Avec les livraisons du 737 MAX de nouveau entravées, Boeing chute à Wall Street

16/04/2023 mis à jour: 00:39
AFP
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L'avionneur américain Boeing a été secoué à la Bourse de New York vendredi après l'annonce de nouvelles perturbations dans les livraisons de son avion vedette, le moyen-courrier 737 MAX, provoquées par des problèmes de qualité sur des pièces fournies par Spirit Aerosystems. L'action de Boeing a fini en baisse de 5,6% tandis que celle de son fournisseur a plongé de 20,8%. Certaines compagnies aériennes reposant particulièrement sur le 737 MAX pour assurer leurs vols ont été emportées dans les turbulences, Southwest reculant de 1,7% et American Airlines de 1,2%. Boeing a indiqué jeudi soir que Spirit Aerosystems avait utilisé un "processus de fabrication non standard" dans l'installation de raccords dans le fuselage de certains modèles d'avions 737-7, 737-8, 737-8-200 et P-8. Ce problème ne pose pas de risque immédiat et les avions en service peuvent continuer à voler, assure Boeing. Mais au moment où certaines compagnies aériennes déplorent de ne pas avoir suffisamment d'appareils pour répondre à la demande en billets d'avion, les livraisons d'un nombre "important" de 737 MAX en production ou encore dans ses stocks vont baisser à court terme, le temps de mener les inspections et, le cas échéant, d'effectuer des modifications, a indiqué Boeing. L'entreprise, qui s'est fixé comme objectif de livrer entre 400 et 450 MAX en 2023, n'a pas précisé combien exactement d'appareils pourraient être concernés ni combien de temps cela pourrait prendre de régler la situation. La production en tant que telle ne devrait pas être affectée outre mesure dans la mesure où le problème a été identifié et qu'il devrait être facile de le résoudre sur la chaîne d'assemblage, estime Michel Merluzeau, spécialiste du secteur aéronautique pour le cabinet AIR. Le problème est plutôt au niveau des livraisons des appareils dejà terminés, selon lui. Comme "plusieurs fournisseurs sont intervenus sur les avions, il faut identifier quels appareils sont concernés et ensuite choisir comment résoudre le problème", explique-t-il à l'AFP. Pour les avions en service, "il faut espérer qu'il n'y aura pas d'immobilisation car cela peut avoir des conséquences toxiques sur les programmes de vol de cet été", remarque-t-il en estimant que le problème peut être résolu lors d'opérations de maintenance. Cette annonce représente en tout cas un nouveau contretemps pour Boeing, qui tente de se remettre à flot après plusieurs années compliquées. L'avionneur a en effet dû faire face coup sur coup aux deux accidents mortels du 737 MAX en 2018 et 2019, qui a conduit à une immobilisation de l'appareil dans le monde pendant 20 mois, à la pandémie et à son impact sur le trafic aérien et les chaînes d'approvisionnement, ainsi qu'à des problèmes de fabrication découverts sur le 787 à l'été 2020 qui ont entravé les livraisons du long-courrier pendant de longs mois. Le groupe est parvenu en 2022 à dégager un flux de trésorerie disponible positif sur l'ensemble de l'année pour la première fois depuis 2018, un indicateur clé dans son redressement. Mais si les livraisons du MAX sont fortement perturbées, les rentrées d'argent vont diminuer dans la mesure où les compagnies paient l'essentiel de leur commande au moment de la réception des avions. "L'histoire ne change pas fondamentalement", remarque Nicolas Owens, du cabinet Morningstar. "Les avions vont être livrés et Boeing va réduire ses stocks. Mais cela rajoute des retards", analyse-t-il dans une note. Pour Michel Merluzeau, cette complication au moment où le constructeur semblait enfin repartir sur de bons rails en termes de production et de livraison est dommage. "Quand on pense que les problèmes sont résolus, d'autres réapparaissent", observe-t-il. 

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