Assassinat de la journaliste d’Al jazeera Shireen Abu Akleh par l’armée israélienne : Un lâche attentat

12/05/2022 mis à jour: 02:08
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Photo : D. R.

L’assassinat de la journaliste Shireen Abou Akleh, par un tir de l’armée d’occupation israélienne alors qu’elle couvrait des affrontements dans le camp de Jénine en Cisjordanie occupée, suscite de vives condamnations palestiniennes et de la communauté internationale. Shireen Abu Akleh portait un gilet pare-balles siglé «Presse» lorsqu’elle a été tuée. Elle a été atteinte d’une balle dans la tête. Sa mort intervient dans un climat tendu, un an après la dernière guerre de Ghaza entre l’Etat hébreu et le Hamas islamiste, qui contrôle l’enclave palestinienne sous blocus israélien, et dans le sillage d’une série de violences faisant craindre une nouvelle escalade militaire.

La journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, de la chaîne panarabe Al Jazeera, a été tuée par balle hier matin alors qu’elle couvrait une opération de l’armée israélienne dans le secteur de Jenine, en Cisjordanie occupée, rapporte l’AFP citant le ministère palestinien de la Santé et la chaîne Al Jazeera. Celle-ci a accusé les forces israéliennes d’avoir tué «de façon délibérée» et de «sang-froid» sa journaliste, atteinte d’une balle dans la tête.

La vice-ministre des Affaires étrangères du Qatar, Lolwah Al Khater, a indiqué dans un message sur Twitter, que la correspondante avait été tuée par les forces israéliennes d’«une balle au visage». «L’occupation israélienne a tué la journaliste d’Al Jazira Shireen Abu Akleh en lui tirant une balle au visage alors qu’elle portait une veste ‘presse’ et un casque. Elle couvrait leur attaque dans le camp de réfugiés de Jénine. Ce terrorisme d’Etat israélien doit cesser, le soutien inconditionnel à Israël doit cesser», a-t-elle écrit. 

Un photographe de l’AFP à Jenine a fait état de tirs de l’armée israélienne et a vu le corps de la reporter qui portait un casque et un gilet pare-balles sur lequel était inscrit le mot «presse». Ce photographe a indiqué ne pas avoir vu de miliciens palestiniens à proximité de la scène où la journaliste a été tuée. Un autre journaliste, Ali Al Samoudi, blessé lors de ces affrontements, a accusé l’armée israélienne d’avoir ouvert le feu sur les journalistes.

«Nous étions en chemin pour couvrir l'opération de l'armée, lorsqu’ils ont ouvert le feu sur nous (...) Une balle m’a atteint. La seconde balle a touché Shireen», a-t-il déclaré. Selon le médecin légiste palestinien Rayyan Ali, qui a pu examiner la dépouille de la journaliste, celle-ci a été tuée d’une balle l’ayant atteinte «à grande vitesse» à la tête, sans préciser l’origine du tir. Un cadre du Hamas, Ghazi Hamad, a accusé les forces israéliennes d’avoir «intentionnellement tué» la journaliste.

Ce que l’armée israélienne a rejeté. De son côté, l’armée israélienne a indiqué avoir mené des opérations dans le camp palestinien de Jénine, afin «d’appréhender» un combattant islamiste. «Durant ces activités de contre-terrorisme dans le camp palestinien de Jénine, des dizaines d’hommes armés palestiniens ont ouvert le feu et lancé des objets explosifs en direction des forces israéliennes, menaçant leur vie. Les soldats ont répliqué. Des personnes ont été atteintes», a indiqué l’armée israélienne. «Il semble probable que des Palestiniens armés, qui ont ouvert le feu sans discernement à ce moment, soient responsables de la mort malheureuse de la journaliste», a déclaré le Premier ministre israélien, Naftali Bennett.

Le ministère de la Défense a indiqué «qu’il n’y avait eu aucun tir (de l’armée) en direction de la journaliste», selon une «enquête préliminaire». Israël a proposé aux Palestiniens une «enquête pathologique conjointe» sur la «triste mort de la journaliste», a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, alors que le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré dans un communiqué que le «gouvernement israélien est entièrement responsable» de la mort de la journaliste.

