Circoncisions collectives : Un risque d'infection plus élevé

24/03/2025 mis à jour: 23:09
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Si la circoncision est une tradition importante et si courante durant les derniers jours du mois sacré, elle doit tout de même être réalisée dans des conditions optimales pour éviter des complications graves. Ainsi, sensibiliser les familles aux risques et aux précautions à prendre demeure essentiel afin d’assurer le bien-être des enfants. Explications ! 
 

 

Alors que de nombreuses familles optent, traditionnellement, pour la circoncision la veille du 27e jour du Ramadhan, les spécialistes appellent à la prudence. Et pour cause : les conditions requises pour garantir le bon déroulement de l’opération ne sont pas toujours réunies. 

Plus loin encore, ces dernières années ont connu l’émergence d’un «nouveau phénomène», celui des circoncisions collectives. Là aussi, les conditions ne sont pas très favorables. Bien que la circoncision soit une pratique courante, notamment durant le mois sacré du Ramadhan, le Dr. Yacine Iddir estime tout de même qu’elle doit être réalisée avec prudence, notamment chez les enfants atteints d’hémophilie. 

La raison : une intervention chirurgicale, même minime, comme la circoncision chez un enfant hémophile, peut entraîner un saignement prolongé, parfois sévère, mettant en jeu son pronostic vital. «Il faut savoir que l’hémophilie est une maladie hémorragique héréditaire due à un déficit en facteurs de coagulation (facteur VIII pour l’hémophilie A, facteur IX pour l’hémophilie B)», explique le Dr. Yacine Iddir. Et chez un enfant hémophile non diagnostiqué, la circoncision peut provoquer, selon le spécialiste, des saignements difficiles à contrôler. 

«Ce risque est encore plus important en cas de circoncision collective, où les conditions de prise en charge ne permettent pas toujours une évaluation individualisée préalable», prévient-il. C’est pourquoi, le Dr Yacine Iddir juge important de prendre quelques précautions. 

En premier lieu, il préconise le dépistage avant l’intervention. Selon lui, un bilan de coagulation, à savoir dosage des facteurs de coagulation est recommandé avant toute circoncision, surtout s’il existe des antécédents familiaux d’hémophilie ou de saignements prolongés. Seconde recommandation du médecin : une prise en charge spécialisée. 

A cet effet, il explique : «En cas d’hémophilie confirmée, la circoncision doit être réalisée en milieu hospitalier sous supervision d’une équipe spécialisée», affirme-t-il. 

De plus, le Dr. Iddir assure qu’un traitement substitutif, soit une injection du facteur de coagulation manquant, peut être nécessaire avant et après l’acte chirurgical. Et enfin, dernier conseil du Dr. Yacine et non des moindre  : éviter les circoncisions collectives pour les enfants à risque. 

A cet effet, il explique : «La circoncision collective organisée durant la dernière semaine du Ramadhan, notamment le 27e jour, est une tradition bien ancrée. Cependant, d’un point de vue médical, ces pratiques posent plusieurs défis, notamment en termes d’hygiène, de suivi post-opératoire et de prise en charge des complications éventuelles». 

De plus, une forte affluence peut, selon le spécialiste, compromettre la qualité des soins et augmenter le risque d’infections ou de saignements. «La prise en charge individualisée est essentielle pour garantir la sécurité de l’enfant», assure-t-il. 

Pour le Dr. Yacine Iddir, il est important de sensibiliser les familles et les professionnels de santé aux risques liés à l’hémophilie. L’objectif, selon lui, n’est pas de décourager la pratique de la circoncision, mais de s’assurer qu’elle soit réalisée dans des conditions sécurisées pour tous les enfants. «Un simple test sanguin peut éviter des complications graves», conclut-il. Sofia Ouahib

Les précautions à prendre : 

Si les circoncisions collectives ne sont pas recommandées par les médecins spécialistes, certaines familles tiennent à circoncire leurs enfants dans cette « ambiance ». Et afin que l’intervention se passe bien et n’altère pas la santé des enfants, le Dr. Yacine Iddir recommande aux familles de faire un bilan de coagulation avant la circoncision, surtout en cas d’antécédents familiaux de saignements. «Il est aussi important de s’assurer que l’acte est réalisé par un professionnel de santé à savoir médecin ou chirurgien», recommande-t-il. Autre mesure importante à prendre en considération : vérifier l’asepsie du matériel et du lieu. «Il est essentiel que les gants soient stériles, bistouri à usage unique ou stérilisé, antisepsie cutanée», conseille-t-il. le Dr. Yacine Iddir estime aussi important de prévoir une prise en charge immédiate des complications à savoir hémorragie ou infection. «Et enfin, le suivi post-opératoire 
est primordial. Il est donc important d’expliquer aux parents les signes  de complications et leur indiquer où consulter en cas de problème», conclut le Dr. Yacine Iddir.           

 

Attention aux circoncisions non réalisées par un médecin  

La circoncision réalisée par des non-médecins (barbiers, tradipraticiens) pose, selon le Dr. Yacine Iddir, un risque majeur, et ce, pour plusieurs raisons. La première est que l’hygiène est souvent insuffisante. «Un manque d’hygiène peut entraîner des infections locales, voire généralisées (septicémie)», prévient le Dr. Yacine. La seconde est que la technique chirurgicale peut être inadaptée. «Une mauvaise technique peut provoquer des plaies mal cicatrisées, des sténoses du méat urinaire ou des mutilations», ajoute le spécialiste. Et si l’anesthésie locale n’est pas bien réalisée, l’enfant peut ressentir une douleur intense. En plus, comme l’acte est réalisé par un non-médecin, aucune mesure n’est prise en cas de complication. De plus, les risques d’infections et de mutilations sont, selon le spécialiste, accrues. «Il faut aussi se méfier  de l’usage d’instruments non stérilisés, pouvant transmettre des infections graves comme l’hépatite B ou C», prévient le Dr. Yacine Iddir. Par ailleurs, l’absence de bilan préalable, surtout chez les enfants avec des antécédents familiaux de saignements, peut représenter un risque pour l’enfant. Et enfin, le suivi post-opératoire est important. A ce sujet, le Dr. Yacine Iddir met en garde contre le manque de suivi post-opératoire essentiel pour détecter toute complication. Pour toutes ces raisons, le Dr. Yacine Iddir recommande fortement que la circoncision soit pratiquée par un professionnel de santé dans un cadre médicalisé, et ce, afin de garantir la sécurité de l’enfant.  

 

 

Les recommandations du ministère de la Santé 

Comme de nombreuses familles préfèrent circoncire leurs enfants pendant le mois sacré où de nombreuses opérations de ce type sont fréquentes au niveau des hôpitaux et des cliniques privées, le ministère de la Santé appelle à la vigilance et rappelle que la réglementation en vigueur exige tout d’abord que l’intervention de circoncision doit être effectuée en milieu hospitalier, où sont réunies diverses conditions médicales par un spécialiste en chirurgie. «Un bilan sanguin doit aussi être effectué avant la circoncision pour assurer au chirurgien l’absence de toutes contre-indications médicales préalables», poursuit le communiqué du ministère. D’ailleurs, la même source rappelle qu’il est strictement interdit de pratiquer la circoncision en dehors des services chirurgicaux des établissements hospitaliers publics et des cliniques privées, et ce, sur tout le territoire national afin d’éviter tout risque de complication. Et enfin, le ministère recommande d’étaler le programme des circoncisions durant le mois du Ramadhan et ne pas limiter la programmation à la nuit du 27 du mois sacré du Ramadhan.

 

 

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