Au-delà du constat

09/03/2022 mis à jour: 06:07
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Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) vient d’en remettre une couche au sujet du rôle joué, ces derniers temps, par les banques dans le financement des projets d’investissement. 

C’est en décembre dernier qu’il s’exprimait publiquement, pour la première fois, sur le faible engagement de ces dernières, dont il dit qu’«elles étaient réticentes» à distribuer des crédits, alors même que le problème des liquidités qui s’était posé jusque-là était dépassé. Tout en s’interrogeant sur les raisons de cet immobilisme des banques, le gouverneur Rosthom Fadli avait informé que pas moins de 1500 milliards de dinars de liquidités laissés sur les comptes de la Banque d’Algérie étaient restés «oisifs». 

C’était déjà en décembre de l’année dernière. Question. Qu’est-ce qui pousse donc le gouverneur de la Banque d’Algérie à sortir de sa réserve, encore une fois, sur un sujet qui revêt, certes, une importance particulière à l’heure où l’opinion scrute attentivement des signes de reprise économique ? 

L’impact de la crise de la pandémie sur l’activité économique et l’emploi – il est vrai – doit être considérable, bien que ni le gouvernement ni aucun autre organisme n’aient pu mettre des chiffres sur l’étendue des dégâts occasionnés. Pourtant, bien des entreprises ont dû mettre la clé sous le paillasson et des emplois ont été perdus dans la foulée de la crise de la Covid-19. Ceux qui vivaient de l’informel, quant à eux, se sont brutalement retrouvés sans ressources durant les moments forts de l’urgence sanitaire. 

Les propos du gouverneur résonnent en tout cas tel une sonnette d’alarme. Les pouvoirs publics l’ont-ils entendue de cette oreille pour tenter au moins de localiser la «panne». Car, par ailleurs, certains experts ont déjà attiré l’attention sur le fait que toutes les banques ne jouissent pas du même niveau de liquidités pour s’attendre au même élan partout de la part des différentes banques. 

L’on assure qu’elles sont actuellement «préoccupées» par d’anciens dossiers de traitement de crédits, dont certains sont liés à la recapitalisation et au rééchelonnement, tandis que l’investissement serait en proie à une certaine crise de confiance. 

Quid du nouveau code des investissements ? Les raisons peuvent être légion pour expliquer ce blocage, à commencer par le climat général de l’investissement. Dans son dernier rapport sur la situation économique de l’Algérie, la Banque mondiale a fait observer que le redressement des liquidités ne s’est pas traduit par «une reprise marquée du crédit, les bilans des banques et des entreprises étant gravement touchés par la crise de la Covid-19 et celles-ci demeurant prudentes, et les produits du programme de rachat de créances étant canalisés vers les bons du Trésor». 

Cette semaine, la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a, dans un Livre blanc sur l’entreprise, dressé le même constat en pointant du doigt le difficile accès au crédit. Mais au-delà du constat, des solutions existent-elles pour sortir de cette ornière ? 

C’est peut-être le message lancé par le gouverneur de la BA à l’adresse des banquiers de la place et peut-être même aussi à l’endroit du gouvernement à l’effet de donner... un coup de pied dans la fourmilière. La balle est-elle vraiment dans son camp, ou dans celui de la Banque d’Algérie ?

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