Concessionnaires automobiles agréés : De lourdes pertes

26/12/2024 mis à jour: 22:48
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La rareté de véhicules neufs continue d’affecter le marché automobile en Algérie. Les premières victimes de cette situation sont les concessionnaires agréés.

L’année 2024 ne sera pas un bon souvenir pour les représentants de marques de voitures en Algérie. 

En cause, l’histoire de l’importation de véhicules, reportée aux calendes grecques, n’a pas connu son épilogue. Une année après l’obtention de l’agrément et le début de l’activité, les concessionnaires se retrouvent pris entre le respect des réglementations et la satisfaction des attentes des clients. 

Cette inertie a des répercussions directes sur la santé financière des entreprises concernées, menaçant la viabilité de leurs opérations. A titre d’exemple, face à l’absence probable d’un quota d’importation pour 2024, certaines marques, comme Geely, commencent à rembourser les clients ayant versé un acompte de 10 %. 

Cette décision répond à la nécessité de compenser les clients, conformément aux exigences du cahier des charges. Ces exigences stipulent que les concessionnaires incapables de livrer des véhicules doivent rembourser 10% du montant versé avec une autre compensation de 10% sur ce même montant. Bien que la procédure soit légale, elle ne favorise pas nécessairement les intérêts des clients algériens. 

La situation souligne les complexités auxquelles sont confrontés les consommateurs dans le secteur des voitures neuves en Algérie et appelle à une réflexion sur l’amélioration des processus logistiques et administratifs pour une expérience d’achat plus fluide. D’autres marques, ayant recueilli des demandes de clients depuis des mois se retrouvent dans une situation plus délicate. Elles doivent faire face à des pertes financières importantes dues à ces remboursements. 

Actuellement, les concessionnaires sont dans une position hypothétique. Ils ne peuvent pas honorer leurs engagements tout en respectant la réglementation. Pis, les problèmes sont à énumérer pour les représentants de marques automobiles. El Watan s’est rapproché de certaines marques activant dans le secteur pour s’imprégner de la situation. Pour un responsable d’une marque, «A cause de ces retards prolongés dans la délivrance du quota de véhicules neufs, engager une planification d’activité claire et les investissements nécessaires deviennent très contraignantes. Les concessionnaires hésitent d’investir davantage en plus des pertes sèches enregistrées durant l’année. 

En parallèle, les difficultés financières des concessionnaires peuvent les amener à réduire leurs effectifs, entraînant des pertes d’emplois dans le secteur de la vente et de l’entretien des véhicules», nous confie l’interlocuteur tout en ajoutant que «le retard des quotas peut également compliquer les relations avec les fournisseurs internationaux qui peuvent hésiter à travailler avec des concessionnaires algériens en raison de l’incertitude réglementaire ».  
 

Repenser l’écosystème

Faut-il encore mentionner que «les constructeurs automobiles travaillent plusieurs mois à l’avance sur la base d’un business plan annuel. C’est ainsi qu’ils intègrent leurs partenaires importateurs dans leurs plans de charge. Annoncer les quotas à la fin d’un exercice amène à hypothéquer la capacité des concessionnaires à assumer pleinement leur rôle», explique un autre représentant. 

Aujourd’hui, même si le quota d’importation de véhicules neufs serait décidé dans les prochains jours, les concessionnaires continueront d’encaisser les pertes durant les mois à venir. Car ils devront ouvrir, une fois les quotas répartis pour chaque marque, une lettre de crédit, attendre plusieurs semaines durant lesquelles leurs volume de voitures seront fabriqués, puis leurs transfert vers les ports algériens, ensuite entamer les démarches de dédouanement et enfin le transfert des véhicules dans le réseau de distribution. Toutes ces démarches, si elles se déroulent dans les délais prévus, ce qui est loin d’être le cas, prennent plusieurs mois.

Lors d’une récente diffusion en direct, le président de l’organisation de protection des consommateurs ‘ Himayatek, Aïsaoui Mohamed, a souligné la gravité de la situation. «En décembre, à quelques jours de la fin de l’année, les licences d’importation n’ont toujours pas été attribuées. Cela menace gravement les perspectives du secteur automobile», alerte-t-il. 

Aïsaoui Mohamed a évoqué plusieurs problèmes liés à l’importation de voitures et a critiqué les entraves administratives. Il a demandé aux responsables d’agir rapidement pour relancer les importations. Le gouvernement algérien a accordé 38 agréments à des sociétés représentant des marques automobiles, mais la majorité n’a pas encore commencé à importer des véhicules. 

Parmi les marques les plus présentes sur le marché, on trouve Opel, Fiat, JAC, Geely et Chery, Baic et  Joyear. Les pouvoirs publics ont promis des réformes pour améliorer le processus de l’importation de véhicules et restaurer la confiance dans le secteur automobile. 

Cependant, les progrès tangibles tardent à se concrétiser laissant les acteurs du marché dans l’attente et l’incertitude.                                         

Par Aziz Kharoum   

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