Commission de révision des subventions : La classe politique divisée

19/05/2022 mis à jour: 03:32
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Photo : B. Souhil

Selon une source proche du parti, le FFS ne siégera pas au sein de la commission chargée de la révision des subventions, et ce, contrairement au Parti des travailleurs (PT) et au MSP qui ont déjà donné leur quitus.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a lancé deux chantiers, l’un a trait à l’installation de la commission nationale chargée de la révision du système des subventions, et l’autre porte sur la tenue, dans les semaines à venir, d’une «rencontre inclusive» des partis politiques.

Le chef de l’Etat, qui en a fait l’annonce à partir de la Turquie, n’a pas donné plus de détails sur ce nouveau processus politique, ni sur le programme des rencontres.

Qu’en pense la classe politique ? L’opposition répondra-t-elle positivement à ces deux annonces ? Les avis sont plus ou moins partagés. S’agissant du second point, nombreux sont les partis politiques qui refusent d’avancer leur avis sur le sujet tant qu’ils n’ont pas de détails sur le projet, que ce soit sur la forme ou dans le fond.

Néanmoins pour l’heure, la plupart des partis politiques, à l’instar du FLN, RND, front El Moustakbal, Jil Jadid, le mouvement El Bina, ont dit oui. Certaines formations de l’opposition, comme le Front des forces socialistes (FFS), se disent «favorables» à une offre de dialogue, mais avec l’adhésion de l’ensemble des forces vives de la société.

Toutefois, le FFS, selon une source proche du parti, ne siégera pas au sein de la commission chargée de la révision des subventions, et ce, contrairement au Parti des travailleurs (PT) et au MSP, qui ont déjà donné leur quitus. Le RCD, quant à lui, n’a reçu aucune invitation allant dans ce sens.

Faut-il le rappeler, le FFS et plusieurs autres partis politiques, associations professionnelles, organisations syndicales et patronales, l’APN et le Sénat ont été destinataires d’une invitation pour la désignation de leurs représentants dans la composition de la commission nationale de réforme des subventions.

Le rendez-vous était prévu pour hier 10h, au Palais des nations à Club des Pins, sous la tutelle du président de la République. Mais la rencontre a été reportée à une date ultérieure.

Pourquoi le FFS ne participe pas ? «Nous devions tenir une réunion mardi soir pour trancher la question, mais puisque le rendez-vous a été reporté, alors nous avons également retardé notre réunion», explique Hakim Belahcel, membre de l’instance présidentielle, refusant d’en dire plus.

Mais, d’après nos sources, le parti déclinera l’invitation car il ne sait pas si la commission nationale sur les subventions sera chargée d’élaborer des textes législatifs destinés à mettre un terme aux subventions de l’Etat.

«Désengagement irresponsable»

«Si c’est le cas, ça va être un désengagement irresponsable et condamnable de la part du pouvoir. Le FFS ne sera jamais complice d’une démarche visant à aggraver la situation économique et sociale du peuple algérien, déjà en proie à une vague de paupérisation écrasante et sans précédent», explique un cadre du parti, qui pense que «cette commissions ad hoc, semblable au format de celles qui ont élaboré les avant-projets sur la Constitution et la loi électorale, ne peut être en aucun cas le cadre approprié et légitime pour débattre du destin socio-économique du peuple algérien».

Le FFS, insiste sa direction, continuera à revendiquer l’organisation d’une conférence nationale économique et sociale, ouverte à l’ensemble de la classe politique, les représentations sociales et syndicales et les experts en la matière, afin d’élaborer des propositions «sérieuses et efficientes, capables d’extirper le pays de ce marasme économique et social».

Le RCD, qui n’a pas été sollicité à participer à la révision du système des subventions, est persuadé que la programmation d’une rencontre autour de la levée des subventions dans une conjoncture difficile pour l’écrasante majorité des Algériens qui souffre d’une érosion inquiétante de son pouvoir d’achat n’est pas un signal d’apaisement pour le front social.

«La convocation d’une telle conférence-alibi dénote, une fois de plus, l’improvisation et les fuites en avant du pouvoir», soutient Atmane Mazouz.

Et de s’interroger comment mettre à l’ordre du jour la fin des subventions au moment où la crise mondiale induite par la guerre en Ukraine fait flamber les prix des produits alimentaires de base. A travers cette démarche, le gouvernement tente, selon le RCD, de faire porter la responsabilité de sa politique d’appauvrissement à une commission qu’il voudra constituer dans cette réunion.

Le PT ira à cette commission pour défendre, explique sa direction, le maintien des subventions de l’Etat dans une situation marquée par l’effondrement social généralisé et sans précédent, qui fait peser les plus grands dangers sur la cohésion nationale et donc la stabilité du pays.

Le MSP, qui n’est pas contre le ciblage, défend sa participation pour avoir des réponses à des interrogations. «Il y a 5 ans, le ministère de l’Intérieur et celui de la Solidarité étaient chargés de mettre sur pied un livret social unifié qui identifiera les catégories sociales les plus défavorisées, où en est ce projet ? Quels sont les produits qui seront concernés par le ciblage ?» s’interroge Laouar Naamane. 

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