il l'a fallu attendre des mois pour que les autorités de la wilaya et les services de la sûreté de Constantine se décident enfin à lancer une «vraie» campagne contre le commerce informel qui a semé une pagaille indescriptible au centre-ville.
Une situation qui a poussé des citoyens et des commerçants à solliciter l’intervention du wali, Abdelkhalek Sayouda, tant il est devenu impossible de passer en toute quiétude surtout en famille, par la place du 1er Novembre, devenue le fief des délinquants de tout bord. La traversée des rues Didouche Mourad et 19 Juin 1965 a été rendue difficile au vu de la présence de plus d’une centaine de vendeurs ambulants qui squattent chaque jour la chaussée bloquant les accès aux immeubles et aux commerces.
Samedi, ces artères commerçantes de la ville ont été «libérées», ce qui a rendu la circulation piétonne plus fluide, grâce à la présence d’un dispositif d’agents de la sûreté de la wilaya en uniforme et en civil, en plus du stationnement permanent des véhicules de la police et des patrouilles pédestres. Nous avons constaté que même les commerçants ont respecté les consignes qui leur ont été données de ne pas déposer leurs marchandises en dehors de leurs locaux. L’action, lancée il y a quelques jours, a pris au dépourvu les vendeurs informels qui se croyaient déjà en terrain conquis.
Pour les commerçants et les riverains, c’est la délivrance. «C’est une bonne chose pour nous, mais aussi pour les habitants et les clients ; nous avons toujours réclamé cette intervention depuis des mois en raison des conditions difficiles dans lesquelles nous exercions.
En plus, il y avait souvent des altercations avec ces vendeurs occasionnels qui ne reculent devant rien; ils n’hésitaient pas à nous menacer ; il y avait une forte tension dans l’air et ça risquait de dégénérer à tout moment. Heureusement que cette intervention est venue à temps ; pourvu que cela dure», a déclaré à El Watan un marchand de tissus.
Cette expression de «pourvu que cela dure» était sur toutes les lèvres, hier, au vu des expériences passées où les services de la sûreté intervenaient avant qu’un relâchement ne survienne pour annoncer le retour en force de ces vendeurs, notamment durant le mois de ramadan qui connait une activité commerciale intense. «C’est ce que nous avions vécu durant le mois du carême de l’année écoulée où nous avions connu une situation insupportable», ajoute un autre commerçant.
Comme il fallait s’y attendre, certains vendeurs informels n’ont pas digéré cette campagne. Des réactions et une résistance étaient même prévisibles. Dimanche matin, un vendeur ambulant, habitant la rue du 19 juin 1965 et qui s’est vu refuser d’installer sa charrette sur les lieux est monté sur le balcon de son appartement menaçant de se suicider par pendaison et de s’immoler.
Une tentative qui a été prise très au sérieux par les responsables des services de la sûreté de la wilaya. Ces derniers ont préféré recourir à la «diplomatie», en usant d’un discours rassurant envers ce jeune désespéré et éviter toute action musclée.
Ce qui a fini par payer, car après de longues tractations menées par des officiers en civil, le jeune a été convaincu de renoncer à son acte. C’est dire que la mission n’est guère facile et la lutte contre le commerce informel qui s’est enraciné au centre-ville aura besoin d’un long souffle et d’une vraie endurance.