Les prix élevés des denrées alimentaires ont réduit les revenus disponibles des ménages dans de nombreuses économies, en particulier dans certains pays d'Europe centrale et orientale et dans de nombreuses économies, d’Afrique et du Moyen-Orient qui importaient de grandes quantités de céréales en provenance d'Ukraine avant la guerre.
La croissance du commerce et de la production s'est ralentie en 2022 et est restée faible au cours des premiers mois de 2023, selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
En effet, dans son dernier examen statistique du commerce mondial 2023, il en ressort que les perspectives pour le commerce et le PIB pour le reste de l'année 2023 sont assombries par des facteurs négatifs, notamment l'aggravation des tensions géopolitiques, l'insécurité alimentaire et énergétique, le risque accru d'instabilité financière et le resserrement des politiques monétaire dans les principales économies.
Par les chiffres, le rapport de l’OMC a indiqué que la croissance du volume des échanges de marchandises est tombée à 2,7% en 2022, contre 9,4% en 2021, tandis que la croissance du PIB, aux taux de change du marché, a chuté à 2,5% en 2022. La croissance du PIB aux taux de change du marché est tombée à 3,0%, contre 5,9% en 2021.
Contrairement aux échanges en volume, les échanges en dollars courants ont connu une croissance à deux chiffres. La valeur des exportations mondiales de marchandises a augmenté de 11% pour atteindre 24 905 milliards de dollars, en partie en raison de la flambée des prix de l'énergie et d'autres produits primaires.
Dans le même temps, les exportations de services commerciaux ont augmenté de 16% pour atteindre 7076 milliards de dollars. L'assouplissement progressif des restrictions liées à la pandémie de Covid-19 a entraîné une reprise des dépenses liées aux voyages internationaux, précise la même source.
Le ralentissement du commerce a culminé avec une chute de 2,1% en glissement trimestriel au quatrième trimestre 2022 et une nouvelle baisse de 0,3% au premier trimestre de 2023, en raison de la hausse des prix de l'énergie et de l'inflation.
Le commerce mondial des marchandises en volume qui a progressé de 2,7%, contre 12,4% en valeur s'explique en grande partie, selon les rédacteurs du rapport, par l'augmentation des prix des produits de base, consécutive aux tensions géopolitiques. Le commerce des services commerciaux a progressé plus rapidement que celui des marchandises, affichant une croissance de 15% tirée notamment par les services fournis par voie numérique.
L'augmentation de 2,7% des échanges est conforme aux prévisions de l'OMC après le début de la guerre en Ukraine, mais elle est meilleure que certaines prévisions plus pessimistes de l'OMC, indique-t-on. La fragmentation du commerce à grande échelle a été évitée jusqu'à présent, mais elle reste un sujet de préoccupation à mesure que les tensions géopolitiques s'accroissent.
Plusieurs facteurs ont contribué à la baisse du commerce au quatrième trimestre de 2022, selon la même source. Les prix élevés des denrées alimentaires ont réduit les revenus disponibles des ménages dans de nombreuses économies, en particulier dans certains pays d'Europe centrale et orientale et dans de nombreuses économies d’Afrique et du Moyen-Orient qui importaient de grandes quantités de céréales en provenance d'Ukraine avant la guerre.
Entre-temps, la hausse des prix de l'énergie et celle des taux d'intérêt ont augmenté les coûts de production et découragé l'investissement dans les économies industrialisées, en particulier en Europe.
La réapparition de foyers de Covid-19 en Chine a également perturbé la production et le commerce au quatrième trimestre, indique-t-on, tout en précisant que l'assouplissement des mesures de lutte contre la pandémie dans ce pays promet d'être de contrôler la pandémie dans le pays et stimuler la croissance en 2023.
Et si le volume des échanges de marchandises au premier trimestre 2023 a baissé de 1,0% par rapport à la même période en 2022, la croissance du commerce devra être plus forte pendant le reste de l'année pour atteindre les prévisions de l'OMC, à savoir 1,7% pour 2023, a-t-on ajouté.
