Depuis son émergence, le cinéma s’est affirmé comme un moyen important d’influence plus qu’une simple distraction. Le cinéma de nature historique joue un rôle déterminant sur les plans politique, culturel et éducatif.
En retraçant des périodes révolues, en mettant en scène des événements marquants ou en explorant des problématiques sociétales, il devient un outil privilégié pour interroger le passé, décrypter le présent et esquisser l’avenir. Dans ce contexte, un colloque national, tenu lundi 25 novembre à la faculté des sciences de l’information, de la communication et de l’audiovisuel, réunissant chercheurs universitaires, artistes et professionnels du cinéma, sous le thème «Le cinéma historique algérien, enjeux et défis», a permis de souligner la singularité du cinéma historique, qui ne se contente pas de reproduire le passé, mais l’interprète et le réinterprète à travers une perspective contemporaine.
Une première question a animé les débats : pourquoi les jeunes Algériens manifestent-ils une réticence envers ce genre cinématographique ? Des intervenants ont avancé diverses hypothèses, dont la qualité technique des productions, souvent jugée insuffisante. Abdellah Bendjafer, chargé de communication de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI) à Constantine, a insisté sur l’importance des innovations techniques pour séduire le public. Il a cité l’exemple du film Héliopolis de Djaffar Gacem, marqué par l’utilisation de technologies modernes, telles que les drones, sans oublier l’empreinte artistique du réalisateur qui était pour beaucoup dans l’afflux du public. Malgré cela, les salles, comme celle du complexe Ahmed Bey à Constantine, d’une capacité de 300 places, peinent souvent à remplir plus de 20 à 25 sièges, témoignant d’un désintérêt criant.
Une carence structurelle
Le manque d’infrastructures adaptées constitue un frein majeur à la démocratisation du cinéma en Algérie. Il est essentiel de souligner l’absence de salles dans les zones urbaines récentes, comme la nouvelle ville de Ali Mendjeli à Constantine.
Une enquête a révélé que beaucoup de jeunes ne sont pas intéressés par le cinéma, ignorant s’il existe des salles dans leur environnement ou non. Ce constat est renforcé par l’exemple de la cinémathèque Annasr, de la rue 19 juin au centre-ville de Constantine, qui continue de fonctionner avec des moyens obsolètes, malgré des efforts pour organiser des projections. Les films historiques sont inévitablement influencés par les idéologies et les sensibilités de leur époque ou du réalisateur.
A ce titre, la chercheuse Amina Chérifi a souligné l’importance de sélectionner rigoureusement les sujets abordés et de privilégier une recherche approfondie pour assurer la qualité des œuvres. Elle a également plaidé pour des partenariats entre les universités et les professionnels du secteur, tout en déplorant l’insuffisance des budgets alloués à ce type de productions.
Selon elle, le cinéma historique ne peut s’épanouir sans une base solide de recherche et d’analyse critique.
En guise de conclusion, plusieurs pistes ont été proposées pour revitaliser le cinéma historique en Algérie, dont augmenter le nombre de salles de projection, restaurer et préserver les anciens films sur des supports modernes, et multiplier les séminaires pour stimuler une réflexion collective.
Ces initiatives, combinées à un engagement renforcé des autorités et à une modernisation des techniques de réalisation, pourraient redonner ses lettres de noblesse à un genre qui a le potentiel de réconcilier la jeunesse algérienne avec son histoire.