Biden en équilibre instable

13/07/2024 mis à jour: 15:52
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Il ne lui manquait plus que cela : un lapsus ravageur, en plein sommet de l’OTAN, qui lui fait confondre le président ukrainien Zelensky et son pire ennemi Poutine. Elégamment et diplomatiquement minimisée  par les dirigeants alliés présents, retenant plutôt l’énergie de l’homme et le «leadership» dont il a fait montre à l’occasion, la méprise très malvenue illustre toute la précarité de l’assurance que peut afficher Joe Biden, candidat à 81 ans à  sa propre succession le 5 novembre prochain.

Ce sont clairement quatre longs et difficiles mois qui attendent le président sortant et ses soutiens au sein du parti démocrate américain. Joe Biden a cru jouable et sans accroc l’entreprise de rempiler à la Maison-Blanche face à un Donald Trump traînant de lourdes casseroles judiciaires et l’image d’un épouvantail dont le retour possible effraie aussi bien dans le vaste pays qu’à l’étranger. Mais il devient de plus en plus évident que la partie est pour le moins compliquée.

Chacun des gestes de l’octogénaire, ses moindres pas, la vibration de sa voix… sont désormais scrutés, alors que toutes les maladies de l’âge avancé sont évoquées par les médias comme possibles explications à ses épisodes de confusion cognitive. L’histoire ne retient pas autant d’intérêt pour les marques de vulnérabilité physiques des prétendants à la Maison Blanche y compris quand Franklin Roosevelt avait brigué et obtenu un quatrième mandat présidentiel sur une chaise roulante en 1944.

Le point de bascule a été atteint  le 27 juin dernier, lors du premier débat télévisé entre les deux candidats ; Joe Biden y avait livré une prestation calamiteuse qui a immédiatement imprimé une trajectoire d’incertitude poussée à la suite de la campagne. Celle-ci était d’ailleurs largement sous caution en raison de précédents incidents ayant vu le président trébucher sur des marches, s’embrouiller dans des phrases incohérentes ou se tromper de porte de sortie.

Faisant le maître de céans à l’occasion du sommet anniversaire de l’OTAN à Washington (du 9 au 11 juillet), le président américain y était plus attendu sur le registre de sa capacité à faire oublier la déconvenue du 27 juin que sur celui d’impulser une dynamique nouvelle à l’Alliance, face à la menace russe sur le front ukrainien, et face également à la possibilité d’un retour aux affaires d’un Trump qui n’a jamais caché son antipathie vis-à-vis de l’organisation atlantiste, sa composante européenne notamment.

Le fait montre, si besoin est, combien le rendez vous électoral du 5 novembre prochain aux Etats-Unis est crucial pour la géopolitique mondiale et combien l’identité du prochain locataire de la Maison Blanche pouvait en décider les contours. Les médias américains se sont globalement entendus sur le fait que le sommet international de Washington a été envahi par les enjeux de l’élection américaine pour se muer en séquence de politique interne, avec un Joe Biden, jouant à fond la carte de la forme et de la vigueur retrouvées après des semaines d’accidents de parcours.

A en croire les spécialistes de la politique américaine, le test est réussi grâce à «un discours clair et énergique» où le président n’a pas «buté sur les mots», écrit notamment le très influent site d’information Politico.

Le président sortant espère ainsi calmer la montée du scepticisme actif qui agite depuis le 27 juin le camp démocrate et qui fait assumer à une grande partie de sa composante la demande expresse de trouver un autre candidat susceptible de battre les républicains dans quatre mois. Mais il semble que la vague est trop haute cette fois, et qu’il faudrait bien plus qu’une prestation correcte lors d’une rencontre internationale pour réhabiliter la carte Biden.

Des sénateurs, des artistes de renom, et des groupes de médias proches des démocrates ont renouvelé, presque affectueusement, leur appel au président d’abandonner la course, il y a quelques jours, mais celui-ci vient de réitérer qu’il ira jusqu’au bout du challenge. Challenge qui parait de plus en plus personnel et pariant plus sur l’indulgence et le fait accompli que sur l’adhésion politique.   

 

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