Aussitôt le nouveau gouvernement installé, le président Tebboune a organisé, jeudi, une réunion de travail dédiée à l’importante question des exportations hors hydrocarbures.
Le communiqué laconique de la Présidence, repris par l’APS, n’en dit certes pas plus, mais le locataire d’El Mouradia ne fait pas mystère de sa volonté de donner un coup de fouet à cette lancinante question des exportations algériennes autres que les hydrocarbures, un complexe dont le pays cherche à se départir depuis longtemps.
Tous les diagnostics, anciens et nouveaux, ont conclu à la nécessité de diversifier notre économie si l’on veut vraiment conjurer les effets d’un mauvais présage sur la chute des cours de l’or noir sur les marchés internationaux. Il s’agit là d’une des faiblesses majeures de l’Algérie. Mais exporter est certes un savoir-faire qu’il faut acquérir. Et puis quoi exporter ? Cette question - il est vrai - se trouve au carrefour d’un tas d’autres problématiques dont principalement celle de la bataille de la production.
L’Algérie rumine cette idée, sans toutefois y parvenir de pouvoir équilibrer à terme les importations par les exportations hors hydrocarbures. Bien que l’objectif soit lointain, l’on veut vraiment avancer dans cette voie au fil des ans. «Le potentiel de croissance des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie est considérable», affirmaient dans la presse les expert de la Banque mondiale (BM) ces derniers jours à Alger. L’objectif ?
Diversifier les produits et les marchés d’exportation, selon El Watan qui a repris la semaine dernière le document de la BM, «sera essentiel pour atteindre l’objectif du gouvernement de 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030».
L’Exécutif place la barre très haut lorsqu’on sait qu’on 2023, les exportations hors hydrocarbures ont reculé à 5,058 milliards de dollars contre 5,978 milliards en 2022. Cette baisse en valeur (-15,4%) intervient suite au recul des exportations de demi-produits, et ce, en dépit de la hausse appréciable des exportations de biens alimentaires (+159 millions de dollars) et de l’électricité (+123 millions de dollars).
Selon le rapport de la Banque d’Algérie de juin 2024, la décomposition des exportations de biens par groupes de produits fait ressortir la prédominance de quatre groupes de produits au sein des exportations de biens hors hydrocarbures, à savoir les «demi-produits», les «biens alimentaires», «l’électricité» et les «produits bruts». Les exportations de demi-produits, qui représentent 78,6% des exportations de biens hors hydrocarbures, ont baissé de près de 21,8%, passant de 5,086 milliards de dollars à fin décembre 2022 à 3,977 milliards à fin décembre 2023.
A l’intérieur de ce groupe de produits, les exportations de fertilisants ont enregistré la plus importante baisse (-1,556 milliard de dollars) pour atteindre 1,687 milliard à fin décembre 2023 contre 3,243 milliards à fin 2022. Le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, a, selon l’APS, affirmé, jeudi à Alger, que cette rencontre avait porté sur l’importance des exportations hors hydrocarbures, avec la présentation d’un bilan de ce qui a été accompli et des objectifs futurs dans ce domaine. Il a, en outre, mis en avant le rôle des entreprises dans l’augmentation du chiffre d’affaires de ces exportations, précisant que l’objectif de création de 20 000 entreprises permettra de réaliser des excédents de production qui renforceront les exportations.
De son côté, le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Mohamed Boukhari, un portefeuille nouvellement créé à la faveur du dernier remaniement gouvernemental, a mis en avant, jeudi, l’importance de la conjugaison des efforts de tous les acteurs et l’efficacité de la performance, afin d’atteindre les objectifs fixés en matière d’augmentation des exportations hors hydrocarbures.