Comprendre les grandes questions macroéconomiques

18/08/2024 mis à jour: 00:59
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Photo : D. R.

La macroéconomie est au centre des préoccupations de tous les gouvernants et citoyens de par le monde mais la compréhension de ses mécanismes et démarches est complexe à saisir d’où l’importance d’une note d’explication succincte.

En effet, si l’économie concrète est à la portée des populations (notamment la loi de l’offre et de la demande, le besoin d’épargner, les taux d’intérêt), a contrario, les facteurs explicatifs des grandes questions macroéconomiques et les politiques à mettre en œuvre pour y remédier sont difficiles à saisir pour les citoyens d’autant plus que ces dernières sont l’objet d’approches divergentes liées à des considérations politiques, philosophiques et morales.

Loin d’être un cours de macroéconomie, cet article est d’abord et avant tout un exercice simple d’éclaircissement de quelques grandes questions macroéconomiques qui affectent la gouvernance économique des pays et impactent quotidiennement la vie des citoyens. Discutons des principaux mécanismes et démarches qui guident la vie macroéconomique.

Macroéconomie et politiques macroéconomiques : (1) La macroéconomie  est une branche de la science économique qui étudie la structure globale d’une économie et ses performances pour des périodes données. Plus particulièrement, dans le contexte de l’économie mondialisée actuelle, les concepts macroéconomiques les plus couramment utilisés et qui constituent en même temps les grands enjeux pour tous les pays et populations du globe sont ceux de stabilisation macroéconomique, croissance économique, inflation, emploi et balance des paiements (vu la circulation transfrontalière des biens et services et personnes) ; (2) les politiques macroéconomiques : ensemble des leviers de gestion activés (budgétaire, monétaire, de change) et des mesures structurelles et sectorielles mises en place par les autorités d’un pays pour la maîtrise de ces enjeux.

La qualité de ces politiques (favorisée entre autres par l’implication des agents économiques dans leur conception) joue un rôle crucial dans la résolution de ces enjeux. En fait, dans de nombreux pays, des observatoires sont mis en place (impliquant la société civile) pour les questions budgétaires, la qualité de la croissance et le développement soutenable. La macroéconomie c’est pour les citoyens et avec les citoyens. 

La gestion macroéconomique s’inscrit dans le temps moyen et long. Elle implique : (1) une feuille de route articulée autour : (i) d’une vision à long terme (sur 30 ans au moins) pour définir le type d’économie que les dirigeants souhaitent mettre en place pour tenir compte des évolutions sociales et sociologiques, des changements climatiques et des révolutions technologiques ; (ii) des stratégies décennales (avec des objectifs intermédiaires) pour atteindre progressivement cet objectif ultime  ; et (iii) des plans d’action à moyen terme pour mettre en place des politiques macroéconomiques, structurelles et sectorielles devant réaliser les cibles intermédiaires contenues dans chacune des stratégies décennales ; et (2) des outils de gestion, de suivi et calibrage des politiques macroéconomiques et structurelles (cadres macroéconomique et budgétaire à moyen terme et indicateurs économiques et sociaux).

Croissance économique, emploi et inclusivité : Résultent de politiques publiques globales et cohérentes articulées sur le moyen et long terme autour de quatre socles interactifs : (1) le maintien de la stabilité macroéconomique (incontournable pour assurer les grands équilibres si nécessaires à l’activité économique) ; (2) la qualité des politiques macroéconomiques et des outils de gestion et de calibrage; (3) la résolution du défi structurel de l’offre (d’où le besoin de réformes structurelles pour faciliter la création de nouvelles capacités de production) ; et (4) l’intégration dans la démarche macroéconomique des défis de l’heure et des avancées technologiques pour disposer de politiques sectorielles adéquates favorisant la création d’activités à très forte valeur ajoutée et préservant la compétitivité du pays dans un monde concurrentiel.

L’incontournable stabilisation macroéconomique. En termes simples, cela signifie un budget sous contrôle (pour éviter les retombées macroéconomiques néfastes d’un manque de discipline budgétaire), une inflation maîtrisée (pour doter le pays d’une visibilité en termes d’investissement, de production et de consommation) et un déficit de la balance des paiements soutenable (pour se prémunir contre des effets de change défavorables et la spéculation).

