Boumerdès : L’obsession de la quantité fait oublier la qualité

26/02/2022 mis à jour: 00:03
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L’affluence du public n’est pas forte cette saison / Photo : D. R.

L’objectif de la labellisation n’est pas encore atteint par les intervenants dans la filière

Après cinq années de rupture inexpliquée, le salon de l’huile d’olive de Béni Amrane, au sud-ouest de Boumerdès, est revenu cette semaine au grand bonheur des oléiculteurs et des amateurs des produits du terroir.

Inaugurée en début de semaine par le wali et le P/APW, l’événement se poursuivra jusqu’à demain. Au premier jour, l’affluence n’était pas au rendez-vous. Outre les oléiculteurs, cette foire a été marquée par la participation de plusieurs artisans, de gérants d’huileries et de pépiniéristes.

Pour le président de la Chambre d’artisanat, Redouane Yamani, ce genre d’activité est primordial pour le développement de toute filière ou secteur d’activité. «Il ne faut pas réduire ce salon sa dimension commerciale d’autant qu’il permet aux uns d’échanger leurs expériences avec les autres, de s’auto-évaluer et de s’améliorer», souligne-t-il. Contrairement aux éditions précédentes, l’huile d’olive n’attire pas grand monde.

«Les ventes sont très maigres», se plaint un exposant. Pourtant, la production a atteint des records cette année, atteignant 2 millions de litres, selon la direction des services agricoles. Malgré cela, l’huile est cédée entre 700 et 800 DA. Si certains incombent la baisse de la demande à l’érosion du pouvoir d’achat des ménages, d’autres mettent en avant la qualité de la marchandise.

Curieusement, les deux huiles de la wilaya (Baghlia et El Aslia) ayant obtenu plusieurs prix à l’international pour leur bonne qualité étaient absentes au salon. «Avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, les caractéristiques d’une bonne huile d’olive ne sont un secret pour personne. En plus, chaque producteur a sa propre clientèle. Les gens achètent par confiance», explique Amroune Saïd, un apiculteur d’Ait Khelifa qui dispose de 200 oliviers environs.

«Cette année, le rendement est excellent. Il y a ceux qui ont obtenu jusqu’à 30 litres par quintal», se félicite-t-il. S’agissant de la qualité, il affirme que c’est le dernier souci des villageois. «Les gens sont pauvres. C’est pour cette raison qu’ils pensent à la quantité. Si on veut la qualité, les olives doivent être cueillies avant qu’elles arrivent à maturité. En plus, on doit mettre les moyens. Or, nos champs sont inaccessibles par tracteurs et il est difficile de les labourer et de bien les entretenir.

Auparavant, le labourage se faisait avec les veaux. Aujourd’hui, même les tracteurs à chenille sont inexistants», déplore-t-il. Région oléicole par excellence, Béni Amrane compte près de 20 000 oliviers disséminés sur 1500 hectares.

La Direction des services agricoles (DSA) table cette année sur l’implantation de 17 000 plants dans les zones touchées par les incendies, affirme Lounès Arfa, subdivisionnaire à la DSA, ajoutant que l’opération est chapeautée par l’entreprise publique ERGR. «Malgré les campagnes de sensibilisation, beaucoup d’oléiculteurs continuent de stocker leurs marchandises dans des sacs en plastique pendant plusieurs périodes. Or, l’olive est un fruit. Il doit être gardé dans des caisses aérées et triturées le plutôt possible.

Quand il tombe à terre, cela signifie qu’il est malade et ne doit donc pas être consommé», explique Samir Talmat, gérant d’une huilerie. Selon lui, une bonne huile doit être piquante et un peu amère, précisant que son taux d’acidité ne doit pas dépasser 3,3%, sinon elle n’a aucun bienfait.

Mohamed Charef, président de la fédération des artisans, estime que l’objectif initial de la création du salon est loin d’être atteint : la labellisation de l’huile d’olive. «Pourquoi on parle tant des figues de Béni Maouche et des dattes de Tolga et pas de l’huile d’olive de Béni Amrane ?», s’interroge-t-il en conclusion. 

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