L’Algérie prévoit le lancement de cinq zones économiques spéciales (ZES), dont celle de Debdeb ( Tindouf) en phase de réalisation. Et ce, en attendant l’approfondissement de la réflexion sur les ZES et l’élaboration d’une réglementation dédiée à cet effet, comme c’est le cas dans les économies développées.
Dans le cadre du projet «Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable», lancé par l’Union européenne (UE), la délégation de l’UE et l’ambassade de Pologne, en partenariat avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), ont organisé hier une conférence sous le thème : «Les zones économiques spéciales (ZES) comme outil d’attraction des investissements en Algérie».
L’occasion pour les deux parties de discuter des perspectives de partenariat dans ce domaine, au moment où l’Algérie chercher à renforcer son tissu industriel et à diversifier son économie. Dans ce cadre, le cap est mis sur l’appui à l’investissement, qu’il soit national, étranger ou en partenariat entre les deux. Il s’agit pour le directeur général de l’AAPI de tirer profit de l’expérience européenne. D’où l’organisation de visites dans certains pays de la région pour attirer les investisseurs et s’imprégner de leurs projets en matière de ZES. La réflexion est donc lancée en attendant des décisions dans ce sens.
Mais, pour l’heure, le plus important pour l’Algérie est de développer l’outil de production en lançant de nouveaux projets. Justement, la conférence a été l’occasion d’échanger sur le rôle potentiel des ZES comme outil de promotion des investissements directs étrangers (IDE) européens et des projets de délocalisation vers l’Algérie, qui aspire à drainer plus d’IDE, notamment du côté européen.
But : atteindre les objectifs de mis en œuvre par l’accord d’association, visant entre autres l’intensification de la coopération économique entre l’Algérie et l’UE, particulièrement à travers les investissements européens en Algérie dans tous les domaines. Autrement dit : mettre en place un partenariat gagnant-gagnant. En attendant, place aux échanges et aux débats.
Mais, pour ce qui est des investissements, globalement, le bilan de l’AAPI fait ressortir des chiffres en évolution. Selon le directeur général de l’Agence, Omar Rekkache, qui a dressé un aperçu sur la législation algérienne, 743 projets d’investissement ont été enregistrés entre le 1er janvier et le 14 février 2025. Et ce, pour une valeur totale de 890 milliards de dinars (6,6 milliards de dollars). Les projets locaux représentent 98,5% du total des projets et 91,2% du montant global investi.
Ces projets généreront 18 508 emplois, soit 84,9% des emplois prévus. L’on relève sur ce total deux projets structurants pour un investissement conséquent de 650,6 milliards de dinars (4,8 milliards de dollars), représentant 73,2% du montant total. Ces projets créeront 2761 emplois, soit 12,7% des emplois. Côté investissements étrangers, l’AAPI en a recensé 11, dont trois IDE. Ces projets représentent 78 milliards de dinars (0,6 milliard de dollars) et devraient créer 3294 emplois, soit 15,1% du total des emplois. L’AAPI aspire augmenter le nombre d’IDE.
743 projets recensés
D’ailleurs, le programme euro-algérien donne des résultats grâce aux visites de prospection effectuées en Europe (trois, dont la troisième aura lieu la semaine prochaine en Espagne), selon M. Rekkache. Une délégation d’une entreprise allemande pharmaceutique est attendue aujourd’hui à Alger pour examiner les opportunités d’investissement en Algérie. Cela pour souligner, selon le premier responsable de l’AAPI, l’attractivité de l’Algérie à maintenir une politique favorable à l’affluence capitaux étrangers. «Nous espérons maintenir la cadence tout au long de l’année», a noté M. Rekkache.
D’où l’importance de ces rencontres périodiques avec les partenaires européens, estime encore le DG de l’AAPI, qui a insisté sur l’amélioration du climat des affaires en Algérie, notamment concernant la question cruciale du foncier. La vision de l’Algérie en matière de gestion du foncier économique a fait dans ce sens l’objet d’une présentation détaillée. Et ce, au même titre que les perspectives portant sur les zones franches.
L’Algérie prévoit la lancement de cinq zones, dont celle de Debdeb ( Tindouf) en phase de réalisation. Et ce, en attendant l’approfondissement de la réflexion sur les ZES et l’élaboration d’une réglementation dédiée à cet effet comme c’est le cas dans les économies développées. Durant la rencontre d’hier le cas polonais a été exposé : la ZES de la région de Katowice.
L’ambassadeur de l’UE en Algérie : «Il est temps de revisiter la relation dans sa globalité»
Considérant les relations algéro-européeennes «propres, intenses et indispensables», l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, est revenu hier, à l’occasion de la rencontre sur les zones économiques spéciales (ZES), sur le bilan des échanges entre l’ Algérie et UE. Mais également les perspectives, à la lumière du nouveau pacte pour la Méditerranée que propose l’UE à ses voisins de la région.
L’option d’une révision de l’accord d’association demandée par l’Algérie et le lancement des consultations techniques sur le différend commercial entre les deux parties expliquent par ailleurs ces précisions. «C’est une relation qui repose sur l’association», dira-t-il, allusion faite à l’accord d’association.
Et d’ajouter : «Depuis 2005, nos relations se sont renforcées avec un stock d’investissement important,des échanges commerciaux et une coopération énergétique stratégique». Aujourd’hui, 20 ans après l’entrée en vigueur de l’accord d’association, il est temps de «revisiter» la relation pour approfondir les échanges et intégrer les espaces économiques, a appelé l’ambassadeur européen.
«Nous allons réinventer une relation pour un partenariat gagnant-gagnant»,s’est-il engagé, qualifiant dans cette optique 2025 d’année «très importante». «Nous avons un partenariat de choix, un partenariat fondamental», a-t-il poursuivi. Mais l’adaptation de la relation au nouveau contexte géopolitique s’impose, selon M. Mellado. «Le contexte a évolué, c’est une réalité. C’est le moment de revisiter la relation en la regardant dans sa globalité»,insistera-t-il évoquant l’importance de l’aspect bilatéral avec un partenaire stratégique comme l’Algérie. S. I.