Béjaïa: Les zones humides en dégradation perpétuelle

08/02/2022 mis à jour: 17:07
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Le Lac noir lourdement impacté par le tourisme de masse

Les zones humides disséminées à travers les différentes régions de la wilaya de Béjaïa, sont dans un état de dégradation avancé et la situation s’aggrave au fil des années. Qu’elles soient d’origine naturelle ou artificielle, cours d’eau, lacs d’eau douce, retenues collinaires et autres tourbières, sont logées à la même enseigne. 

Et ce n’est sans nul doute pas verser dans l’alarmisme que d’affirmer qu’elles sont promises à de sombres lendemains, et même à une disparition certaine. A plus ou moins longue échéance. A moins qu’un véritable plan de sauvegarde de ces écosystèmes soit mis sur pied sans délais. Ce qui paraît pour le moins improbable. Le 2 février célébrant la journée mondiale de ces zones humides revient chaque année pour rafraîchir les mémoires et rappeler les engagements non tenus en faveur de ces sites de biodiversité.

 En effet, depuis la ratification, en décembre 1982, par l’Algérie de la convention de Ramsar, rien ou presque n’a été entrepris pour protéger ces espaces vitaux. La mise en place, en 2015, par les pouvoirs publics d’une stratégie de gestion de ces zones humides, laquelle stratégie est déclinée sous forme d’un plan d’action, est restée à ce jour un vœu pieux. Le classement de Oued Soummam, en tant que «site Ramsar», n’a fait reculer ni sa profanation ni sa prédation. 

Ce cours d’eau, au même titre que Oued Agrioune et Oued Sahel, sombre dans l’agonie. Les multiples espèces faunistiques, comme les poissons, les batraciens et les reptiles, se sont fait la malle les uns après les autres. Jadis tout en grandeur et en abondance, la Soummam est progressivement devenue hostile à toute forme de vie. Le site fait office de réceptacle à toutes les formes de pollution. Les ordures domestiques font bon ménage avec les déchets industriels. Les monticules de gravats et les déchets inertes voisinent avec les rejets encombrants. Même les déchets hospitaliers y sont déversés sans vergogne. 

Les effluents liquides viennent apporter leur touche de nuisance. Les eaux résiduaires rejetées sans aucune forme de traitement préalable, stérilisent le biotope et menacent de contaminer la nappe phréatique, par l’entremise de la percolation. Une perspective d’autant plus probable que l’activité d’extraction d’alluvions n’est pas prête de s’essouffler. L’action anthropique délétère ne s’arrête pas là. Les travaux de réalisation de la pénétrante autoroutière a, pour ainsi dire, a porté le coup de grâce à cet écosystème fragile, achevant de consommer la rupture de l’équilibre écologique.
 

Le lac noir d’Akfadou, qui fait partie d’un complexe lacustre de 5 plans d’eau, est dans un état pathétique. Cette zone humide, lovée à 1400 mètres d’altitude, est lourdement impactée par le tourisme de masse. Les cohortes de visiteurs qui s’y rendent à longueur d’année profitent pleinement de ce joyau de la nature, sans se soucier de la propreté des lieux. En témoignent les déchets de toute nature abandonnés à proximité du lac et dans les sous-bois. Aguelmime Ikker, un autre lac tout aussi somptueux situé sur les hauteurs de la commune de Tibane, subit le même sort.

 Des détritus, sont essaimés un peu partout. Cette dégradation perturbe le cycle de vie de la biocénose, dont les sites servent de niches écologiques. On estime que la survie de l’avifaune endémique, des espèces nidificatrices et des oiseaux migrateurs dépend étroitement de l’état de santé de ces écosystèmes. Situé au sud de la wilaya, entre les communes de Tamokra et Bouhamza, le barrage Tichi Hf, dont la mise en eau remonte à l’année 2005, subit de plein fouet les effets négatifs de la sécheresse et de l’envasement. Son taux de remplissage n’a sans doute jamais été aussi bas.

 Si la tendance climatique actuelle devait persister pour longtemps, l’approvisionnement en eau potable des dizaines communes à partir de ce réservoir risque d’être compromis
 

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