En termes d’action concrètes, il s’agit alors : (1) d’aligner la monnaie sur les niveaux du marché, gérer l’inflation, mettre en place des facilités de change, élaborer un budget national soutenable (qui génère des recettes pérennes ne défavorisant pas l’effort et inclut un système transparent de dépenses publiques)  ; et (2) disposer d’un cadre juridique couvrant les processus budgétaires, les opérations des banques centrales, le commerce international, le commerce intérieur et les institutions de gouvernance économique.

L’enjeu de la croissance économique (et non le développement économique qui n’est pas le sujet de l’article). Cette dernière cible une augmentation saine et soutenue de la production et de la consommation de biens et de services d’une économie sur une période prolongée.

Elle constitue un indicateur crucial de la santé et de la prospérité économique d’un pays et contribue à améliorer le niveau de vie, créer de l’emploi et réduire les inégalités.

(1) Les déterminants de la croissance économique :  (i) l’investissement : dans les infrastructures physiques, la technologie et le capital humain (facteurs de productivité et d’expansion économique) ; (ii) l’innovation : vecteur d’efficacité et de hausse de l’output ; (iii) le capital humain : dont le degré de qualification favorise la productivité et l’innovation et permet une croissance durable ; et (iv) l’entreprenariat : la création et la croissance de nouvelles entreprises augmentent le volume de l’output, les emplois et favorisent la concurrence ; (2) Les contraintes pesant sur la croissance :  (i) le niveau limité des ressources : notamment l’énergie, les matières premières et les ressources humaines qualifiées ; (ii) les inégalités de revenus : qui réduisent le niveau de la consommation globale ; (iii) le contexte économique mondial : qui est un facteur de ralentissement de l’activité d’un pays (baisse de la demande extérieure, volatilité des marchés de produits de base et/ou les politiques monétaires et budgétaires des grands pays) ; et (iv) les tensions géostratégiques (sources d’instabilité importantes) ; (3) Les vecteurs d’une croissance qualitative :  (i) un environnement adéquat pour produire, vendre, distribuer et consommer (systèmes de transport, de communication et réseaux d’énergie) ; (ii) des travailleurs et travailleuses formées et en bonne santé (d’où l’accent sur l’éducation et formation  pour disposer d’une main-d’œuvre compétente capable de stimuler l’innovation et la productivité) ; (iii) la recherche et le développement en complément d’une modulation des facteurs capital et emploi: ce qui implique d’investir dans la recherche et le développement pour bénéficier d’avancées technologiques et améliorer la compétitivité ; (iv) un cadre juridique approprié et des institutions appuyant l’entrepreunariat : ce qui suppose de créer un environnement propice à l’entrepreunariat, avec des politiques de soutien multiformes et un accès au financement ; et (v) un cadre de coopération mondiale : pour réguler et favoriser les échanges commerciaux et financiers internationaux et maintenir un système monétaire international équitable et stable.

Le chômage : De façon générale, le chômage émerge quand des individus, bien que désireux et capables de travailler, ne sont pas en mesure de trouver un emploi rémunéré.

Trois types de chômage :  (1) le chômage frictionnel : intervient pendant les phases de transition d’un travailleur, reflétant le temps et les efforts de recherche nécessaires pour trouver un nouvel emploi approprié ; (2) le chômage structurel : résulte d’un décalage entre les compétences possédées par les demandeurs d’emploi et les exigences des postes disponibles ; et (3) le chômage cyclique lié aux ralentissements économiques qui causent ainsi une réduction de la demande globale de main-d’œuvre en raison de la baisse d’activité des entreprises.

Si le chômage pénalise d’abord et avant tout les travailleurs qui ont perdu leur emploi, ses ramifications sont multiformes et affectent les habitudes de consommation, la production économique et le bien-être général de la société.

