La Direction générale des forêts a installé 387 tours de surveillance et déployé 544 brigades mobiles de première intervention et 42 camions ravitailleurs pour lutter contre les incendies.
La technologie des drones pourraient être d’une grande efficacité dans la prévention et la lutte contre les incendies de forêt. Selon Abdelghani Boumessouad, inspecteur principal à la Direction générale des forêts (DGF), cette technologie, qui a déjà fait ses preuves dans certains pays, pourrait constituer un atout majeur dans la stratégie de lutte contre les feux de forêt.
«Si on arrive à acquérir des drones de surveillance, ce sera quelque chose de très intéressant, parce que, quel que soit le nombre de postes de surveillance dont nous disposerons, ils ne pourront pas couvrir toutes les formations forestières du pays», a-t-il affirmé lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne, arguant que la majorité de ces formations forestières se situent sur des reliefs fortement accidentés et montagneux.
Ce qui fait qu’il y a des versants qui sont directement surveillés et d’autres qui ne le sont pas. L’invité de rédaction de la Chaîne III estime ainsi que si on arrive à acquérir très prochainement ces drones, la DGF pourrait éliminer les angles morts de son dispositif de surveillance, détecter de manière précoce les départs de feu et donner l’alerte à temps. «Si on donne l’alerte à temps, cela veut dire que le dispositif de lutte sera déclenché dans les meilleurs délais.
Si l’intervention est rapide, nous aurons de très fortes chances de circonscrire le feu à temps et c’est ce qui est important dans les dispositifs de lutte contre les incendies de forêt», souligne M. Boumessouad. Les drones permettront également d’assurer le suivi en temps réel du périmètre du feu et de sa propagation.
Et grâce à ce direct, il est possible de moduler le déploiement des équipes de lutte contre le feu sur le terrain. Il est à préciser que le président de la République a instruit son gouvernement pour le lancement d’un appel d’offres à destination des start-up pour la modernisation des outils et équipements dédiés à la surveillance du couvert végétal à travers des drones.
C’est dans ce sillage que le Centre de recherches en technologies industrielles (CRTI), qui dispose d’un savoir-faire en matière de montage de ce type de drones, a fait récemment un avis de consultation pour acquérir certains composants électroniques de détection de forêts qui vont équiper ses drones développés au niveau de la plateforme de Bou Ismail, à Tipasa.
Interrogé sur l’installation hier de la Commission nationale de la protection des forêts (CNPF), composée de représentants de 13 ministères et 11 institutions publiques, l’invité de rédaction a affirmé que le plus important dans ce genre d’instance est sa capacité à tirer les leçons des précédentes campagnes de lutte afin de peaufiner la stratégie mise en place pour mieux affronter l’été qui arrive à grands pas.
«Si on ne retient pas les leçons des campagnes antérieures et on ne prend pas en considération l’expérience acquise sur le terrain, ça ne sert à rien de renforcer les moyens de lutte, parce que quelles que soient l’importance et la consistance des moyens déployés, on ne pourra jamais couvrir l’ensemble du territoire national», prévient-il, estimant que l’enjeu se situe dans l’utilisation de ces moyens, leur répartition et leur emplacement au niveau des zones à haut risque. Abdelghani Boumessouad explique que la lutte contre les incendies de forêt ne se limite pas aux moyens de leur extinction.
Elle consiste d’abord à mettre en place tout un dispositif de prévention contre les feux de forêt. Et pour prévenir un feu de forêt, il faudra connaître sa cause pour ainsi redoubler de vigilance et détecter l’étincelle à son début. Pour l’invité de la rédaction de la Chaîne III, la majorité des feux de forêt sont dus au facteur humain.
Prévenir les risques
S’il y a des feux volontaires déclenchés par des pyromanes, il y a aussi, selon lui, beaucoup d’incendies de forêt qui sont la conséquence de la négligence humaine. Il cite, entre autres, le brûlage pastoral, une technique utilisée par les éleveurs pour permettre la régénération des pâturages.
Si elle n’est pas bien organisée et surveillée, cette technique pourrait provoquer de graves incendies surtout si la surface concernée est située près d’un dense couvert végétal. Idem pour l’allumage de feu réalisé dans le but d’assainir les terres notamment les champs de céréaliculture pour amender les sols. «La campagne moisson-battage commencera bientôt.
Cette campagne constitue un grand risque de départs de feu», avertit-il, rappelant ce qui s’est passé l’année dernière dans la wilaya de Constantine où des centaines d’hectares de céréales ont été ravagés par le feu. Il est impératif pour lui d’inclure ceux qui ont recours à ces techniques dans le dispositif de lutte.
Outre la prévention qui est au cœur de la stratégie de lutte contre les incendies, de gros moyens ont été mobilisés pour faire face à une saison qui s’annonce très risquée en raison notamment de la sécheresse qui frappe le pays.
M. Boumessouad a fait état de l’installation par la DGF de 387 tours de guet et de 544 brigades mobiles de première intervention. Aussi, il a indiqué que 42 camions ravitailleurs d’approvisionnement des brigades mobiles ont été déployés et 3 523 points d’eau remplis sont opérationnels.
L’invité de la rédaction a souligné également que 742 équipes composées au total de 8 224 ouvriers sont actives au sein des différentes forêts et peuvent être déployées en cas de besoin dans des opérations d’extinction des incendies. A cela s’ajoutent des colonnes mobiles d’appui aux brigades de première intervention. M. Boumessouad relève dans ce sillage l’importance des brigades de première intervention qui sont le fer de lance de la lutte contre les incendies de forêt.
D’après lui, les gros moyens comme les avions visent à limiter les dégâts mais les brigades de première intervention ciblent le départ du feu pour éviter sa propagation. Par ailleurs, l’invité de la rédaction a évoqué le rôle important des collectivités locales dans la lutte contre les incendies de forêt.
Il plaide pour la concentration des moyens de lutte dans les régions vulnérables. Parmi ces régions, il y a, d’après lui, cinq wilayas qui enregistrent chaque année des incendies de forêt, à savoir Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, El Tarf et Souk Ahras. Il appelle en outre à lancer plus tôt la campagne de lutte contre les incendies en raison des changements climatiques et l’arrivée en plein printemps des grandes chaleurs.