Importations et exportations en baisse en Afrique
La performance du commerce de marchandises dans le monde a été faible vers la fin de l'année 2022 et au début de l'année 2023. Entre le troisième trimestre 2022 et le premier trimestre 2023, le volume des exportations de marchandises a augmenté en Amérique du Nord (0,7%), mais toutes les autres régions ont enregistré des baisses, notamment l'Afrique (-1,5%), l'Europe (-1,5%), l'Asie (-1,9%), l'Amérique du Sud (-2,6%), le Moyen-Orient (-2,8%).
Au cours de la même période, les volumes d'importations de marchandises ont diminué en Amérique du Sud (-9,4%), en Afrique (-3,5%), en Asie (-3,4%), en Europe (-3,5%) et en Asie du Sud-Est (-3,5%). Les importations du Moyen-Orient ont légèrement augmenté (0,8%).
La divergence des volumes d'exportation entre les régions qui est apparue pendant la pandémie s'est maintenue. Au premier trimestre 2023, les exportations de l'Asie étaient encore bien au dessus de leur niveau moyen de 2019 (+13,3%), alors que les volumes d'exportation ont fortement diminué en Afrique (-12,9%).
Les volumes d'importations ont augmenté par rapport à 2019 dans toutes les régions à l'exception de l'Afrique (-1,8%), selon l’OMC.Les prix des produits de base, en particulier des denrées alimentaires et de l'énergie, ont fortement augmenté en 2022 à la suite de l'éclatement de la guerre en Ukraine, ce qui a contribué à alimenter l'inflation dans de nombreux pays.
Les prix ont fini par redescendre de leurs sommets mais en mai 2023, ils restaient élevés par rapport aux normes historiques. En mai 2023, les prix du gaz naturel étaient en baisse de 81% par rapport au pic atteint en août 2022, mais ils restaient élevés par rapport aux normes historiques.
De même, les prix mondiaux des céréales en mai étaient inférieurs de 19% à leur pic de 2022, mais supérieurs de 54% à ceux de 2019. Les prix des engrais sont également restés très élevés, en hausse de 87% en mai par rapport à 2019. Les prix du gaz naturel ont tendance à diverger fortement d'une région à l'autre en raison d'une infrastructure de transport fixe qui empêche le gaz d'être facilement transporté d'une partie du monde à l'autre.
En septembre 2022, les prix du gaz en Europe étaient plus de huit fois qu'en janvier 2021. Les prix aux Etats-Unis ont triplé au cours de la même période, mais sont restés bas. Le dollar américain s'est régulièrement apprécié en termes nominaux effectifs par rapport à un large panier de devises au cours de l'année.
Une appréciation générale de la monnaie américaine tend à réduire la valeur des flux commerciaux mesurés en dollars américains. Pour les économies en développement, l'appréciation du dollar et les taux d'intérêt américains élevés se traduisent souvent par une hausse des prix à l'importation, des pressions inflationnistes et des taux d'intérêt élevés.
Entre octobre 2022 et mai 2023, la valeur du dollar américain par rapport à d'autres a baissé de 5,9%, ce qui pourrait contribuer à atténuer les tensions sur les marchés financiers mondiaux indique-t-on. Par ailleurs, la valeur en dollars US des échanges de produits agricoles a été de 13% en glissement annuel au deuxième trimestre 2022, mais au premier trimestre 2023, elle n'a progressé que de 4%.
La croissance annuelle des échanges de combustibles et de produits miniers a fortement diminué, passant de 59% au deuxième trimestre 2022 à 40% au premier trimestre 2023. Sur la même période, la croissance des échanges de produits manufacturés est passée de 9% à -4%.
Les services de transport ont enregistré une baisse de 4% au quatrième trimestre 2022, après une hausse de 40% au premier trimestre. Le facteur clé de cette baisse : les tarifs maritimes, qui ont chuté d'environ 75% entre le début et la fin de l'année, signale le rapport de l’OMC.
La catégorie des «autres services commerciaux», qui comprend les services financiers, est en baisse de 2% en glissement annuel. La catégorie des voyages a augmenté de 38% au quatrième trimestre 2022, en partie en raison de la faible base de l'année précédente, lorsque les contrôles liés à la pandémie sont restés inchangés.