La réduction du chômage est un défi énorme qui demande du temps et des politiques publiques globales, intégrées et cohérentes basées sur différentes pistes, dont : (1) le renforcement des investissements dans les secteurs de l’éducation et de la formation ; (2) l’encouragement d’un tissu dense de petites et moyennes entreprises ; (3) la flexibilisation du marché du travail (faciliter des transitions plus fluides entre les emplois) ; (4) la conduite de politiques de l’emploi souples et dynamiques qui favorisent le placement, la formation professionnelle, le suivi des chômeurs et des programmes d’emploi subventionnés ; (5) la mise en œuvre de politiques budgétaires et monétaires contracycliques le cas échéant pour soutenir l’expansion des entreprises à charge pour ces dernières d’accroître les postes de travail ; (6) la promotion de l’inclusion dans la société pour faire tomber les obstacles à l’emploi (réduction des disparités de revenus, amélioration de l’accès aux opportunités, éducation et formation non restrictives) ; et (7) le renforcement du réseau de startups en boostant un écosystème approprié et dynamique.

L’inflation : se définit comme l’augmentation soutenue et durable du niveau général des prix des biens et des services dans une économie.

Si une inflation modérée est utile et symbolise la rareté des ressources, a contrario des taux d’inflation élevés et durables réduisent le pouvoir d’achat des consommateurs, créent une incertitude pour les entreprises et les consommateurs et introduisent des distorsions dans la répartition des ressources.

(1) la nature de l’inflation : (i) forte demande qui dépasse l’offre globale, causant ainsi une hausse des prix (inflation par la demande) ; (ii) hausse des coûts de production, dont les salaires et/ou les prix des matières premières (inflation par les coûts) ; et (iii) faiblesse prolongée de la production ou déséquilibres du secteur de la distribution (inflation structurelle) ; (2) les impacts de l’inflation : sont multiples : (i) érosion du pouvoir d’achat ; (ii) incertitude macroéconomique qui contraint l’investissement, la production et la consommation ; (iii) érosion de la compétitivité d’un pays  ; et (iv) affaiblissement de la capacité des prix à agir comme témoin de la bonne répartition des ressources ; et (3) les politiques de réduction de l’inflation : (i) mix macroéconomique adéquat (réduction du déficit budgétaire ajustement des taux d’intérêt, ajustement du taux de change) ; et (ii) politiques de l’offre : mise en œuvre de politiques favorisant la productivité et réduction des coûts de production.

Si besoin est, la banque centrale devrait changer de cadre de politique monétaire pour combattre l’inflation plus efficacement. Dans tous les cas, la politique de lutte contre l’inflation doit être transparente pour renforcer la confiance du public et la crédibilité de la politique publique.

Le secteur extérieur ou les relations d’une économie avec le reste du monde. Symbolisée par la balance des paiements qui évalue les performances d’un pays avec ses partenaires économiques et financiers.

Deux grands comptes sont repris dans la balance des paiements, dont : (1) le compte courant : qui intègre la balance commerciale (exportations et importations de biens et services), la balance des revenus nets de l’étranger et la balance des  transferts courants nets ; et (2) le compte capital et financier qui englobe : (i) les transferts de capitaux et l’acquisition ou la cession d’actifs non financiers ; (ii) les transactions financières (investissements directs étrangers et investissements de portefeuille) ; et (iii) les variations des avoirs de réserve de change.

Si les échanges d’un pays avec le reste du monde ne doivent pas nécessairement être équilibrés, il est impératif que la balance des paiements soit toutefois soutenable.

De ce fait, une analyse de la viabilité extérieure doit être conduite pour : (1) identifier les défis extérieurs en passant en revue :  (i) les déséquilibres commerciaux (déficits ou excédents commerciaux persistants) qui renvoient éventuellement à un manque de compétitivité, une structure économique non diversifiée et une réduction de la demande intérieure ; (ii) le niveau d’endettement extérieur : un niveau excessif peut conduire à des difficultés de remboursement et avoir un impact sur la solvabilité d’un pays ; et (iii) le degré d’équilibre du taux de change : de fortes fluctuations du taux de change ou un décrochage par rapport à sa valeur d’équilibre peuvent affecter la compétitivité des exportations et des importations et accentuer l’inflation ; et (2) déterminer les leviers à actionner pour maintenir une balance des paiements soutenable ce qui implique un mix de mesures (politiques commerciales appropriées, ajustements budgétaires, gestion plus efficiente du taux de change et attractivité du pays pour attirer des investissements directs étrangers).

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