Dans cette lettre, signée par 500 scientifiques et personnels de recherche français, et soutenue par une vingtaine d’organisations, les signataires interpellent leurs directions pour les inciter à condamner fermement les actes de commis par l’Etat sioniste à Ghaza et en Cisjordanie.
Une pétition signée par 500 universitaires et personnels de recherche exige la condamnation des violations du droit international par Israël et la suspension de toute collaboration scientifique avec ses institutions. Cette pétition a été adressée le 21 janvier 2025 aux directions des grandes institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche françaises.
Dans cette lettre, signée par 500 scientifiques et personnels de recherche français, et soutenue par une vingtaine d’organisations, les signataires interpellent leurs directions pour les inciter à condamner fermement les actes de génocide commis par l’Etat sioniste à Ghaza et en Cisjordanie. Ils demandent à ce que soient suspendues toutes les collaborations académiques avec les institutions israéliennes, en raison de leur implication dans ce qui est qualifié de «génocide» par de nombreuses organisations de droits humains et instances internationales.
«Notre communauté scientifique et l’ensemble des personnels de nos établissements sont profondément inquiets du silence des directions générales des établissements d’enseignement et de recherche face au génocide en cours commis par l’Etat d’Israël dans le Territoire occupé de Palestine», peut-on ainsi lire dans le texte de cette pétition, demandant ainsi à leurs directions de «déployer tous les moyens pacifiques à notre portée pour préserver, défendre et exiger le respect des droits humains, de nos valeurs d’intégrité, de rigueur et d’éthique scientifiques».
«Nous refusons toute forme de complicité avec l’oppression et les atteintes aux droits humains les plus élémentaires», écrivent-ils. Dans leur courrier, les chercheurs affirment leur «responsabilité collective face à l’histoire» et exigent une prise de position institutionnelle des grandes instances académiques françaises, telles que France Universités, le CNRS, l’Inrae ou encore l’INRIA.
«Complicité tacite»
La missive souligne le silence des directions de ces établissements face à ce que les signataires considèrent comme «une escalade de la colonisation de peuplement et de destruction systématique du peuple palestinien». Selon les auteurs de la pétition, la situation actuelle en Palestine mérite une réaction, sous peine d’une «complicité tacite». Les signataires pointent du doigt le rôle des universités israéliennes dans l’appui aux politiques du gouvernement Netanyahu.
Certains de ces établissements sont accusés d’apporter une aide directe à l’armée d’occupation israélienne ou de développer des technologies et stratégies utilisées pour la colonisation et le contrôle des territoires palestiniens. Pour ces universitaires, collaborer avec ces institutions reviendrait à «légitimer des violations du droit international et à cautionner indirectement des crimes de guerre».
Le texte cite de nombreuses sources, notamment la Rapporteuse spéciale de l’ONU, qui a déclaré que les actions israéliennes à Ghaza entraient dans le cadre d’un génocide. La Cour internationale de justice (CIJ) a également émis plusieurs ordonnances enjoignant à Israël de cesser ses attaques contre les Palestiniens, des injonctions restées lettre morte.
Le texte souligne que l’armée d’occupation a systématiquement détruit écoles, universités et bibliothèques à Ghaza, privant 88 000 étudiants d’accès à l’université et 700 000 élèves de leur scolarité. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) estime qu’il faudra 45 ans pour recycler la moitié des débris de Ghaza, compromettant durablement l’avenir des populations locales.
Aussi, les universitaires demandent-ils la suspension immédiate des collaborations et accords de partenariat avec les institutions israéliennes, l’arrêt de tout nouvel engagement scientifique avec Israël ainsi que la non-participation à tout événement scientifique impliquant des institutions israéliennes.
Cette prise de position intervient dans un contexte où d’autres universitaires à travers le monde adoptent des mesures similaires.
En 2024, des chercheurs britanniques et américains avaient déjà appelé à couper les liens académiques avec les institutions israéliennes. Parmi les signataires, figurent, notamment, les syndicats CGT-Cirad, la CGT FERC Sup-Université de Bretagne Occidentale, le Snesup-FSU-Université Montpellier Paul-Valéry, la Section Solidaires Etudiant-e-s Lyon, le Snesup-FSU-Université Savoie Mont-Blanc et le SUD éducation Université Montpellier Paul-Valéry.
Ont également signé de nombreux scientifiques du CNRS (Ahmed Abbès, Sara Aguiton, Denise Aigle), des universitaires du Cirad (Pierre Alart, Sandrine Auzoux, Franc-Christophe Baurens) ainsi que de l’Inrae (Théo Delauney, Tara Dourian et Alain Dutech).