Les accidents de la route suscitent régulièrement une vive émotion dans l’opinion publique, s’ajoutant à la douleur et au deuil des familles touchées par les sinistres. Dès l’annonce d’un nouvel épisode dramatique, le même dispositif de communication est enclenché pour rappeler l’ampleur des moyens de secours mobilisés, ainsi que la présence en nombre des responsables au niveau des hôpitaux pour s’enquérir des conditions de prise en charge des blessés.
Pour de plus en plus de citoyens, les interrogations deviennent aussi précises que lancinantes, et demeurent en attente de réponses sur les causes à l'origine des situations tragiques. L’implication des camions poids lourd étant récurrente dans ces drames routiers, ainsi que les transports collectifs, entraînant des bilans meurtriers, les questionnements vont au-delà des images des engins fracassés et renversés au bord des voies de circulation.
Dans les pays ayant une longue expérience dans le traitement des accidents, des informations sont rapidement portées à la connaissance du public, détaillant les termes des contrats engageant les sociétés de transport, les conditions de recrutement des chauffeurs, et l’état des véhicules mis en service. Cette démarche s’inscrit dans une optique de prévention pour enrayer des dysfonctionnements et renforcer les dispositions réglementaires entrant dans la sécurité routière.
Dans un secteur aussi névralgique que celui de l’éducation nationale, les affectations concernant le transport des élèves devraient obéir à la même rigueur que dans l’installation des personnels d’encadrement des établissements scolaires. En règle générale, dans le transport des voyageurs, il n’y a aucune marge de manœuvre pour intégrer des considérations ou des contraintes financières s’agissant de l’entretien et du renouvellement du parc roulant, de même qu’il est impérieux de resserrer les exigences dans le recrutement du chauffeur de bus, un métier se rapprochant plus d’un sacerdoce que d’une course au gain de temps et d’argent.
Ce grand audit de prévention des risques d’accidents devra concerner y compris les centres de contrôle technique, où les automobilistes ne sont pas toujours informés de certaines failles dans leur véhicule, par manque de formation ou d’une déficience des moyens de révision.
L’état de la chaussée et les conditions météorologiques sont souvent cités dans la chronique routière, mais le facteur humain demeure prédominant, prenant d’autres aspects accidentogènes avec l’accès aux nouvelles technologies. L’impact de l’usage des objets connectés en pleine conduite n’est pas encore quantifié et la probabilité qu’il soit mis en cause parmi les protagonistes des accidents est fort élevée.
Il serait dommageable de passer outre l’urgence d’un remplacement des pneumatiques, ou des systèmes de freinage et autres équipements de sécurité, et de consentir des dépenses pour encombrer le tableau de bord d’un nouveau smartphone et de ses accessoires. Tous les automobilistes ont dû subir les frayeurs résultant d’un bref moment d’inattention au volant. Ce fléau commande de renforcer la stratégie de sensibilisation en direction du grand public, en plus des moyens de contrôle et de surveillance dont la couverture reste relative en raison de l’étendue du réseau routier national.
Le traditionnel cours de prévention routière présenté en début d’année scolaire à l’attention des élèves devra être revu et repensé pour obtenir de meilleurs résultats en matière de réflexes de sécurité dans les périmètres urbains. Le spectacle des élèves collés à l’écran de leur téléphone au sortir des enceintes éducatives est encore saisissant. La mise à niveau pédagogique devra s’étendre à de nombreux conducteurs, concernés par un retour à l’auto-école en cas de non-respect du code de la route.