Certificat médical prénuptial : Ce qui va changer

19/11/2024 mis à jour: 16:15
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Les modalités de délivrance du certificat médical prénuptial, requis lors de l’établissement de l’acte de mariage, viennent d’être modifiées.

En effet, un décret exécutif relatif au certificat médical et examens et analyses prénuptiaux est paru au dernier journal officiel n°76 du 13 novembre. Celui-ci stipule dans son article 2 que «le certificat médical est établi après une visite médicale prénuptiale obligatoire». L’objectif de cette visite : tout d’abord, permettre aux futurs époux de faire le point sur leur état de santé et de rechercher les affections transmissibles de l’un à l’autre ou à leur descendance.

Ensuite, pour dépister les pathologies ou les facteurs de risque qui poseraient aux futurs époux un problème de santé, à l’occasion d’une éventuelle grossesse. Et enfin, cette visite médicale permettra d’avoir une information plus large sur l’hygiène de vie, la santé reproductive et la planification familiale. Et c’est justement à l’issue de cette consultation médicale, effectuée par un médecin en exercice pour chacun des futurs époux, que le certificat médical prénuptial sera délivré à chacun d’eux.

Point essentiel : le certificat médical ne peut être délivré par le médecin qu’après avoir effectué un interrogatoire minutieux à la recherche d’antécédents familiaux ou personnels de pathologies chroniques, de maladies héréditaires ou de malformations, notamment des anomalies chromosomiques, des maladies génétiques et des cardiopathies congénitales.

De plus, il sera désormais important pour le couple de se soumettre à un examen clinique complet, comprenant la mesure de la pression artérielle, du poids et de la taille. En termes d’analyses médicales, on retrouve des examens biologiques obligatoires, à savoir la détermination du groupe sanguin (A, B, o, Rhésus) ainsi que des examens sérologiques de la toxoplasmose, de la rubéole et de la syphilis.

Pour ce qui est des examens biologiques recommandés, on retrouve la sérologie de l’hépatite virale B (VHB), la sérologie de l’hépatite virale C (VHC) ainsi que la sérologie du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). A noter que le décret stipule que le médecin peut prescrire d’autres examens biologiques nécessaires en cas de constatation de signes ou de symptômes pouvant entraîner, notamment, des pathologies sexuellement transmissibles.

De plus, la consultation du carnet de santé est également recommandée, afin de faire le point sur les vaccinations (tétanos, tuberculose, poliomyélite, rougeole, rubéole et coqueluche). Et ce n’est qu’après avoir pris connaissance des résultats de tous les examens et analyses que le médecin pourra délivrer le certificat médical. «Le certificat médical atteste que les futurs époux ont subi les examens et analyses prévus par le présent décret. Il est signé et remis à chacun des futurs époux, en mains propres, par le médecin.

Ce certificat doit mentionner que les résultats et les recommandations afférents aux examens et analyses prénuptiaux leur ont été expliqués de façon éclairée et individuelle», précise le décret. A noter que ce certificat a une durée de validité. En effet, selon le décret, le notaire ou l’officier de l’état civil ne peut procéder à l’établissement de l’acte de mariage qu’après présentation, par chacun des futurs époux, du certificat médical prénuptial, daté de moins de trois mois. 

Par ailleurs, l’article 7 du même décret stipule que le notaire ou l’officier de l’état civil doit constater, par l’audition simultanée des deux futurs époux, qu’ils ont pris connaissance des résultats des examens effectués par chacun d’entre eux et des maladies ou des facteurs de risque qu’ils pourraient révéler et qui contre-indiquent le mariage. «Il en est fait mention dans l’acte de mariage.» Toutefois, le décret fait savoir que le notaire ou l’officier d’état civil ne peut refuser la conclusion du mariage pour raisons médicales, à l’encontre de la volonté des concernés.

Protéger le couple

si au départ, les personnes qui ont l’intention de se marier, auraient pu se contenter d’un simple examen médical avec la mention du groupe sanguin et une explication de certaines maladies infectieuses, «il leur sera désormais obligatoire de passer un examen médical complet avec mention du poids, de la taille ainsi que la tension artérielle», explique le Dr D. Cherif, infectiologue.

Assurant au passage que les analyses de toxoplasmose, de la rubéole et de la syphilis sont devenues obligatoires, tandis que celles des hépatites B et C ainsi que du VIH sont recommandées. «En ce qui concerne ces dernières, j’aurais préféré qu’elles soient obligatoires aussi», estime-t-elle. le dr D. Cherif assure par ailleurs qu’il est aussi désormais conseillé à la femme de se faire vacciner contre la rougeole si elle n’est pas immunisée, et cela deux mois avant d’envisager une grossesse. «Il est aussi conseillé au couple de se faire vacciner contre le virus de l’hépatite B», ajoute-t-elle.

Ces nouvelles dispositions permettront, selon la spécialiste, d’éviter plusieurs maladies transmissibles et protégera le couple grâce à la vaccination, notamment le vaccin contre l’hépatite B, ce qui est très bien. «Il s’agit aussi d’une mesure préventive pour protéger la santé des parents et de leurs enfants», conclut-elle. 

De son côté, le Dr Yacine Iddir, président de l’association Santé pour tous, estime que ces nouvelles dispositions sont une avancée importante pour la santé publique en Algérie. Selon lui, ces mesures permettent de mieux préparer les futurs époux à leur vie commune, en les sensibilisant aux risques sanitaires et en leur offrant un cadre de prévention, ce qui est essentiel pour leur bien-être et celui de leur future famille.

«Il faut savoir que le dépistage des pathologies transmissibles, telles que les infections sexuellement transmissibles (IST) et les maladies génétiques, permet d’intervenir à un stade précoce et de proposer des solutions adaptées, comme des traitements ou des conseils sur la planification familiale», explique-t-il. Précisant que l’interrogation détaillée et l’examen clinique, en plus des analyses biologiques recommandées, permettent de dresser un état des lieux complet de la santé des futurs époux. 

Cela permet, selon le Dr Iddir, non seulement de prévenir les complications potentielles en cas de grossesse, mais aussi d’identifier des risques sous-jacents, comme l’hypertension ou les antécédents familiaux de maladies chroniques, qui peuvent être gérés avant la conception. 

En ce qui concerne le dépistage des maladies héréditaires, telles que les anomalies chromosomiques, la drépanocytose et d’autres pathologies génétiques, le Dr Iddir estime cela «particulièrement pertinent dans un pays comme l’Algérie, où certaines affections sont plus courantes.

Cela permet notamment de conseiller les futurs parents sur les risques et les mesures de prévention, voire d’orienter vers des consultations spécialisées en génétique, si nécessaire». Toutefois, le Dr  Yacine Iddir insiste sur le fait que ces examens ne doivent pas être perçus comme une solution miracle.

a cet effet, il explique : «Si ces examens sont importants pour prévenir certaines maladies, il reste essentiel que les futurs époux soient également accompagnés dans leur démarche par des professionnels de santé compétents, et que ces examens s’accompagnent de conseils, notamment en termes d’éducation à la santé, de l’hygiène de vie et la sensibilisation à la planification familiale.

Il s’agit de facteurs clés de succès pour que ces mesures aient un réel impact.» En d’autres termes, le Dr Yacine Iddir se réjouit de ces nouvelles dispositions qui lui semblent «judicieuses et nécessaires pour promouvoir une meilleure santé reproductive et éviter des risques sanitaires. Elles permettent de poser les bases d’une meilleure gestion des risques de santé dans la vie du couple et de la famille», conclut-il.
 

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