Chakib Taleb Bendiab. Réalisateur et scénariste : «On m’a toujours dit qu’en Algérie, on sait pas faire de thrillers»

18/08/2024 mis à jour: 15:33
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Photo : D. R.

Après plusieurs courts métrages, dont Black spirit, intriguant film autour d’un anthropologue dans le désert qui cherche des samouraïs africains et prix du meilleur scénario au Festival international du court métrage de Sapporo en 2013, le premier long métrage et thriller de Chakib Taleb Bendiab, sorti cette année, a touché le public, coproduction entre le Centre algérien de développement du cinéma (CADC) et la société Temple Production.

  • Ça fait quoi d’être médaillé d’or dans un festival indépendant aux USA ?

C’est mon premier long métrage et on a eu toutes les peines du monde à le faire, mais gagner le Grand prix dans ma première sélection dans un festival aussi prestigieux, j’avoue que je n’arrive pas m’en remettre. Mais je suis très fier pour mon équipe qui m’a suivi jusqu’au bout de tout. Et tellement fier que l’Algérie rayonne par l’art et l’émotion.

  • Pourquoi on ne fait pas plus de thrillers comme le vôtre ? Question de scénario ou de budget ou les deux ? 

On m’a toujours dit qu’en Algérie, on ne sait pas faire de thrillers parce que les Français non plus ne savent pas faire. J’avoue que mes modèles de cinéma viennent plutôt du maître japonais Kurosawa et le cinéma coréen qui a explosé ce code en le teintant de sa culture. C’est ce que j’ai essayé de faire dans notre film, l’essence du thriller mais un film profondément algérien.

Je ne pense pas que le budget soit le réel problème, c’est plutôt le temps. Le temps de l’écriture, des répétitions avec les comédiens, le temps d’installation de la mise en scène et du décor et surtout le temps du recul en post-production. Le vrai luxe et le secret, c’est toujours le temps.

  • Enlèvements et violences sur les enfants, pourquoi ce thème ? C’est personnel ?

Le thème de la violence sur les enfants m’a toujours beaucoup touché dans ma vie et je ne pense pas que l’on construira une société saine sans protéger ses enfants. J’ai entendu énormément d’histoires et de drames en Algérie et beaucoup ont eu cette impression qu’on n’en parlait pas assez.

Grâce à la coopération de la DGSN, j’ai pu obtenir que moi et les acteurs soient en immersion avec les inspecteurs de la brigade des mineurs d’Alger, que je remercie infiniment par ailleurs. Nous avons pu nous rendre compte de l’étendue de leur travail difficile et s’inspirer d’eux pour façonner les personnages.

 

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