Clôture jeudi du festival du film arabe d’Oran : Le film saoudien «Mandoob» décroche la plus haute distinction

12/10/2024 mis à jour: 01:29
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Membres du jury et lauréats du FIOFA, réunis sur scène - Photo : D. R.

La cérémonie de clôture a été ponctuée par plusieurs hommages rendus à des personnalités diverses.

Le Wihr d’or de la 12e édition du festival du film arabe d’Oran a été attribué à « Mandoob » (Night courier) du Saoudien Ali Khaltami. Il a été décerné dans la soirée de jeudi lors de la cérémonie de clôture organisée au Méridien. C’est un prix très encourageant d’abord pour son réalisateur qui, au passage, a effectué le déplacement à Oran, mais qui n’est pas resté pour le débat devant avoir lieu autour de son film, projeté dès samedi, ratant par la même occasion la remise du trophée quelques jours plus tard.

Celui-ci s’est néanmoins exprimé à distance pour remercier les organisateurs et le jury du festival pour la programmation et pour la distinction de son travail. C’est ensuite un encouragement pour la toute jeune industrie cinématographique de son pays qui voit sa filmographie s’enrichir au fil du temps tout en marquant des points à l’échelle internationale. Une première consécration pour une œuvre qui traite d’un pan, inédit dans la fiction, de la société saoudienne qui, comme toutes les autres, présente aussi et d’une certaine manière, selon les points de vue, des côtés sombres.

Dans la même catégorie des long-métrages, les «Wihr» d’argent et de bronze sont respectivement revenus aux travaux du Yéménite Amr Gamal dans «The Burdened» et ceux de l’Irakien Sahim Oran Kalifa dans «Baghdad Messi». Il a été dit que la qualité des films se valait mais que les choix étaient nécessaires.

C’est le même Jury de la catégorie long-métrages qui a distingué l’actrice jordanienne Mouna Hawa, pour son rôle dans le film «Inchallah a boy» signé Amjad Al Rasheed, mais aussi l’acteur algérien Samir el Hakim interprétant le rôle de Djamel dans «Terre de vengeance» de Anis Djaad. Une première compensation pour ce film qui a raté le podium, mais qui a eu également la chance d’être repêché pour s’être vu décerner le prix de la critique.

Le jury de celui-ci a par ailleurs imposé la distinction «mention spéciale», non prévu au programme et qui est revenue au film égyptien du jeune réalisateur Mahmoud Yahia pour son film «Mariam’s Choice». Comparés aux autres œuvres projetées lors de cette 12e édition, les deux ont en commun une certaine particularité dans le style de la narration.

«J’aime le cinéma»

Pour l’Egyptien, c’est un travail à la «Pulp Fiction» (Quentin Tarentino) avec des destins qui se croisent dans le tumulte de la vie. Une trame non linéaire ponctuée par des chapitres parfois très courts pour dépeindre la société et ses travers. Il s’agissait, selon le réalisateur qui s’était auparavant exprimé dans le débat, de suivre les péripéties d’un certain nombre de personnages mais se déroulant dans la même journée, ce qui ouvre la voie à l’exploration d’un nombre indéterminé de facettes de la société.

C’est l’un des rares films à oser encore casser, c’est juste dit au passage car la thématique est plus large et plus riche, les tabous liés aux relations homme-femme, un peu par l’image mais pas dans le langage comme le montre cette scène d’injures proférées par une femme mais camouflés délibérément par les klaxons de voitures. Le prix du meilleur court métrage a été décerné au Tunisien Merouane Labib pour son court intitulé «Leni Africo». Quoi de mieux pour ce réalisateur de voir son premier travail projeté et récompensé à Oran.

C’est cette gratitude qu’il exprimera dans son intervention à la réception du trophée. La catégorie des documentaires inclut également les films courts et c’est à l’Algérien Mohamed Wali d’avoir le privilège d’être primé pour cette sous-catégorie. Son film intitulé «Dahdouh» revient sur les conséquences de l’insécurité vécue à cause du terrorisme durant la décennie noire et s’intéresse à la résistance d’un homme qui refuse la fatalité en décidant de ne pas quitter son village.

«Au-delà des morts, c’est la perte d’identité culturelle liée à l’exode qui est également en jeu», explique l’auteur. Le prix du meilleur documentaire a été attribué au Syrien Yasser Kassab pour son film «Chasing the dazzling light». Des «mention spéciale» ont été distribuées à plusieurs autres travaux comme pour «The captain» du Tunisien Houssam Sansa. La cérémonie de clôture a été ponctuée par plusieurs hommages rendus à des personnalités diverses à l’instar de Mahmoud Hamida, acteur et producteur de cinéma ayant déjà joué dans un film intitulé «J’aime le cinéma».

Le «cinéma d’auteur», dont il a modestement toujours été question ici à Oran, peut très bien se passer du faste qu’on veut montrer à tout prix et qui est l’apanage de pays ou de genres où la dimension commerciale est prégnante quand elle n’est pas tout simplement dominante avec les notions de «box office» et de sujets «bancables». C’est loin d’être le cas en Algérie. 


 

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