Deux lois controversées promulguées vendredi par le dirigeant serbe de Bosnie, Milorad Dodik, sont entrées en vigueur hier malgré les protestations des Etats-Unis, qui accusent ces textes de saper les accords de 1995 ayant mis fin à la guerre en ex-Yougoslavie, rapporte l’AFP.
Le premier d’entre eux rejette de facto l’autorité du haut représentant international dans cette entité serbe de Bosnie, où il dispose de pouvoirs discrétionnaires lui permettant d’annuler ou d’imposer des lois et de limoger des élus.
La seconde loi suspend la reconnaissance par l’entité serbe de Bosnie des jugements de la Cour constitutionnelle de Bosnie, qui s’appliquent pourtant en théorie dans l’ensemble de ce pays divisé en deux par des lignes de fracture communautaire.
Aux termes des accords de Dayton ayant mis fin à la guerre en ex-Yougoslavie (1992-1995), la Bosnie a été scindée entre une entité serbe, la Republika Srpska, et une fédération croato-musulmane.
Les deux textes, approuvés le mois dernier par les députés de la Republika Srpska, ont été publiés hier au Journal officiel malgré les récriminations de l’Occident, inquiet de voir les tensions s’aggraver davantage dans ce pays des Balkans.
Samedi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a estimé sur Twitter que la loi rejetant l’autorité du haut représentant «violait la Constitution de Bosnie-Herzégovine et sapait les accords de Dayton».
L’homme politique allemand Christian Schmidt, qui occupe ce poste de haut représentant international en Bosnie depuis 2021, a tenté de faire échec à la mise en œuvre de ces deux textes en les déclarant illégaux dans un décret pris la semaine dernière. Mais le président Dodik n’en a pas tenu compte, lui qui dans un récent courrier assurait que le haut représentant «n’existait pas».
La semaine passée, il a adopté une nouvelle mesure permettant aux autorités fédérales de Bosnie de poursuivre en justice les politiciens refusant de se plier à ses décrets et aux décisions de la Cour constitutionnelle, avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison.
Le président Dodik refuse notamment de reconnaître l’autorité de C. Schmidt depuis que le poste de haut représentant a formellement perdu le soutien de l’ONU après une intervention de Pékin et Moscou.