Colonel-Major Mokhtar Ben Nasr. Ex-président de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme : «Il faut un suivi psychique minutieux des agents porteurs d’armes»

13/05/2023 mis à jour: 00:51
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Photo : D. R.

Le colonel-major Ben Nasr était porte-parole du ministère tunisien de la Défense pendant la recrudescence du terrorisme en Tunisie, durant les années 2013, 2014 et 2015. Il a également présidé la Commission nationale de lutte contre le terrorisme. 

El Watan a cherché à obtenir son analyse de la situation actuelle, suite à ce qui s’est passé à Djerba.

  • Le terroriste semble être un «loup solitaire», l’opération n’a pas été revendiquée. Qu’en pensez-vous ?

Oui, en effet, les informations circulant concernant l’assaillant de Djerba se limitent à révéler sa pensée comme extrémiste religieux. Certaines sources affirment qu’il est déjà signalé auprès de sa hiérarchie pour son extrémisme. Il aurait été interrogé pour cela. Mais, aucune décision n’a été prise à son encontre. 

  • Quel a été son mode opératoire ?

C’est clair que son opération a été minutieusement préparée, vu le choix de l’heure et la mise à disposition du quad pour faire la distance entre son poste à l’entrée du bac à Aghir et la synagogue. 

L’assaillant a également choisi le timing pour mieux réussir son coup. C’est le début de la nuit et c’est la fin des cérémonies, synonyme de relâchement chez tout le monde. Il a donc essayé de prendre la sécurité par surprise. Heureusement, ils ont été vigilants et un carnage a été évité. 

  • Quelles sont les leçons à tirer ?

La question des enquêtes sécuritaires concernant les recrues se pose avec une pertinence vitale. Il est vrai que les tiraillements au sein de l’Etat ont empêché pareil travail durant les dernières années. L’Etat n’était pas concentré sur cette question fondamentale.

Il est grand temps de renouer avec les bonnes vieilles méthodes pour scruter les moindres soupçons concernant les nouveaux arrivants et suivre psychologiquement et mentalement toutes les unités. 

Les agents porteurs d’armes constituent la colonne vertébrale de la sécurité dans le pays, notamment dans les unités sécuritaires de proximité, comme les diverses sections de la Garde nationale, les gardes-frontières de la douane ou les gardiens de prison. Un suivi est impératif et des commissions sont là pour prendre des décisions. 

Des renvois sont régulièrement décidés. Il y va de la stabilité de la Tunisie.

Propos recueillis par Mourad Sellami

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