Baisse des taux d’intérêt bancaires et inflation : Les défis d’une démarche

06/06/2024 mis à jour: 22:48
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Photo : D. R.

Le directeur exécutif représentant au conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) de la circonscription – dont l’Algérie est membre et qu’elle représente auprès du Comité monétaire et financier international (CMFI) –, Bahador Bijani, a effectué une visite en Algérie où il a rencontré, lundi dernier, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Salah Eddine Taleb.

Selon un communiqué de la BA, «lors de leur entretien, Bijani a relevé la situation économique confortable de l’Algérie ainsi que la solidité des indicateurs affichés, notamment en termes de reprise économique, de la balance des paiements et de la position extérieure, exprimés par la mission du FMI au titre de l’article IV».

Cette visite intervient, faut-il le noter, deux mois après la publication du dernier rapport du FMI sur l’économie algérienne et un mois et demi après les Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI. «On estime que l’économie algérienne a connu une croissance de 4,2% en 2023, une performance robuste due à un rebond de la production d’hydrocarbures et à de solides performances dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services», a affirmé le Fonds dans ses conclusions sur les performances de l’économie algérienne, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV, à l’issue d’une mission effectuée à Alger en décembre 2023. «La position extérieure est restée solide, avec un excédent du compte courant pour la deuxième année consécutive», a-t-il ajouté.

Mais le FMI a aussi alerté sur le danger que représente le niveau d’inflation en Algérie. Le FMI, dans ses projections livrées dernièrement, considère en effet que le taux d’inflation, qui était de 9,3% en 2022 et 2023, devra évoluer à 7,6% en 2024 et à 6,4% en 2025 puis à 6,1% en 2026.

Ce taux atteindra 5,5% à partir de 2027, 5,2% (2028) et 5% (2029). Le conseil d’administration du FMI considère que «les pressions inflationnistes ont persisté (principalement en raison des prix élevés des produits alimentaires) et la politique monétaire est restée accommodante». Accommodante, pourquoi ? Le FMI recommande en réalité à l’Algérie de prendre un certain nombre de mesures en vue de ramener à la baisse le niveau d’inflation.

«Les administrateurs ont souligné qu’un resserrement proactif de la politique monétaire, par le biais d’une augmentation du taux directeur et du taux de réserves, combiné à une absorption continue des liquidités, contribuerait à soutenir les efforts désinflationnistes. Il sera également essentiel de renforcer le mécanisme de transmission monétaire et de faire de la stabilité des prix l’objectif principal de la politique monétaire», ont écrit les rédacteurs de ce rapport sur l’Algérie.

La Banque d’Algérie l’entend-elle de cette oreille ? Rien n’est moins sûr. Fin avril dernier, en effet, le ministre des Finances, Laaziz Faid, a annoncé pour la première fois la baisse prochaine des taux d’intérêt sur les crédits d’investissement par les banques. Une dizaine de jours plus tard, au cours d’un Conseil des ministres, le président Tebboune a chargé le ministre des Finances, en coordination avec la Banque centrale et l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), de revoir les taux d’intérêts bancaires élevés, «ce qui est contraire à la politique de promotion des investissements».

Lors d’une conférence de presse sur les conclusions des Réunions de printemps du groupe de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international, auxquelles il avait pris part, M. Faid a déclaré que «les banques abaisseront les taux d’intérêt de manière significative dans les prochains jours, ce qui contribuera au financement de l’économie nationale et stimulera l’investissement». Et ensuite d’expliquer que cette baisse «fera reculer l’inflation», parallèlement à «la réduction du coût d’investissement».

Dans le cadre des rencontres périodiques avec les partenaires économiques et sociaux, le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a reçu, hier au Palais du gouvernement, le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, selon un communiqué des services du Premier ministère. «Il a passé en revue les différentes mesures d’accompagnement prises par le gouvernement en faveur des opérateurs économiques, conformément aux orientations du président de la République, notamment en ce qui concerne le foncier économique destiné à l’investissement, la création de zones franches et la promotion des exportations», souligne le communiqué. Les discussions ont également porté sur la question des taux d’intérêt sur les crédits destinés à l’investissement. 

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