Cantines scolaires : Les communes défavorisées exonérées des charges

14/09/2023 mis à jour: 01:56
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Photo : D. R.

Le rapport  2022 de la Cour des comptes a mis en évidence de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des cantines scolaires. Il a pointé  un manque d’infrastructures et d’équipements, un processus carencé d’inscription et de réalisation des cantines scolaires et une sous-utilisation des crédits et des équipements disponibles.

La réunion du Conseil des ministres, tenue mardi et consacrée, entre autres, au projet de loi de finances rectificative pour l’année 2023 et aux préparatifs de la rentrée scolaire et universitaire, a entériné  une série de mesures en faveur des communes pauvres et défavorisées pour une meilleure prise en charge des écoles primaires.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit «les ministres de l’Intérieur et de l’Education nationale à l’effet de prendre toutes les mesures pour assurer le succès de la rentrée scolaire et mobiliser tous les moyens, dans le cadre d’une coordination étroite et précise entre les deux secteurs pour éliminer les obstacles et résoudre les problèmes en fonction de l’évolution des besoins de l’Ecole algérienne», a indiqué un communiqué du Conseil des ministres.

En ce sens, le chef de l’Etat a ordonné «d’exonérer les communes pauvres et défavorisées des charges et des coûts de la prise en charge des écoles primaires, une responsabilité qui incombera pleinement à l’Etat, et ce, en vue de préserver la démocratisation de l’enseignement», a ajouté le communiqué. M. Tebboune a également réaffirmé son attachement à «accorder une importance particulière et exceptionnelle aux cantines scolaires au niveau des régions éloignées, au vu de leur rôle majeur dans la préparation d’un climat sain garantissant une scolarisation optimale».

Pour ce faire, le chef de l’Etat a ordonné «l’accélération de la création d’un office national des  cantines scolaires, qui soit chargé exclusivement de l’opération» et «l’élaboration d’une approche prospective prévoyant des réformes profondes à même d’améliorer l’encadrement des élèves, à soumettre au prochain Conseil des ministres».

Carences

Outre les difficultés auxquelles sont confrontées les communes les moins nanties en matière d’entretien et d’encadrement des écoles primaires, la gestion des cantines scolaires n’est pas de tout repos autant sur le plan financier qu’organisationnel. La Cour des comptes a, dans son rapport de l’année 2022, relevé plusieurs carences en matière de qualité des services des cantines scolaires en Algérie, est-il utile de rappeler.

Les parents d’élèves ont, en effet, souvent exprimé leur insatisfaction quant à la qualité des prestations dans ces cantines. Ladite instance a établi son rapport sur la base d’un échantillon constitué de plusieurs cantines scolaires réparties à travers 48 communes relevant de 16 wilayas. Les cantines scolaires ont pour mission de préparer et servir, quotidiennement, durant l’année scolaire, des repas sains et équilibrés aux élèves bénéficiaires.

Cette action complémentaire à l’acte éducatif et pédagogique vise à assurer une bonne scolarité aux élèves par le développement de leurs capacités et la concrétisation du principe d’équité et d’égalité des chances. Elle contribue, ainsi, à l’atteinte de nombreux Objectifs du développement durable (ODD), notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’environnement et de l’égalité du genre.

L’opération de contrôle thématique effectuée par la Cour des comptes s’est ainsi intéressée aux modalités d’organisation et de fonctionnement de ces cantines, depuis leur transfert du secteur de l’éducation aux communes en 2017, lit-on dans le rapport. Et ce, suite aux décrets exécutifs n°16-226 du 25 août 2016 fixant le statut type de l’école primaire et 18-03 du 15 janvier 2018 fixant les dispositions applicables aux cantines scolaires et à la mise en place des mécanismes de coordination institués par ces textes.

Dotations conséquentes

Le rapport a mis en évidence une mise en œuvre insuffisante du nouveau cadre réglementaire, une absence de coordination entre les communes et les différents services sectoriels compétents ainsi que de nombreuses contraintes et dysfonctionnements : un manque d’infrastructures et d’équipements, un processus carencé d’inscription et de réalisation des cantines scolaires, une sous-utilisation des crédits et des équipements disponibles, une insuffisance des dotations consacrées à l’alimentation scolaire et une absence de subventions conséquentes des collectivités locales et de participations des parents d’élèves et des associations.

«Cette situation ne contribue pas à la fourniture d’un repas répondant aux normes de qualité requises», a constaté la Cour des comptes. Alors que dans le but d’atteindre les objectifs ODD, l’Etat mobilise annuellement, via la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales, des dotations conséquentes au titre du financement des cantines scolaires dont le montant a atteint 26,628 milliards de dinars en 2019. Selon le même rapport, de nombreuses communes contrôlées ne sont pas dotées d’une structure dédiée en particulier à la supervision de la restauration scolaire.

De ce fait, plusieurs services interviennent dans le suivi des cantines entraînant des interférences et des chevauchements de responsabilités induisant une duplicité d’efforts réductrice d’efficacité. Ainsi, selon la Cour des comptes, le suivi des cantines scolaires en termes d’approvisionnement en denrées alimentaires, de transport et de passation et réception des commandes est confié à des services différents. Et, force est de constater que plus de quatre ans après le transfert de la gestion de l’alimentation scolaire, les communes peinent à maîtriser l’estimation des besoins, les délais et les prix. 

  

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