Europe», a annoncé le gouvernement allemand.


Hier, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a mis en garde contre le risque de voir Vladimir Poutine profiter de la période de transition aux Etats-Unis pour pousser son avantage en Ukraine, appelant les Européens et Berlin à accroître leur aide sans délai. «Nous n'avons pas le temps d'attendre le printemps» alors que «c'est maintenant la période de transition que Poutine a toujours attendue s'agissant du résultat des élections aux Etats-Unis», a-t-elle déclaré lors d'une conférence à Berlin. Tout ce que l'Europe peut apporter au soutien de l'Ukraine «doit être mobilisé maintenant», a déclaré la ministre, évoquant la nécessité de renforcer la défense aérienne du pays, qui se trouve dans «une phase décisive». 

Juste avant les élections américaines, «il y a eu pour la première fois autant d'attaques de drones sur Kiev que jamais auparavant et la guerre a atteint une nouvelle dimension (...), maintenant c'est une guerre aérienne totale», a-t-elle indiqué. Elle a souhaité que l'Allemagne puisse augmenter ses dépenses budgétaires au profit de Kiev pour «au moins couvrir les besoins essentiels de la défense ukrainienne, en particulier s'agissant de la défense contre les drones». 


«Ce n’est pas une surprise»

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré un peu plus tard à Kiev qu’une victoire de la Russie dans la guerre contre l'Ukraine représenterait un échec pour les Etats-Unis. «Il est certain que ce ne serait pas une victoire pour les dirigeants américains si l'Ukraine s'effondre et que Poutine gagne la guerre», a-t-il prévenu. Il a dit n'avoir aucune indication que D. Trump et V. Poutine se soient déjà parlé, mais a ajouté qu'ils se parleraient «certainement». «Ce n'est pas une surprise», a-t-il déclaré, soulignant que des dirigeants européens, tels que le chancelier allemand Olaf Scholz, ont également déclaré qu'ils sont prêts à parler à Poutine. «Cela fait partie du jeu.» «Je ne peux pas anticiper quelle sera la position des Etats-Unis», a observé J. Borrell. «(…) Nous devons échapper à la logique selon laquelle les Etats-Unis agissent et que nous, l'Europe, réagissions, nous devons avoir notre propre capacité d'action.» 

L'objectif d'aider l'Ukraine à gagner la guerre reste «exactement» le même, a-t-il soutenu. Et l'objectif de V. Poutine consiste à mettre «la société ukrainienne sous la botte de la domination russe», a-t-il affirmé. «C'est existentiel» et les Ukrainiens «doivent donc résister». 


L'Europe a dépensé conjointement environ 125 milliards de dollars pour soutenir l'Ukraine depuis l'offensive russe de 2022, tandis que les Etats-Unis ont débloqué plus de 90 milliards de dollars, selon les estimations de l'Institut de Kiel. 


Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Vladimir Poutine a répété la semaine dernière «qu'il est ouvert à toutes les négociations» avec les Occidentaux sur l'Ukraine, mais «aucun signal n'a été envoyé» par ceux-ci. «S'ils disent que des signaux viendront, il faut les attendre», a-t-il ajouté. Si les responsables russes clament leur disponibilité pour discuter, ils répètent que cela doit se faire selon «les réalités» actuelles du front et à leurs conditions. «La situation sur le théâtre des hostilités n'est pas en faveur du régime de Kiev, l'Occident a le choix : poursuivre son financement (de l'Ukraine) et la destruction de la population ukrainienne ou admettre les réalités existantes et commencer à négocier», a ainsi dit la semaine dernière le chef du Conseil de sécurité russe et ex-ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Il est, hier et aujourd'hui, en visite à Pékin, principal soutien de la Russie dans son face-à-face avec les Occidentaux.


Les Occidentaux refusent toutefois d'autoriser Kiev à frapper en profondeur le territoire russe avec les armes qu'ils fournissent et d'abattre les engins russes visant les villes ukrainiennes, par crainte d'une escalade. 

 

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