L'émissaire américain pour le climat, John Kerry, a renoué avec le dialogue en rencontrant son homologue chinois, Xie Zhenhua, à Pékin ce lundi 17 juillet.
Cette rencontre marque la reprise des discussions sur le changement climatique entre les deux principaux pollueurs mondiaux. Les deux hommes ont tenu une réunion de quatre heures, selon la télévision d'État CCTV. Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré lors d'un briefing régulier que le changement climatique était un défi commun pour l'humanité et que la Chine était prête à collaborer avec les États-Unis pour faire face à ces défis et améliorer le bien-être des générations actuelles et futures.
Le dialogue sur le climat avait été interrompu pendant près d'un an après que la Chine l'ait suspendu pour protester contre la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, à Taïwan. Cependant, les deux pays semblent maintenant vouloir reprendre les échanges, bien que Washington veuille affirmer sa fermeté dans ce domaine. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, a déclaré dimanche sur CNN que John Kerry appellerait la Chine à ne pas se cacher derrière le statut de pays en développement pour minimiser son engagement contre le changement climatique.
Jake Sullivan a souligné que chaque pays, y compris la Chine, avait la responsabilité de réduire ses émissions et a appelé le monde à encourager davantage la Chine, voire à exercer une pression sur elle, pour qu'elle prenne des mesures beaucoup plus radicales dans ce domaine. La Chine, deuxième économie mondiale, a encore du travail à faire pour réduire ses émissions, et John Kerry insistera sur ce point lors de sa visite à Pékin jusqu'à mercredi.
Ces derniers mois, les visites se sont multipliées depuis Washington pour réchauffer les relations diplomatiques entre les deux pays, avec la venue du secrétaire d'État américain Antony Blinken en juin et de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen début juillet. La troisième visite de John Kerry depuis son entrée en fonction en 2021 intervient à un moment où l'impact du changement climatique se fait ressentir à travers le monde, avec des vagues de chaleur dans de nombreuses régions.
L'administration Biden est convaincue que le climat est un domaine où les deux puissances peuvent coopérer malgré leur concurrence féroce. Chunping Xie, chercheur principal à l'Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l'environnement, estime que la visite de John Kerry et la reprise des discussions sur le climat soulignent l'importance cruciale d'une action coordonnée pour faire face à la crise climatique et montrent leur volonté commune de promouvoir l'intérêt général. En tant que premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine s'est engagée à atteindre son pic d'émissions de CO2 d'ici 2030 et à parvenir à la neutralité carbone d'ici 2060. Cependant, certaines décisions récentes suscitent des doutes quant à la réalisation de ces objectifs, notamment l'autorisation d'une augmentation de la capacité de production d'électricité à partir du charbon.
Concernant les résultats attendus de cette visite, Lauri Myllyvirta, analyste principal au Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre, estime qu'un progrès pourrait être réalisé dans le domaine de l'action sur le méthane. Le méthane était le principal sujet d'accord dans la déclaration conjointe des deux pays après les négociations climatiques de Glasgow en 2021. Cependant, aucun progrès significatif n'a été réalisé par la Chine depuis lors. Selon Lauri Myllyvirta, Pékin pourrait s'engager à atteindre des objectifs plus ambitieux dans ce domaine, mais cela nécessitera davantage d'efforts que la simple visite de John Kerry.