Commission d'enquête parlementaire à Sétif : Entre vérités des commerçants et scepticisme des consommateurs

17/01/2022 mis à jour: 18:00
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Les citoyens sont grandement pénalisés par la spéculation qui touche certains produits alimentaires / Photo : H. Lyès

Pour le président de la commission, Smail Kouadria, la virée sétifienne a été fructueuse. Il a sans nul doute consigné les innombrables remarques et préoccupations des commerçants qui en ont gros sur le cœur.

Pour avoir une idée sur la flambée des prix et la pénurie de certains produits de base, tels que l’huile de table, une commission d’enquête parlementaire s’est rendue hier à Sétif, l’une des plus importantes plaques commerciales du pays.

Conduite par Smaïl Kouadria, président de la commission économique et commerciale de l’Assemblée populaire nationale (APN), la commission a entamé sa mission au niveau du marché de gros des produits alimentaires, où elle s’est entretenue avec des grossistes et des citoyens.

Elle s’est, par la suite, rendue chez un gros dépositaire d’huile et de sucre. Pour le président de la commission, la virée sétifienne a été fructueuse. «Cette sortie nous permet de connaître la réalité du terrain, les positions des différents intervenants et l’opinion du citoyen. A l’issue de notre tournée, nous allons établir un rapport détaillé de la situation. Nous comptons boucler notre mission dans une dizaine de jours», dira Smaïl Kouadria, qui a sans nul doute consigné les innombrables remarques et préoccupations des commerçants qui en ont gros sur le cœur.

«Il est à la fois simple et facile de pointer du doigt le grossiste ou le petit détaillant, les maillons faibles de la chaîne. L’augmentation du prix des produits alimentaires de première nécessité n’est pas un phénomène spécifique à l’Algérie. Il est mondial. La flambée des frais du transport maritime est la principale cause du problème, impactant directement le consommateur. Avant l’apparition de la crise sanitaire, le transport d’un conteneur oscillait entre 6000 et 7000 dollars. Aujourd’hui, il a atteint la barre des 22 000 dollars. Il y a lieu d’ajouter la taxe douanière de 1500 dollars le conteneur.

En incluant la valeur de la marchandise d’un prix moyen de 10 000 dollars, je vous laisse le soin de faire le compte. La question de la demande dépassant de très loin l’offre est un élément non négligeable. La flambée des prix des matières primaires en rajoute une couche», révèle à El Watan un grossiste-importateur de la cité Kerouani, fief du plus grand marché de gros des produits alimentaires de l’est du pays.

Preuve à l’appui, un autre abonde dans le même sens : «L’augmentation des frais de transport et de la taxe douanière oblige nos fournisseurs à appuyer sur le bouton. La preuve, en 48 heures, les prix de certains produits ont flambé. A titre d’exemple, les lentilles, qui coûtaient la semaine dernière 228 DA/kg, dépassent aujourd’hui les 250 DA. Le pois chiche est vendu 180 DA/kg, contre 155 DA la semaine dernière. Une telle facture grève le budget des démunis.»

En abordant la lancinante question de l’huile de table, nos interlocuteurs sont catégoriques : «Je ne commercialise plus l’huile de table qui me conduit directement vers la prison. Je ne peux courir le risque et envoyer mes camions à Alger ou ailleurs, car au moindre contrôle, on est verbalisés et considérés comme des spéculateurs. Il ne faut pas non plus éluder la marge bénéficiaire. Elle est insignifiante pour de nombreux produits.

Pour combattre la pénurie de l’huile et du lait, il est nécessaire de lancer une véritable guerre aux barons de la contrebande, ceux qui inondent les marchés des pays voisins en produits algériens.»

Se considérant comme otage des fausses pratiques commerciales, le consommateur ne sait plus où donner de la tête. «La squelettique augmentation des salaires ne va pas mettre un terme à l’érosion du pouvoir d’achat des familles nombreuses et des petits salaires. En plus de l’augmentation des prix, certains produits de base, tels que l’huile de table et le lait, sont introuvables.

Nous sommes donc obligés de courir derrière un sachet de lait ou une bouteille d’huile, dont le prix est hors de portée des petites bourses», fulminent des citoyens de la capitale des Hauts-Plateaux n’attendant rien de concret de la commission d’enquête… 

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