Depuis le début de l’été et à la faveur de conditions climatiques idéales, les tentatives d’immigration clandestine reprennent de plus belle en Algérie.
Ce phénomène, qui demeure l’une des particularités de cette saison depuis des années, met chaque jour sur le qui-vive les services de la police et de la gendarmerie dans les wilayas côtières.
Ces derniers exploitent la moindre information, en coordination avec les unités des garde-côtes, pour traquer les réseaux clandestins qui mènent des centaines de jeunes désespérés vers la mort. Il y a à peine une semaine, deux réseaux criminels spécialisés dans l’organisation de traversées clandestines par mer ont été démantelés et 21 personnes ont été arrêtées sur les façades maritimes de Tipasa et de Bou Ismaïl.
Ce ne sera ni la première ni la dernière tentative, car par moments, ces expériences, connaissant souvent des fins malheureuses, prennent des allures spectaculaires. Vendredi 2 août, la police espagnole a annoncé avoir démantelé un réseau de passeurs qui a introduit un millier de migrants algériens et syriens en Espagne depuis la ville d’Oran en Algérie, avant de tenter de les emmener dans d’autres pays d’Europe, en leur faisant payer jusqu’à 20 000 euros par personne.
Ce qui laisse imaginer les sommes colossales engrangées par ces trafiquants qui agissent en réseaux bien organisés, avec des modes opératoires bien rodés, ne reculant devant rien, quitte à exposer à la mort des vies humaines à bord d’embarcations surchargées et sans aucun équipement de sécurité. Il faut dire que ces filières ont toujours activé, encouragées par l’absence de mesures dissuasives fermes. Mais au fait, les questions se posaient depuis des années sur les mesures à adopter face à ce fléau, qui prend de l’ampleur, et que les pays européens, qui sont les principales destinations pour les candidats à l’émigration clandestine, n’arrivent plus à endiguer. En Algérie, les pouvoirs publics avaient annoncé, au mois d’octobre 2023, la mise en place d’une instance nationale qui «aura pour mission l’élaboration d’une stratégie nationale pour mieux lutter contre ce fléau, tout en respectant les conventions internationales ratifiées par l’Algérie».
Au final, l’approche humanitaire, qui consistait à recevoir ces migrants dans des centres d’accueil avant leur rapatriement dans leurs pays, a montré ses limites.
Ces contingents de personnes venus essentiellement des pays du Sahel reviennent à chaque fois pour se retrouver parmi les candidats à l’émigration vers l’Europe. Au-delà de tous les discours, nulle n’ignore que la lutte contre ce fléau devra commencer par trouver des solutions à ses véritables causes, dont la pauvreté, le chômage, l’instabilité politique et les conflits dans les pays d’origine, ayant besoin d’une aide conséquente pour résoudre leurs problèmes de développement. Sur le Vieux Continent, qui fait face à un mouvement migratoire sans précédent dans son histoire, des voix soutiennent que la meilleure manière de lutter contre l’immigration clandestine est de favoriser l’immigration légale en attribuant davantage de visas et de permis de travail même pour une durée limitée.
Cela incitera les gens à éviter de risquer leur vie en tentant de franchir la Méditerranée et les frontières illégalement. Les statistiques ont montré que l’Europe aura toujours besoin de main-d’œuvre même pour des périodes provisoires.
Mais en dépit de toutes les bonnes volontés politiques, la montée en Europe de l’extrême gauche et le discours de la haine envers les migrants sont déjà perçus comme de véritables écueils pour instaurer une stratégie sage, concrète et surtout juste envers ces vagues d’êtres humains qui mettent le cap sur le Vieux Continent.