Le décès de Shireen Abu Akleh intervient près d’un an, jour pour jour, après la destruction de la tour Jalaa, où étaient situés les bureaux de la chaîne qatarie dans la bande de Ghaza, lors d’une frappe aérienne israélienne en pleine guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et l’Etat hébreu.

Appels à une enquête

Née en 1971 dans une famille chrétienne de Jérusalem-Est occupé, cette Palestinienne, qui détenait également la citoyenneté américaine, a étudié le journalisme à l’université Yarmouk, en Jordanie, avant de cofonder la radio «Voix de Palestine», Radio Monte-Carlo.

Elle a rejoint en 1997 Al Jazeera, un an après le lancement de la chaîne dont elle est devenue une des reporters stars. Cette guerre de 11 jours a causé la mort de 260 Palestiniens, et 14 Israélien. Shireen Abu Akleh, qui portait un casque et un gilet pare-balles flanqué du mot «Presse», a couvert pendant deux décennies le conflit israélo-palestinien.

Sa mort intervient dans un climat tendu, un an après la dernière guerre de Ghaza entre l’Etat hébreu et le Hamas islamiste, qui contrôle l’enclave palestinienne sous blocus israélien, et dans le sillage d’une série de violences faisant craindre une nouvelle escalade militaire. En effet depuis le 22 mars, 18 Israéliens et 31 Palestiniens ont péri, dont un jeune homme mercredi près de Ramallah, dans des confrontations entre les deux camps.

La mort tragique de la journaliste a suscité de nombreuses réactions de par le monde. Dans un communiqué, Al Jazeera a affirmé que Shireen Abu Akleh a été tuée «de sang-froid» et de «façon délibérée» par les forces israéliennes. «Al Jazeera condamne ce crime odieux, qui a pour objectif d’empêcher les médias de faire leur travail», a indiqué la chaîne qatarie.

L’Association des reporters de la presse étrangère en Israël et dans les Territoires palestiniens, la FPA, s’est dite «horrifiée et choquée». Israël a proposé aux Palestiniens une «enquête conjointe» sur la mort de la journaliste, a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, mais le gouvernement palestinien a appelé à une «enquête internationale», a indiqué son porte-parole, Ibrahim Melhem.

L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a quant à lui appelé à une «enquête approfondie» sur la mort de la journaliste, aussi condamnée par l’émissaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Proche-Orient, Tor Wennesland, et nombre d’organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International. La France par la voix du ministère des Affaires étrangères a «exigé» une enquête sur la mort «profondément choquante» de la journaliste.

Pour l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, cette affaire «doit être étudiée de manière transparente. Nous encourageons les deux parties à participer à cette enquête afin que nous puissions comprendre pourquoi cela s’est produit». Le département d’Etat américain a lui aussi appelé à une enquête «immédiate et minutieuse», demandant à ce que les coupables soient «tenus pour responsables», par la voix de son porte-parole Ned Price.

Côté Union européenne (UE), «il est essentiel qu’une enquête approfondie et indépendante clarifie dès que possible toutes les circonstances de ces incidents et que les responsables soient traduits en justice», a déclaré Peter Stano, porte-parole de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a demandé une «enquête approfondie» tout comme l’Union européenne qui souhaite une «enquête approfondie et indépendante», et ce, «dès que possible».

La DG de la communication à la présidence de la République présente ses condoléances

La Direction générale de la communication à la présidence de la République a présenté, hier, ses condoléances suite au décès en martyre de la correspondante de la chaîne Al Jazeera en Palestine occupée, Shireen Abou Akleh, tuée par les balles de l’occupant sioniste.

«Suite au décès en martyre, mercredi matin, de la grande journaliste Shireen Abou Akleh, correspondante de la chaîne Al Jazeera dans l’Etat de Palestine occupée, par les balles de l’occupant sioniste odieux, la Direction générale de la communication à la présidence de la République algérienne démocratique et populaire adresse ses sincères condoléances et ses profonds sentiments de sympathie à la famille de la défunte, au peuple palestinien frère, ainsi qu’à la famille de la chaîne Al Jazeera, priant Le Tout-Puissant de combler son âme de Son Immense Miséricorde et de prêter à ses proches patience et réconfort. A Allah nous appartenons et à Lui nous retournerons», lit-on dans le message de condoléances. APS

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