Climat en Afrique : L’urgence de mobiliser des financements

24/05/2023 mis à jour: 00:11
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Photo : D. R.

La lutte contre les effets des changements climatiques figure parmi les principaux dossiers au menu de la 58e assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) et de la 49e assemblée du Fonds africain de développement (FAD), ouvertes officiellement hier en Egypte (Charm El Cheikh).

Des rencontres au sommet durant lesquelles les participants appellent à se pencher en urgence sur la question climatique. «La mobilisation des financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique» est d’ailleurs le thème principal retenu pour ces deux rendez-vous, qui se tiennent jusqu’au 27 mai.

L’occasion pour le président de la BAD de souligner l’urgence de mobiliser des financements en faveur du climat «dans une situation catastrophique» en Afrique. «L'Afrique se trouve dans une situation catastrophique en matière de changement climatique (...). Il est extrêmement urgent de s'attaquer à ce problème car l'Afrique est en train d'étouffer», a alerté M. Adesina lors d'une conférence qu'il a animée le 22 mai. Et de préciser que le continent a besoin de 2,5 mille milliards dollars d'ici 2030 pour s'attaquer au changement climatique.

Globalement, entre 1300 et 1600 milliards de dollars sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l'action climatique de l'Afrique, qui souffre d’un déficit annuel de financement climatique de 127 milliards de dollars. En effet, actuellement l’Afrique ne reçoit que 30 milliards de dollars alors qu’elle représente seulement 30% des «émissions cumulées» de déchets de la planète.

En 2020, 80% de ce montant ont été mobilisés auprès d'acteurs internationaux publics, alors que le financement fourni par le secteur privé n'y représentait que 14%, selon les données fournies par la BAD. Ce qui illustre l’importance des besoins pour un continent qui a connu de grandes catastrophes au cours de ces deux dernières décennies.

Au total, 1311 calamités liées à des conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique ont été enregistrées sur le continent en 2020 et 2021, dont 99 inondations, 16 tempêtes, 14 sécheresses et 2 incendies de forêt. En particulier, le nombre d'inondations en Afrique a été multiplié par cinq, depuis les années 1990, et les inondations sont devenues plus graves qu'auparavant.

Avec cet enchaînement de catastrophes, le continent, et en l'absence de politiques efficaces en la matière, pourrait perdre jusqu’à 12% de son PIB à l'horizon 2100, selon les scénarios de réchauffement climatique, contre moins de 1% pour les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni, ou entre 1 et 5% pour la Chine. L’Afrique a perdu chaque année quelque 5 à 15% de la croissance de son PIB par habitant, entre 1986 et 2015, en raison des risques liés au changement climatique.

Avec la promesse non matérialisée de mobiliser et de fournir 100 milliards de dollars de financement climatique par les pays développés, et les contraintes budgétaires lourdes dans la plupart des pays africains davantage exacerbées par la pandémie de Covid-19 et l'invasion en cours de l'Ukraine par la Russie, d’autres sources de financement sont nécessaires pour le changement climatique et la croissance verte. 

La BAD soutient le projet du gazoduc transsaharien TSGP

Le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a exprimé, lundi à Charm El Cheikh, le soutien de cette institution financière régionale au projet du Gazoduc transsaharien (TSGP) reliant le Nigeria à l'Europe via l'Algérie. C’est un mégaprojet de transport entre le Nigeria, le Niger et l’Algérie sur une distance de 4000 km.

«Ce gazoduc est très important, c’est un investissement que nous soutenons et que l’Union africaine soutient», a-t-il déclaré en marge d’une conférence de presse tenue la veille de l’ouverture de la 58e assemblée annuelle de la BAD. M. Adesina a, par la même occasion, salué les efforts de l’Algérie et son «engagement» pour soutenir le développement dans le continent. «Je salue les efforts de l’Algérie pour soutenir les pays africains à revenus très bas.

Je salue aussi l’engagement de l’Etat algérien pour sa contribution à la reconstitution du Fonds africain de développement, avec 10 millions de dollars, soit une contribution très importante, qui fait de l’Algérie l’un des plus importants contributeurs africains dans ce fonds.» Et d’ajouter : «L’Algérie soutient tout ce qui concerne l’Afrique et tout ce qui concerne l’intégration régionale, surtout en ce qui concerne les infrastructures. Il y a aussi le secteur pharmaceutique où l’Algérie fait beaucoup de progrès dont l’Afrique peut tirer profit.» R. E.

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