Colonisation française en Algérie : La commission mixte d’historiens détaille les points de convergence

29/11/2023 mis à jour: 03:14
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Une semaine après la tenue d’une réunion de travail sur la période coloniale et de la Guerre d’indépendance, la commission mixte d’historiens algériens et français a annoncé, hier, avoir convenu d’une série de points liés essentiellement à la récupération des archives, des biens pillés et des ossements des héros de la Résistance populaire. 

Dans son allocution lors de la réunion, tenue mercredi dernier à Constantine, le coordonnateur de la commission, partie algérienne, Mohamed Lahcen Zeghidi, a souhaité la bienvenue à ses homologues français, avant d’entamer le débat à l’ordre du jour qui porte sur «les archives, la bibliographie, la chronologie, les biens pillés et autres», a ajouté la même source dans un communiqué, cité par l’APS. 
 

S’agissant des archives, les deux parties ont convenu de «la remise de 2 millions de documents numériques sur la période coloniale, 29 rouleaux et 13 registres, constituant 5 mètres des archives restants relatifs à la période ottomane, soit avant 1830».

 Quant à la bibliographie, les deux parties ont convenu de «continuer à constituer une bibliographie commune de recherches et de sources imprimées et de manuscrits remontant au XIXe siècle pour imprimer, numériser et traduire les plus importants vers les langues arabe et français, en œuvrant à récupérer tout ce qui peut l’être». Ils se sont accordés aussi à «continuer à réaliser une chronologie des crimes coloniaux durant le XIXe siècle». 

Concernant les biens spoliés, il a été convenu de «récupérer tous les biens qui symbolisent la souveraineté de l’Etat de l’Emir Abdelkader et des chefs de la résistance populaire ainsi que les crânes restants et la poursuite de l’identification des restes qui remontent au XIXe siècle, outre le recensement des prisonniers algériens avec établissement d’une liste nominative». 

Dans le domaine scientifique et académique, les deux parties ont convenu de «la mise en place d’un programme d’échange et de coopération scientifique qui prévoit des missions de chercheurs et d’étudiants algériens en France ainsi que des missions françaises en Algérie pour consulter les archives, avec levée des entraves administratives françaises devant les chercheurs algériens». 
 

Dans le même registre, la réunion a abouti à un accord entre les deux parties portant «organisation d’événements scientifiques conjoints au cours de l’année universitaire 2024-2025 et l’ouverture d’un portail électronique commun dédié à la période coloniale (1830-1962), ainsi que la poursuite des réunions périodiques entre les deux parties». Un débat scientifique responsable empreint de respect mutuel et de reconnaissance quant aux faits historiques vécus par l’Algérie sous le joug colonial et la nécessité de récupérer ses biens pillés pendant la période coloniale, notamment au XIXe siècle, a marqué cette rencontre, selon la Commission conjointe. 
 

Ces propositions seront soumises aux deux chefs d’Etat, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, qui sont à l’initiative de la création de cette instance. 

La création de cette instance de dix membres chargée d’étudier les archives algériennes et françaises portant sur la période coloniale avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français, Emmanuel Macron, et algérien, Abdelmadjid Tebboune. Elle est coprésidée côté algérien par l’historien Mohamed Lahcen Zeghidi. En novembre 2022, la présidence algérienne avait désigné M. Zeghidi et les historiens Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission. Les cinq historiens français qui en font partie sont Benjamin Stora (également coprésident de la commission), Florence Hudowicz (conservatrice au Mucem), le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur. Le président Tebboune avait indiqué que cette commission aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l’angle historique et non politique». 

Concernant le temps qui lui est imparti, le chef de l’Etat a précisé avoir évoqué avec son homologue français «un délai d’une année ou moins, si le travail est finalisé avant». 
 

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