Asie-Pacifique : Washington et New Delhi s’accordent sur un plan de coopération dans la défense

06/06/2023 mis à jour: 07:20
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Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et le chef d’état-major de la Défense indienne, Anil Chauhan

Les Etats-Unis et l’Inde se sont mis d’accord sur une feuille de route de coopération militaro-industrielle, au moment où New Delhi cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’armement russe et dans un contexte de tensions avec Pékin.

 «Nous avons établi une nouvelle feuille de route ambitieuse de coopération industrielle dans le domaine de la défense, qui permettra d’accélérer les projets prioritaires de co-développement et de coproduction», a déclaré Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, à l’issue de sa visite dans la capitale indienne dans la cadre d’une tournée en Asie, selon des propos recueillis par l’AFP. Visite qui entre dans le cadre d’une tournée en Asie qui l’a auparavant conduit au Japon et à Singapour pour faire face à l’influence de la Chine. 

S’adressant aux journalistes après avoir rencontré son homologue indien Rajnath Singh, il a indiqué que le renforcement des partenariats avec New Delhi s’inscrit dans un contexte d’«intimidations» et de «coercition» de la part de la Chine, avec en toile de fond le conflit russo-ukrainien. 

La visite en Inde de L. Austin précède un voyage du Premier ministre indien, Narendra Modi, à Washington ce mois de juin. New Delhi et Moscou sont des alliés depuis des décennies, la Russie étant le principal fournisseur d’armes de l’Inde. Aujourd’hui, l’Inde, qui n’a jamais condamné la Russie pour son intervention en Ukraine, cherche à mettre fin à cette dépendance dans le domaine militaire. 

Contrer l’influence de la Chine

Des pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, négocient des accords avec New Delhi qui attache une grande importance au transfert de technologies d’armement. Celui avec Washington permettra ainsi d’accélérer la coopération technologique et la coproduction, en particulier dans les systèmes de combat aérien et de mobilité terrestre, le «domaine sous-marin» et le renseignement, la surveillance et la reconnaissance, selon le département américain de la Défense. 

Cette initiative «vise à changer le paradigme de la coopération des secteurs de la défense américain et indien», a-t-il ajouté, et «pourrait permettre à l’Inde d’accéder à des technologies de pointe et de soutenir les plans de modernisation de la défense indienne». 

Le ministère indien de la Défense a affirmé que les discussions étaient «en particulier axées sur l’identification des moyens de renforcer la coopération industrielle» avec Washington, notamment «le codéveloppement de nouvelles technologies et la coproduction de systèmes existants et nouveaux». L’Inde cherche à approfondir ses relations notamment avec les Etats-Unis, le Japon et l’Australie, membres du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) et qui eux-mêmes la convoitent face à la Chine.

Les deux puissances asiatiques sont membres des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Trois membres du groupe, à savoir la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud se sont abstenus lors du vote d’une résolution de l’Onu condamnant l’intervention de la Russie en Ukraine. 

Pékin et New Delhi, notamment, ont des liens étroits avec Moscou et lui achètent des quantités croissantes de pétrole. La Chine refuse d’employer le mot «invasion» pour décrire l’offensive russe. Elle rejette l’essentiel de la responsabilité sur les Etats-Unis, accusés de pousser l’Otan à s’étendre toujours davantage vers la Russie. Washington et Pékin s’opposent sur plusieurs dossiers (mer de Chine méridionale, Taïwan, Hong Kong, la question de la minorité musulmane ouïgoure au Xinjiang, entre autres). 

En parallèle, les relations entre la Chine et l’Inde sont marquées par des tensions territoriales et commerciales. New Delhi n’a pas intégré les Routes de la soie, initiative économique de Pékin et constitue entre temps un allié pour les Etats-Unis en Asie à l’effet de contrecarrer la montée en puissance de Beijing dans la région. 

Le 3 mars 2022, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a qualifié la Chine de «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle». Il voit en l’Empire du Milieu «le seul pays avec la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique susceptible d’ébranler sérieusement le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu’il soit».

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