La mise en place d’un quatrième shift (01h00 à 07h00 du matin), qui a mobilisé en plus des travailleurs de l’Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), la Douane et les services de la direction du commerce et ceux de la DSA (Direction des services agricoles), se déroule dans de bonnes conditions, a assuré Alioui Abdelhakim, directeur général (DG) de l’EPB qui nous a reçus dans son bureau.
D’autant plus, ajoute notre interlocuteur, le nouveau rythme de travail n’est pas étranger à EPB, qui s’est «familiarisée» avec cette expérience auparavant. «Nous opérons d’ordinaire en trois shifts, de 07h à 01h et nous avons déjà assumé ce rythme de travail en H24 à la demande des clients, pour lesquels tous les moyens ont été mis pour le traitement de leur marchandise».
Pour rappel, cette mesure vise essentiellement à renforcer «la compétitivité des ports et de préserver les grands équilibres du pays à travers la rationalisation des dépenses des projets liés au transport maritime», ainsi que la mise à niveau aux standards internationaux des procédés d’exploitation dans les ports.
Maintenant que ce nouveau rythme est «systématisé», son impact commence déjà à se manifester. «La cadence de travail a sensiblement augmenté, conduisant à réduire significativement le séjour des bateaux à quais et de ceux en rade.
Le port dispose de 18 postes à quais lui permettant de traiter plusieurs navires», a indiqué notre interlocuteur. Réhabilité et remis en service récemment par le wali de Béjaïa, le quai de La Casbah a accueilli le jour de notre passage, le 5 mars, le premier navire.
Un petit bateau transportant des équipements pour la station de dessalement d’eau de mer de Tighremt. Le même quai de 350 mètres linéaires sera affecté exclusivement à l’avenir pour l’activité de la mine de zinc et de plomb d’Amizour.
Le port de Béjaïa dessert en tout produits pas moins de 12 millions d’habitants au niveau de la région est, notamment, M’sila, Médéa, Bouira, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Biskra entre autres, et une partie de la région ouest, dont les opérateurs transitent leur marchandise par le port de Béjaïa.
Congestion
Néanmoins, le DG a évoqué la problématique du stockage de la marchandise au niveau du port. «Cela crée une forte congestion à l’intérieur de l’infrastructure. L’EPB rencontre cette contrainte depuis des années, provoquée par certains clients qui ne viennent pas récupérer leurs marchandises dans les huit jours réglementaires.
Certains opérateurs, pas tous heureusement, ‘‘réticents’’ tardent à sortir leurs marchandises, que nous mettons pourtant sans délai à leur disposition», regrette-t-il, avant d’ajouter que «le seul produit qui quitte nos quais rapidement sont les céréales comme les aliments de bétail (maïs, soja et blé)».
En effet, la loi 8 offre un délai de 8 jours aux opérateurs pour l’enlèvement des marchandises entreposées, une durée rarement respectée. Certains conteneurs sont stockés au port 120 jours de séjour, voire plus. Les pénalités qui sont régies par la loi de finances ne sont pas contraignantes, voire symboliques, loin de persuader les opérateurs d’agir. Cette situation contraint la direction du port à gérer les espaces dans ce port, dont l’emplacement gène son extension sur le terre ferme. Vu de la Place Gueydon qui donne sur l’infrastructure, on peut constater l’étendue des conteneurs gisant à l’intérieur.
Le port sec de Textar rouvert
Cependant, l’EPB vient d’obtenir l’agrément des services des douanes afin d’exploiter la zone extra-portuaire de Bordj Bou Arréridj, située dans la commune de Textar, une zone de dégagement de 15 hectares et d’une capacité de 6000 à 7000 conteneurs et qui va participer à désengorger le port, se félicite-t-on à l’EPB. La réouverture de ce port sec des Hauts Plateaux a été annoncée en effet début janvier par le wali de Bordj Bou Arréridj.
La remise en service de ce port sec (qui avait été fermé en 2020 ndlr), accessible par voie terrestre mais surtout ferroviaire, permettra à la ligne régulière de transport de conteneurs par rail, inaugurée en 2016 par l’ex-wali de Béjaïa Ould-Salah Zitouni, de reprendre du service entre le port de Béjaïa et cette zone logistique, tout en offrant la possibilité à la SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) d’engranger des dividendes.
Notons enfin que l’entreprise portuaire de Béjaïa ne cesse d’enregistrer des performances palpables d’autant que ce poumon de la région a requis l’attention de l’exécutif local, notamment dans le cadre du suivi de l’application des instructions présidentielles visant la modernisation des infrastructures portuaires et aéroportuaires.
En 2023, nous avons traité 12 millions de tonnes de marchandises contre 12 millions 850 000 tonnes, soit 6% d’augmentation en transitant principalement des céréales (blé, maïs et soja),
et 270 000 conteneurs EVP (Equivalents 20 pieds).