Burkina Faso : Appels à une nouvelle Constitution

02/07/2023 mis à jour: 06:52
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Photo : D. R.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté hier à Ouagadougou pour soutenir le pouvoir en place et réclamer une nouvelle Constitution. Les manifestants se sont rassemblés dans le centre de la capitale burkinabè, malgré une pluie battante, pour un meeting à l’appel de la Coordination nationale des organisations de la société civile du Burkina Faso (CNOSC/BF), qui regroupe une vingtaine d’organisations.

«Oui à la relecture de la Constitution», «Non à la politique française de diabolisation du Burkina», «Oui à la liberté du peuple dans ses choix de partenariats», ont notamment scandé les manifestants, dont certains brandissaient des drapeaux du Mali et de la Guinée, deux autres pays dirigés par des militaires.

«Notre souveraineté ne doit plus être partielle mais totale. Elle est non négociable», a déclaré le président de la CNOSC/BF, Alassane Sawadogo. «C’est pourquoi (...) nous disons oui à un changement constitutionnel qui sera basé sur les aspirations et à l’image des réalités burkinabè.» Selon lui, la Constitution actuelle du Burkina Faso a été «calquée sur le modèle français» et est «inadaptée au contexte actuel» du pays.

La manifestation vise aussi à «réaffirmer à l’opinion nationale et internationale la légitimité du capitaine Traoré et de son gouvernement qui tire sa source du peuple burkinabè et en qui nous nous reconnaissons par ses prises de décisions qui répondent aux aspirations profondes de notre peuple», a de son côté déclaré Adama Compaoré, membre de la Coordination.

Le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022 – le second en huit mois –, a depuis obtenu le départ des troupes françaises basées à Ouagadougou, et s’est rapproché de Moscou et de Bamako. Le Mali vient d’organiser un référendum sur un projet de nouvelle Constitution, approuvé par 97% des 39,4% de votants. Mi-juin, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, avait déclaré : «Les Occidentaux ont construit leurs Constitutions en fonction de leur histoire. Il nous faut donc un retour à nos racines.»

Spirale terroriste

Le Burkina est pris depuis 2015 dans une spirale de violences terroristes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant, et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis huit ans plus de 10 000 morts, civils et militaires, selon des ONG, et plus de deux millions de déplacés internes. Au moins 71 hommes, 31 soldats et 40 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont été tués en une seule journée lundi dans trois attaques de terroristes, dont les deux plus meurtrières ont eu lieu dans la province du Centre-Nord, selon l’armée et des sources sécuritaires.

Lundi, «les Volontaires pour la défense de la patrie de Noaka, dans la province du Sanmatenga (région du Centre-Nord) ont vaillamment réagi à une attaque terroriste qui a visé leurs positions», a indiqué vendredi l’armée dans un communiqué. 

«Trente-trois VDP ont malheureusement consenti le sacrifice suprême au cours de cette riposte», précise-t-elle, affirmant qu’ils avaient «neutralisé une cinquantaine de terroristes et récupéré une importante quantité de matériel». Un responsable local des VDP et des sources sécuritaires avaient parlé mardi à la presse occidentale de «dizaines» de morts dans cette attaque.

Le même jour, «un convoi de ravitaillement escorté par des unités militaires, de retour de Djibo», ville assiégée depuis des mois par les terroristes dans la région du Sahel (nord), a été «la cible d’une embuscade» à Namsiguia, toujours dans la région du Centre-Nord, avait annoncé l’armée mardi. 

«Les combats, particulièrement violents, ont causé d’importantes pertes, malgré la réponse vigoureuse des unités», ajoutait-elle, évoquant un «bilan provisoire» de 31 soldats et trois VDP tués, tandis qu’une «dizaine d’éléments» étaient «toujours recherchés par les renforts»

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