Attribution de logements sociaux à Constantine : Ouverture d’une enquête judiciaire sur les indus bénéficiaires

04/07/2023 mis à jour: 01:41
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À Ali Mendjeli, on vend «le pas de porte» entre 3,5 et 4 millions de dinars

A l’occasion du 61e anniversaire du recouvrement de l’indépendance, la wilaya de Constantine s’apprête à attribuer, le 6 juillet, un total de 932 unités de la formule du logement public locatif (LPL) et afficher dans les prochains jours les listes de plus de 4500 bénéficiaires de logements sociaux dans cinq communes. 

Une bonne nouvelle annoncée par le wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda, lors d’une rencontre avec la presse locale tenue dans l’après-midi du dimanche 2 juillet au siège de son cabinet. Plus précis, le conférencier a avancé un bilan de 10 373 unités sous plusieurs formules concernées soit par l’affichage ou par l’attribution, depuis son installation à la tête de la wilaya. A propos du logement à caractère social, M. Sayouda a déclaré que 971 unités ont été attribuées à l’occasion du 19 mars dernier avec le début de l’affichage de 8337 logements. Actuellement, les commissions sont en pleine étude des recours déposés. 

S’étalant toujours sur le secteur du logement, le wali a promis également l’affichage des listes des bénéficiaires très prochainement pour les communes suivantes : El Khroub avec 2245 logements, Hamma Bouziane (400 unités), Zighoud Youcef (702), Aïn Abid (549) et Ouled Rahmoun (641). 

Pour ce qui est de l’attribution des logements à caractère social le 6 juillet, le wali a expliqué que 250 appartements sont destinés à Aïn S’mara, 94 à Ibn Ziad, 245 à Didouche Mourad, 300 à Benbadis et 43 à Messaoud Boudjeriou. Cela sans oublier les 140 logements LPA, dont 40 à Didouche Mourad et 100 à El Khroub. Mais tous ces logements sont-ils suffisants ? Malheureusement non. 

Des annonces sur Facebook

Le logement social est l’un des dossiers épineux, caractérisés par un trafic à part qui échappe aux autorités soit locales ou à l’échelle nationale. Après chaque affichage, on découvre toujours des mécontents, des personnes dans le besoin qui ont été exclues abusivement, d’indus bénéficiaires dont les noms figurent sur les listes, alors que des habitants natifs de la région se trouvent marginalisés. 

Plusieurs logements à caractère social sont complètement abandonnés, inoccupés par les indus bénéficiaires et même vendus ou loués. Notons à titre d’exemple, le cas de la circonscription administrative d’Ali Mendjeli. Sur place, il est très facile de trouver un appartement à vendre selon la formule du «pas de porte». 

Suite à notre prospection, nous avons découvert des appartements fermés et d’autres à vendre, particulièrement à l’UV 20 pour un montant variant entre 3 500 000 et 4 000 000 DA, négociable. «J’habite à Constantine et j’y suis toujours. Je n’arrive pas à m’habituer à vivre à Ali Mendjeli», nous a déclaré le bénéficiaire d’un logement social occupant toujours sa maison à la vieille ville de Constantine, avant de nous orienter vers le vendeur d’un logement dans cette formule. 

Ces cas se comptent par centaines, si ce n’est plus. Les annonces de vente de ce type de logements circulent de bouche à oreille ou sont publiées directement sur les réseaux sociaux en toute impunité. Mais, il faut noter que les walis précédents avaient annoncé une enquête diligentée sur ces indus bénéficiaires afin de récupérer ces appartements destinés à la base aux catégories défavorisées. 

Qu’en est-il de cette enquête ? En réponse à la question d’El Watan, lors de sa rencontre avec la presse, le wali de Constantine a affirmé que l’enquête se poursuit toujours au niveau de la justice, sans donner plus de détails sur le nombre des logements récupérés jusqu’à présent. Et quel sera le sort des logements récupérés. «Récemment, le chef de daïra a reçu une perquisition pour remettre la liste des bénéficiaires. La justice est en train d’enquêter, et celui qui a commis l’erreur paiera. Mais il faut être objectif dans votre question. 

Ce phénomène de la vente des «clefs» de ces logements est national et il existe depuis les années 1960. Mais soyez sûrs que la personne prise paiera», a-t-il souligné. Et de poursuivre sur ce genre d’infractions de la loi : «J’ai reçu le chef de la daïra de Aïn Abid pour le cas d’une pharmacienne qui a acheté un pas de porte dans un pôle urbain neuf de 4000 logements et elle a fait une extension illicite. La maison n’est pas à elle. 

Cette pharmacienne et le bénéficiaire seront poursuivis en justice. Et il faut s’attendre à plusieurs cas pareils.» Sur un autre volet et en réponse aux questions des journalistes, Abdelkhalek Sayouda  a fait savoir que le recouvrement des loyers des logements sociaux ne dépasse pas 40%. 

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