Bouira : Les agriculteurs dans la détresse après un hiver sec

27/02/2022 mis à jour: 05:24
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Les fellahs déplorent la rareté de la ressource hydrique pour procéder à l’irrigation / Photo : D. R.

A peine 10 mm de précipitations ont été enregistrés du mois de janvier au 25 février. Et à Bouira, ce sont plus de 71 000 hectares qui ont été emblavés.

Le stress hydrique qui frappe la wilaya de Bouira, à l’instar de vingt autres régions du pays, suscite de plus en plus l’inquiétude des agriculteurs, notamment les céréaliculteurs. C’est le même scénario que celui vécu lors des deux années précédentes qui se répète. La saison des pluies est encore une fois sèche.

A peine 10 millimètres de précipitations ont été enregistrés du mois de janvier au 25 février. Et à Bouira, ce sont plus de 71 000 hectares qui ont été emblavés. 54 068 ha pour le blé dur, 7416 pour le blé tendre, 9251 à l’orge et 967 ha à l’avoine.

Toutes ces cultures sont largement dépendantes de la pluviométrie. «Nous avons organisé, en partenariat avec la Chambre de l’agriculture, l’Institut technique des grandes cultures, les services de l’hydraulique, la Coopérative de céréales et légumes secs, plusieurs journées de vulgarisation sur l’irrigation d’appoint, au profit des agriculteurs de la wilaya. Nous avons incité, notamment les céréaliculteurs, à procéder immédiatement à ce type d’irrigation pour sauver leurs cultures», dira la responsable du service organisation de la production et d’appui technique au niveau de la Direction des services agricoles (DSA). La même source cite sept communes potentielles pour l’irrigation d’appoint.

Il s’agit d’El Asnam, Bir Ghbalou, Bouira, El Hachimia, Sour El Ghozlane, Ain Bessam et Haizer. De son côté, Abdelaziz Ould Hocine, le président du Conseil interprofessionnel des céréales de Bouira, est peu optimiste.

«Si les conditions météorologiques marquées par un manque de précipitations persistent encore, nous nous dirigerons inévitablement vers la sécheresse. Il faut savoir que même les forages commencent à tarir l’un après l’autre. Il n’y a plus d’eau. Ceux qui ont procédé à la semence en janvier n’ont pas vu les graines pousser. Les agriculteurs ne font que s’endetter au fur et à mesure. Plusieurs d’entre eux sont déjà en faillite», déplore-t-il. Notre interlocuteur suggère aux pouvoirs publics de repenser toute la stratégie de l’eau et sa gestion en Algérie, car, selon lui, la situation est grave.

Rareté

Par ailleurs, le problème majeur qu’ont soulevé les agriculteurs de la wilaya est la rareté, de plus en plus, de la ressource hydrique pour procéder à l’irrigation. Le deuxième plus grand barrage hydraulique en Algérie, Koudiat Acerdoun, au sud de Bouira est presque à sec.

Quant aux retenues collinaires, leur nombre demeure insuffisant et ne sont pas rattachées à un organisme gestionnaire. Elles sont soit dégradées ou squattées. Les eaux de deux stations d’épuration des eaux usées sont impropres à l’irrigation alors que la troisième, celle du chef-lieu de Bouira, est à l’arrêt. Pour ce qui est des eaux des rivières, notamment dans l’est de la wilaya, elles ne sont pas exploitées à bon escient ou carrément inexploitées. D’énormes quantités se perdent dans la nature.

La seule solution qui reste aux fellahs est de puiser dans les eaux souterraines. Mais là encore, des problèmes persistent. Sur les 1024 demandes de forage déjà déposées, les services de l’hydraulique n’ont approuvé que 165 dossiers. 

Ainsi, les superficies de céréales irriguées étaient de l’ordre de 35 ha en décembre, 126,5 en janvier et 206,25 en février. Quant aux kits d’irrigation d’appoint subventionnés par l’Etat à hauteur de 50% du prix de référence, le nombre des décisions approuvées lors de l’année 2021 est de 256 seulement.

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