Bioressources : Concevoir de nouveaux modèles d'utilisation plus durables de la biodiversité

06/05/2023 mis à jour: 06:19
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Photo : D. R.

Pas de doute. La planète se réchauffe. En cause, les activités humaines. Canicules, incendies, sécheresse et inondations, ces phénomènes et catastrophes inquiètent de plus en plus les scientifiques. Les initiatives à travers des contributions émanant des universitaires et chercheurs tirant la sonnette d’alarme quant aux effets irréversibles non seulement du réchauffement climatique mais aussi de la dégradation des bioressources s’intensifient à travers le monde. La valorisation des bioressources est une urgence.

Ce sujet a fait l’objet, les 3 et 4 mai, d’un séminaire international organisé à l’initiative de la faculté des sciences de la nature et de la vie et sciences de la terre de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira. En effet, des universitaires et des chercheurs venant essentiellement des universités de l’Algérie, de Renne (France) et de Tunisie étaient formels. Le constat est alarmant. Conscients de l'évolution dramatique du réchauffement, le but recherché par l’organisation de cette rencontre est de trouver de nouvelles façons de coexister avec la nature et protéger ses ressources. «La planète se réchauffe», a alerté Mériem-Hind Ben Mahdi, ex-directrice de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV).

Animant une conférence portant sur «Les enjeux et défis imposés par les changements climatiques sur la sécurité alimentaire : un changement de paradigme nécessaire», la conférencière est catégorique. «Les changements climatiques sont une réalité acceptée par tous, et nous n’avons plus besoin de le rappeler et convaincre les gens puisque c’est une réalité.» Mme Ben Mahdi a expliqué que l’augmentation et la fréquence des épisodes climatiques extrêmes en termes de sécheresse, du manque de pluviométrie et de réchauffement climatique en général ont entraîné leur lot de dégradations, que ce soit en termes de baisse des activités des pâturages, des rendements céréalières ou de pertes en biodiversité. Cette situation, précise-t-elle, a entraîné malheureusement une baisse drastique des espèces animales et faunistiques dans le monde. Alors que cette biodiversité dépend de notre système de sécurité en général, surtout de la sécurité alimentaire en particulier.

L’urgence d’agir

«L'intensification et l’augmentation de la population mondiale, qui a doublé et qui va atteindre les 12 milliards d’habitants d’ici l’an 2050, nous imposent de revoir nos pratiques de consommation si nous voulons nous adapter et permettre à nos enfants de s’épanouir et vivre dans un environnement stable sans entrer dans des situations chaotiques, comme les crises de l’eau ou l’alimentation», a souligné Mme Ben Mahdi, qui avait, pour rappel, occupé dans un passé récent le poste de secrétaire générale au ministère de l’Environnement. Tout en proposant des solutions pouvant protéger les bioressources, la conférencière a souligné que ces solutions sont à la portée de tout un chacun.

D’abord, insiste-t-elle, «l’urgence est de commencer par ce qu’on appelle la stratégie des petits pas, et surtout de revoir la consommation en matière de ressources énergétiques, ressources alimentaires, et le mode de consommation mais aussi participer à entretenir et à préserver la biodiversité. Il faut être l’acteur de ce changement. Les associations, universitaires et autres acteurs de la société sont appelés à agir dans l’immédiat en contribuant ensemble à trouver des solutions.» C’est d’ailleurs l’objectif des initiateurs du séminaire, organisé au Centre national des sports et loisirs de Tikjda, un établissement situé au milieu de la cédraie du Parc national du Djurdjura (PND), une réserve mondiale protégée par l’Unesco, qui présente un exemple particulièrement concret de dégradation intense.

La mobilisation des sciences naturelles, des nouvelles technologies et des connaissances autochtones et locales est nécessaire, et ce, pour mieux comprendre les facteurs de perte de biodiversité, bioressources et du développement durable dans le but de trouver les approches efficaces de rétablissement, de résilience et de changement de comportement à l’échelle individuelle, régionale, nationale et planétaire.

Mohammed Gagaoua, chercheur à INRAE de l’université de Rennes de France, qui a animé une conférence dont le thème porte sur les «Apports des omiques pour la caractérisation des ressources animales : un focus sur le protéome et la qualité de la viande», est catégorie, les travaux de recherche émergents actuels s’inscrivent dans le cadre de la durabilité des systèmes, environnementaux, économiques et sociaux. «Nous ne pouvons dissocier aucune de ces dimensions, afin de garantir une transition agroécologique, une meilleure production animale, des systèmes d’élevage performants et surtout garantir la sécurité alimentaire du citoyen algérien ou globalement de l’humanité.»

Et d’ajouter : «Dans le cadre des travaux de mes recherches, nous nous intéressons à la façon avec laquelle nous pouvons considérer les dimensions intrinsèques qui sont liées aux produits.» Dans notre cas, on s’intéresse à la production de viande mais aux dimensions extrinsèques, qui sont liées à la façon de produire, notamment l’impact environnemental qui est associé aux changements climatiques. Parce que les ressources sont impactées, se raréfient et en baisse continue.

Et aussi à d’autres dimensions de considération sociale qui devront répondre aux attentes sociétales du consommateur et du citoyen. Et pour répondre à ces différentes dimensions, le chercheur Gagaoua rappelle qu’il faut des approches holistiques, c'est-à-dire des démarches intégratives, qui considèrent toutes les chaînes de production en allant de la ferme jusqu'à l’assiette.

La considération de toutes ces dimensions nécessite essentiellement des compétences multidisciplinaires, des outils et des approches innovants ainsi que des méthodologies multiples et variées. Ceci grâce à ces trois thématiques majeures, qui auront pour finalité de confronter les idées, les approches de recherche et exposer les travaux en cours et ceux d’avenir afin d’atteindre ces objectifs et de répondre à comment les bioressources peuvent accompagner les besoins de la durabilité des systèmes.

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